La semaine écoulée a été marquée par l'avènement d'une vague de "marches spontanées" de citoyens à travers une dizaine de wilayas du pays destinées à soutenir la tenue de l'élection présidentielle du 12 décembre prochain. Au-delà du fait lui-même qui nous renvoie, par ailleurs, aux années de plomb quand le pouvoir recourait à ses satellites, à la "société civile" et aux troupes folkloriques pour créer l'illusion d'une mobilisation favorable, ces marches n'ont, cette fois, pas drainé grand monde. Hués dans certaines régions et carrément empêchés dans d'autres par les populations locales, ceux qui ont battu le pavé à Annaba, à Ghardaïa, à Aïn Defla, à Constantine, à Mostaganem, à Souk-Ahras, à Chlef, à Laghouat ou encore à Djelfa ont brandi de timides banderoles et ont scandé des slogans favorables au processus électoral. Ces mêmes slogans qui semblent émaner d'une même source. À se fier aux images diffusées par les chaînes de la Télévision nationale, ces slogans, qui ont dominé ces marches, se déclinent en "Tous pour l'unité nationale", "Djeïch chaâb, khawa khawa" (Armée et peuple frères), "L'armée est notre armée et les élections notre espoir" ou encore "Le peuple et l'armée pour la préservation des constantes de la nation". Avec des plans très serrés pour tenter de créer l'illusion du nombre, les images et les vidéos diffusées ont également trahi leurs promoteurs, à un point tel que les Algériens se sont délectés sur les réseaux sociaux pour apporter la contradiction en diffusant des images réelles des marches et des marcheurs. Les tentatives d'organiser, de réussir et de donner une envergure à ces marches ont tellement été vaines que même la Télévision nationale n'a pas eu de matière pour faire des comptes rendus à la hauteur des attentes des organisateurs de ces marches. Ces derniers ont eu beau recourir à des organisations de masse mises en veilleuse depuis la démission du président Abdelaziz Bouteflika, telles que l'UGTA, les associations de retraités, les académies de la société civile, les coordinations de wilaya et les comités de quartiers, mais la mayonnaise n'a pas pris. L'exemple édifiant nous vient d'Annaba où 20 bus ont été mobilisés pour transporter des employés du complexe Sider d'El-Hadjar vers le chef-lieu de wilaya où des échauffourées ont éclaté entre les marcheurs et les Bônois. Mis à contribution pour exprimer leur soutien à cette élection, ces derniers se sont trahis en scandant les mêmes slogans.