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Ces médecins qui traquent le corona
IMMERSION DANS LE COMITE SCIENTIFIQUE DE SUIVI DE L'EVOLUTION DE LA PANDEMIE
Publié dans Liberté le 05 - 05 - 2020

Depuis le 23 mars dernier, les experts du comité scientifique se réunissent tous les jours pour passer au peigne fin les courbes graphiques de l'évolution de la pandémie. Liberté a pu suivre de bout en bout le travail de la commission pour restituer l'ambiance, les échanges entre experts sur la situation du Covid-19 et les recommandations faites pour contrer la crise sanitaire.
Tous les jours que Dieu fait, ils sont mobilisés, depuis près de deux mois, pour établir un bilan quotidien de la situation du coronavirus en Algérie. Grâce à eux, la moindre information endémique ou le détail le plus infime lié à la crise sanitaire est analysé pour améliorer la situation épidémiologique. Ce sont les experts du Comité scientifique de suivi de l'évolution de la pandémie (CSSEP) dont il est question. Ils ont pour nom Ryadh Mehyaoui, Smaïl Mesbah, Lyès Rehal, Abdelkrim Touahria, Boudjemâa Mansouri, Mohamed Berkani Bekkat, Mohamed Belhocine. Ils traquent au quotidien le satané corona. Ils livrent bataille sans répit. L'équipe des médecins est épaulée par Ammar Belhimer, ministre de la Communication, Lotfi Benbahmed, ministre délégué à l'Industrie pharmaceutique, et Abderrahmane Benbouzid, ministre de la Santé, en qualité du président du comité.
Alors à quoi ressemble le travail des experts dont l'opinion publique gette les bonnes nouvelles ? Pour comprendre sa mission, nous avons fait, jeudi 30 avril, une immersion en voix off dans leur quartier général. Il est 13h30. Après les formalités de contrôle d'identité à l'entrée du ministère, nous sommes invités à rejindre la "salle des opérations" scientifique, située au 4e étage du bâtiment vétuste du ministère de la Santé, à El-Madania.
C'est un long couloir à l'opposé du bureau du ministre de la Santé, avec au bout une grande porte capitonnée qui s'ouvre sans code secret sur la salle de travail très confidentiel. L'accès est exclusivement réservé aux membres de l'instance et à leurs invités. 14h passées de 5 mn. Equipés de leurs masques de protection contre la corona, les scientifiques ont déjà pris place autour d'une grande table ovale.
La réunion devait débuter à 14h. Nous prenons place aux côtés des experts. La mesure de distanciation physique de 2 mètres est strictement respectée. À première vue, ils affichent une forme optimale. L'effet Ramadhan ne semble pas affecter leur énergie. Les yeux fixés sur les écrans de leurs ordinateurs portables, ils s'affairent à faire défiler les derniers détails épidémiologiques en attendant que le ministre de la Santé ouvre officiellement les travaux, en qualité du président du comité. Abderrahmane Benbouzid nous invite, après les salutations d'usage, à nous installer rapidement pour entamer la 39e séance de travail. "Ce comité scientifique a été installé le 23 mars dernier par le président de la République.
On se réunit tous les jours de la semaine, dans cette grande salle. Les experts travaillent sans relâche à raison de deux séances par jour. La première séance se tient le matin. La seconde débute l'après-midi, de 14h à 17h, et à 16h depuis le début du Ramadhan. En fait, la session de l'après-midi revêt une importance particulière. Elle est consacrée à la consolidation des résultats et des informations glanées autour de l'épidémie, ainsi que la recommandation d'un nombre de pistes de ripostes.
Le matin, nos amis experts travaillent dans le grand amphi situé au rez de chaussée, en collaboration avec les cadres centraux du ministère. Nous travaillons en groupe et nous décidons en groupe. Toutes les décisions médicales ou scientifiques annoncées dans le cadre de la lutte contre le coronavirus sont sorties de cette instance", lancera Abderrahmane Benbouzid, histoire de nous mettre dans l'ambiance de la réunion. Et de détailler encore à volonté : "Le comité reçoit régulièrement des médecins qui sont sur le front contre le Covid-19. Ils viennent faire le point sur l'évolution des cas qu'ils traitaient."
"Il n'y a pas lieu de s'alarmer"
Le décor planté s'apparente beaucoup plus à une salle de cours de TD. Un écran géant, qui fait office d'un tableau où étaient encore "griffonnés" les détails épidémiologiques de la veille, est accroché au milieu d'un mur à la couleur crevette. En somme, les élus de l'instance de veille sanitaire semblent être dans des conditions de travail optimales. Ils ne laissent rien au hasard pour venir à bout de cette épidémie qui a ébranlé le monde entier. Le coup d'envoi est donné. Aucun menu n'est arrêté au préalable, mais à chaque séance de travail suffit sa matière.
