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Emblème amazigh : les détenus font le procès de l'accusation
2 ans de prison requis à leur encontre
Publié dans Liberté le 23 - 10 - 2019

Après la séance des questions-réponses entre la juge et les détenus, le collectif des avocats, une trentaine, a pris le relais pour battre en brèche tous les arguments avancés pour justifier la détention des 6 jeunes manifestants.
C'est le 29 octobre prochain que le verdict de l'affaire des détenus porteurs de l'emblème amazigh, poursuivis à Alger, sera connu. Attendu depuis les arrestations opérées par les services de sécurité à partir du 21 juin, le procès d'hier était celui du système. Détenus et avocats n'ont pas raté l'occasion de faire le procès de leur accusation et du système politique en place. Dans leurs plaidoiries, ils ont, à la fois, acculé le pouvoir et déconstruit de fond en comble la thèse de l'atteinte à l'unité et à la sécurité nationale portée contre les détenus. En présence de plusieurs citoyens, de militants et des familles des détenus, le procès s'est ouvert à 11h. Messaoud Leftissi, Aïbèche Djabbar et Bilal Bacha sont appelés à la barre.
Le premier à répondre aux questions de la juge est Messaoud Leftissi. "Je ne suis pas venu justifier mes convictions", a-t-il dit à la juge, après avoir salué l'assistance en tamazight. "J'ai brandi ce drapeau qui représente mon identité, celle de tous les Algériens et de tous les habitants de la région nord-africaine", a-t-il poursuivi, avant que la salle ne réponde par une standing ovation et des cris "Algérie libre et démocratique" et "Pouvoir assassin". Il aura fallu l'intervention des avocats de la défense pour que le calme soit réétabli. "Je suis venu parce qu'on m'a obligé de le faire", a-t-il enchaîné, estimant que "puisque je suis là devant vous, j'aurai droit à un verdict qui est, peut-être, prêt depuis hier".
"Je ne suis pas ici pour troquer ma liberté", a-t-il encore dit, avant que la présidente du tribunal ne l'interrompe en lui disant qu'il n'est pas "là pour faire de la politique". Bilal Bacha n'a pas non plus manqué "d'assumer" son geste. "Je suis Amazigh et j'ai brandi ce drapeau qui représente mon identité. Il n'est nullement une atteinte à l'unité ou à la sécurité nationale", a-t-il dit, ajoutant qu'il ne reconnaît pas cette accusation.
Aïbèche Djabbar a abondé, quant à lui, dans le même sens, en expliquant qu'il n'a pas brandi cet étendard, mais qu'il l'avait dans son sac. Il en était de même pour Khaled Oudihat, qui a comparu à 17h. Ce dernier a choisi de répondre en kabyle aux questions de la juge. "Je suis né Amazigh et je mourrai Amazigh", a-t-il dit. "Je ne comprends pas pourquoi on m'accuse d'atteinte à l'unité nationale pour avoir brandi l'emblème de mon identité", a-t-il ajouté, rappelant qu'il est issu "d'une région qui a donné 1 200 martyrs à la Révolution, Ifri-Ouzellaguen, où s'est déroulé, le 20 août 1956, le Congrès de la Soummam".
Violation des procédures
Après la séance des questions-réponses entre la juge et les détenus, le collectif des avocats, une trentaine, a pris le relais pour battre en brèche tous les arguments avancés pour justifier la détention des 6 jeunes manifestants. Dans ses plaidoiries, le collectif a relevé moult irrégularités. "Il est impensable que toutes les procédures soient violées", ont dit les avocats, qui ont relevé que dans les P.-V. de la police judiciaire "le non-respect des procédures est flagrant".
"Est-il normal que l'officier de police judiciaire qui a procédé à l'interrogatoire des détenus ait versé un P.-V. d'interrogatoire où est mentionnée l'heure, dans le dossier, alors que celui de l'arrestation mentionne un autre horaire, soit un interrogatoire à 8h et une arrestation à 20h de la même journée ?" Ils ont également relevé l'absence de l'horaire de repos dont devraient bénéficier les prévenus, le contact avec les proches aussi a été mentionné, uniquement comme droit édicté aux prévenus.
"L'article 79 du code pénal sur lequel se base l'accusation n'est pas applicable dans ces circonstances", ont plaidé les avocats, rappelant que cet article de la loi institué en 1966 était destiné "à porter cette accusation contre une catégorie d'opposants". "On peut extrapoler cet article de loi pour accuser ces jeunes de vouloir attenter à l'unité et à la sécurité nationale du fait qu'aucun drapeau ou emblème n'est précisément cité dans cet article", ont-ils ajouté. La plaidoirie a duré plus de trois heures.
Le procureur pris pour cible
Lors de son intervention et pour justifier son réquisitoire de deux années de prison ferme contre les détenus, le procureur de la République n'a pas manqué d'appuyer fortement sur le champignon. Ainsi, il a estimé que porter le drapeau amazigh lors d'une manifestation de plusieurs citoyens algériens, qui ont des revendications qui concernent tous les citoyens, "est une atteinte à l'unité nationale". "Cet emblème ne représente pas tous les Algériens", a-t-il dit, avant que les avocats de la défense ne se concentrent sur cette déclaration pour battre en brèche ses arguments.
"Tamazight est langue nationale et officielle, M. le procureur", a répliqué une avocate, en se demandant si l'officialisation de cette langue "pouvait être aussi considérée comme une atteinte à l'unité nationale". "Parler en tamazight peut-il être également considéré comme une atteinte (à l'unité nationale) ?" s'est-elle encore interrogée. Un autre avocat a évoqué le renouvellement du mandat de dépôt pour les porteurs de l'emblème amazigh, annoncé par le juge d'instruction le 8 octobre, alors que le délai de quatre mois devait s'achever hier.
Un procès en cache un autre
Lors de leurs plaidoiries, les avocats de la défense ont tenu à rappeler les circonstances "politiques" ayant précédé les arrestations pour port du drapeau amazigh. "C'était suite au discours de Gaïd Salah le 19 juin que les arrestations ont débuté", a relevé Me Salah Brahimi, soulignant que le procès est politique. "J'ai moi-même manifesté avec ce drapeau", a dit un autre avocat, avant que Me Nabila Smaïl ne précise qu'elle a toujours manifesté avec ce drapeau et qu'elle le fera encore dans les jours à venir.
Les avocats ont souligné que dans le P.-V. de l'officier de la police judiciaire "il est mentionné qu'il a agi sur instruction de sa hiérarchie alors qu'il dépend directement du procureur de la République". "Nous sommes là pour défendre ces jeunes et pour réclamer l'indépendance de la justice", ont-ils avancé, considérant que cette responsabilité "échoit à nous tous, y compris les magistrats". "Les millions d'Algériens qui sortent dans la rue veulent un Etat de droit et une justice indépendante.
Ils refusent une justice aux ordres. Ils refusent les interférences dans le travail de la justice. C'est en leur nom que vous allez rendre le verdict, et eux appellent à la libération de ces jeunes détenus arbitrairement", se sont défendus les avocats, qui considèrent que l'intérêt suprême du pays "dépasse ceux des individus". À noter qu'au moment où nous mettons sous presse seulement deux dossiers ont été traités. Le troisième, qui concerne deux autres détenus, devrait être traité tard dans la nuit.

Mohamed Mouloudj


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