L'artiste a été interpellé mardi 26 novembre au siège de son agence de publicité par des agents en civil, qui ont également effectué une perquisition et saisi du matériel informatique. L'artiste peintre oranais Benabdelhamid Mohamed Amine, dit Nime, a été jugé, jeudi matin, en comparution immédiate par le tribunal correctionnel de Cité Djamel, pour avoir réalisé des dessins qualifiés d'attentatoires à la personne du président de la République et pouvant nuire à l'Algérie. Le prévenu était accusé d'offense au président de la République (article 144-bis du code pénal), outrages et violences à fonctionnaires de l'Etat (art. 144) et exposition au regard du public de documents de nature à nuire à l'intérêt national (art. 96). L'action en justice a été déclenchée suite à l'utilisation des œuvres de l'artiste, qui représentent plusieurs figures du pouvoir, lors des marches populaires contre le régime et intervient dans un contexte marqué par une répression inédite contre toute voix discordante. C'est ainsi que Nime a été interpellé, mardi 26 novembre, au siège de son agence de publicité par des agents en civil qui ont également effectué une perquisition et saisi du matériel informatique. Deux jours après, soit jeudi 28, il a été présenté au magistrat instructeur qui a surpris son monde en le plaçant sous mandat de dépôt. À la barre, l'accusé a affirmé, en substance, que ses dessins ne charrient aucune arrière-pensée politique et ne sont que l'expression artistique des événements qui agitent l'Algérie. Au réquisitoire du procureur de la République qui a réclamé la peine de 18 mois de prison, la défense a plaidé la relaxe, en s'attelant à dépolitiser toute l'affaire. "Nous sommes devant un artiste peintre dénué d'arrière-pensées idéologiques ou politiques", a-t-il affirmé, en soulignant que sur l'ensemble des 250 publications sur sa page facebook, seules 15 ont trait au mouvement populaire et que l'artiste s'est exprimé sur différents autres sujets. L'avocat de la défense s'est également interrogé sur le bien-fondé de l'article 144-bis du code pénal qui évoque l'offense au président de la République. "De quel président parle-t-on ? M. Bensalah, qui est croqué dans l'un des dessins, est chef d'Etat par intérim, on ne peut donc pas parler d'offense à président qui, par ailleurs, n'existe pas dans l'œuvre", a-t-il affirmé, en relevant, dans le même sillage, qu'aucune institution n'a porté plainte contre son client, ce qui enlève toute pertinence à l'article 144. Quant à l'accusation évoquée par l'article 96, l'avocat s'est demandé en quoi des illustrations artistiques peuvent nuire à l'intérêt national. "Notre client est un artiste qui n'a aucune arrière-pensée idéologique", a-t-il encore répété. Il a achevé sa plaidoirie en demandant la relaxe et la restitution du matériel saisi lors de l'arrestation. À noter que le comédien Abdelkader Djeriou, très actif dans le hirak, a tenu à assister au procès pour exprimer sa solidarité avec Benabdelhamid Mohamed Amine. Le verdict est attendu pour le 11 décembre.