Comme entrée, ils ont remis sur le tapis le bilan des contaminations de la veille où la courbe de contagion a frôlé la barre des 199 cas positifs. Le ministre demande au Pr Rehal de rappeler le nombre des intubés déclarés la veille, soit mercredi 29 avril. "23 patients au total", répondra le DG de l'INSP. Pr Smaïl Mesbah, spécialiste des maladies infectieuses à l'hôpital d'El-Kettar, est le premier à qui la parole est donnée. "Il n'y a pas lieu de s'alarmer quant à l'augmentation du nombre de contagions.
Cette hausse s'explique en grande partie par l'amélioration des outils de diagnostic de la maladie à travers le pays, par l'ouverture de nouveaux centres de dépistage et la disponibilité de quantités de kits à travers plusieurs régions du pays. Les unités de diagnostic reçoivent plus de demandes pour le test, contrairement au début de l'épidémie", plaidera l'infectiologue d'El-Kettar.
Sans lâcher le micro, il enchaînera sur l'introduction de la méthode de dépistage par scanner. "Cette technique a suffisamment montré son efficacité dans la prise en charge des cas suspectés. Pr Mansouri est bien placé pour nous parler de l'apport du scanner dans la détection précoce du corona, d'autant que l'outil de dépistage par PCR n'est pas tout le temps disponible. L'indication positive relevée dans les bilans communiqués ces derniers jours est l'enregistrement des taux de décès les plus bas.
Les chiffres des décès ne dépassent pas le palier de 10 et dans certains cas moins du palier de 5", défendra le spécialiste des maladies infectieuse à El-Kettar. Ne pouvant être en reste, Pr Ryadh Mehyaoui, chef de service d'anesthésie-réanimation au CNMS, lancera pour sa part : "Les décisions liées au traitement spécifique ont été prises à temps et bien avant dans certains hôpitaux du centre du pays. D'ailleurs, la première décision prise par le comité le jour même de son installation, soit le 23 mars, était la généralisation de la chloroquine. Mieux encore, on a intégré le scanner dans la détection du Covid-19 avant même que l'OMS ne le recommande d'une manière officielle." Cette précision montre que les membres du comité sont toujours à la page par rapport à ce qui se fait ailleurs dans le monde.

Renforcer les moyens de protection
Face aux secrets du comité, on s'étonne de la spontanéité des experts. La sonnerie d'alerte du smartphone de Mesbah en est une preuve supplémentaire. "Qu'est-ce qu'elle nous apporte cette alerte comme nouvelle, Smaïl", se demandera Pr Mohamed Belhocine qu'on surnomme "Monsieur Ebola" pour avoir travaillé pendant de longues années en Afrique. Le spécialiste des maladies infectieuses réagira au quart de tour : "Je viens de recevoir une synthèse d'une étude faite par une association américaine de médecins et de chirurgiens (APPS). Cette étude traite des résultats des malades du Covid-19 traités à la chloroquine. Je vous lis ce qui est écrit, en anglais et quelqu'un d'autre tâchera de traduire." Deux anglophones, Pr Belhocine et Pr Benbouzid, nous exhortent à écouter attentivement. "Une étude scientifique vient de conclure que le taux de chance de guérison du Covid-19 est au-dessus de 90% et cela grâce à la chloroquine.
Le protocole thérapeutique spécifique adoptée par l'Algérie a été cité comme un modèle à suivre." Petit à petit, le débat à trois s'estompe, le TD reprend ses droits. Intéressant, ce moment où Pr El-Hadj, directeur général des services sanitaires au ministère, fait son entrée dans la salle. Il est 14h35. Sans être membre à part entière de l'instance que dirige Benbouzid, il est venu tout de même consulter les experts sur le nouveau programme d'acquisition des besoins en produits de santé dans le cadre de la lutte contre le Covid-19, lequel est financé par le Fonds arabe de développement économique (FADS). Autre sujet. Autre débat.
On parle oxymètre de pouls, combinaisons étanches, kits complets de protection dont ont besoin les guerriers aux blouses qui continuent de s'acquitter de leur noble mission au péril de leur vie. Les experts semblent ne rien laisser au hasard. Ils dissèquent le tableau récapitulatif des équipements médicaux que le professeur El-Hadj expose au tableau à l'aide de data-show. Le sujet paraît diviser les animateurs du "laboratoire scientifique" en deux groupes.
