Au lendemain d'une démonstration d'unité sans précédent au Liban, les manifestants ont renforcé hier leurs barrages routiers, durcissant encore le bras de fer avec le pouvoir, confronté à une paralysie persistante du pays. Outre les rassemblements sur les grandes places de la capitale Beyrouth et Tripoli, des milliers de Libanais se sont donné également rendez-vous devant les sièges des agences régionales de la Banque du Liban, à travers le pays, selon la presse locale. Et dès l'aube, les barrages bloquant l'autoroute à l'entrée de Beyrouth ont été renforcés par des dizaines de voitures mises en travers des voies, s'ajoutant aux barricades installées depuis plus de dix jours. L'armée avait tenté d'ouvrir les principaux axes routiers à maintes reprises depuis le début du mouvement, il y a dix jours, mais la ténacité des manifestants les a contraint à faire machine arrière. Au 12e jour de manifestations pacifiques, les écoles et les universités étaient toujours fermées et jusqu'à nouvel ordre, selon les médias locaux. Les salaires de ce mois risquent de ne pas être versés. Au sommet de l'Etat, le gouvernement de Saad Hariri est toujours dans l'impasse, ses réformes n'ont eu aucun effet sur la colère de la rue qui s'amplifie de jour en jour, surtout depuis la tentative du puissant mouvement chiite, le Hezbollah, de mettre fin aux manifestations en mobilisant ses militants qui se sont heurtés aux manifestants à Beyrouth. La colère populaire avait explosé le 17 octobre après l'annonce d'une nouvelle taxe sur les appels via la messagerie WhatsApp. La rapide annulation de la mesure n'a pas empêché la révolte de gagner l'ensemble du pays qui réclame la chute du régime de Beyrouth, accusé de corruption et d'avoir échoué à redresser le pays après trois décennies de règne de la même classe politique.