L'enjeu est de dresser une liste de produits de santé en tenant compte du budget alloué. Les uns priorisent l'acquisition des équipements de laboratoire et des moyens de protection, en différant l'achat des colonnes d'endoscopie et le matériel de transport des malades. D'autres insistent par contre sur l'urgence de renforcer le parc d'ambulances médicalisées, sans pour autant faire la fine bouche sur les appareils PCR et autres kits de prélèvement et d'extraction. Un débat chaud autour de la variable d'ajustement.

Pr Mehyaoui, "Monsieur Réanimation", demande un point d'ordre et recadre : "Je pense que les respirateurs sont suffisants pour le moment ; il faut penser à renforcer les moyens de protection." Pr El Hadj se défend en faisant un bref rappel sur les dispositifs indispensables dans la salle de réa : "Nous comptons à présent 5 000 respirateurs. C'est largement suffisant pour faire face à la situation en cas de besoin." Puis, le Pr Belhocine, "Monsieur Ebola", évite de débattre trop avec les chiffres. Il invite ses collègues à s'intéresser au développement du diagnostic à l'échelle locale, actualité épidémique oblige. De nouveaux foyers de la pandémie sont apparus à l'est ou à l'ouest du pays.
D'où l'urgence d'ouvrir des "chantiers" d'investigation épidémiologique au niveau des communes. "L'on doit désormais intégrer dans la liste d'El Hadj les appareils PCR portables et ce, pour développer des tests de dépistage à l'échelle des daïras et même communale", a cru bon de proposer l'ancien délégué de l'OMS au Nigeria et en Tanzanie. Après un rude échange d'arguments, les professeurs émérites ont fini par s'entendre sur une liste de dispositifs médicaux qui fait l'unanimité parmi eux. Un silence profond s'installe quelques instants dans les lieux. Au final, la liste votée prévoit de renforcer aussi bien les outils de détection précoce et de suivi de Covid-19 que les autres moyens de protection. Les minutes s'égrènent lentement.

Confrontation
Les experts s'attardent sur une autre problématique. L'implantation des scanners par bassins de population. L'imagerie fait désormais partie des outils de détection du Covid-19. "Monsieur Ebola" interroge Pr Mansouri Boudjemaâ, ancien chef du service de radiologie au CHU de Bab El-Oued : "Je voudrais bien savoir le nombre de scanners utilisés et disponibles à travers le territoire national." Le radiologue émérite répond avec un plaisir immense à cette confrontation orale qui durera quelques minutes dans le temps : "Pas moins de 206 appareils scanners." Reprenant la "saveur" des chiffres, Pr Belhocine relance de nouveau : "Et le total s'élèvera à combien, si l'on additionne les scanners utilisés dans le secteur privé ?" M. "Radiologie" sourit, en prélude à l'ouverture d'un chaud débat d'experts sur l'imagerie en Algérie : "C'est le double, soit 512 scanners pour être plus précis.
" Saisissant au volet cette perche pour ouvrir une discussion, en présence du ministre de la Santé, sur la pratique de l'activité d'imagerie dans les hôpitaux, l'ancien patron de la radiologie à l'hôpital Liamine-Debaghine n'était pas le plus tendre : "Les scanners sont installés partout. Mais ils ne sont pas implantés en adéquation avec les besoins de la santé. La demande n'a pas été faite par les professionnels de la santé. Telle est la vraie problématique." Ce constat désolant a été appuyé par la réponse prolifique du ministre de la Santé, qui ne contredit pas Pr Mansouri : "Ce que tu disais, Si Boudjemaâ, confirme toute l'incohérence que, moi-même, j'ai constatée dans le secteur de la santé depuis mon arrivée au département.
Sans pour autant aller jusqu'qu'à dire que mes prédécesseurs n'ont pas établi de cartes sanitaires." Comme si la réplique de Benbouzid l'a encouragé à poursuivre la discussion, Pr Mansouri reprend de nouveau la main pour poursuivre sur la normalisation des effectifs affectés aux services ou aux unités de radiologie : "Le travail dans la radiologie n'est pas organisé de sorte à assurer le travail selon le système de 3 fois 8, soit trois équipes par jour, parce que les règles de pratique de la radiologie ne sont pas encore actualisées.
À présent, On ne travaille pas plus de 6 heures par jour dans la radiologie. On n'a pas le droit de faire plus. Le jour où on aura normalisé les pratiques de l'activité, on pourra prévoir le nombre de scanners pour chaque bassin de population." Les membres du comité scientifique ne peuvent pas s'empêcher en fait d'aborder les limites, voire les tares du système national de santé. Il y a mille et une choses à inscrire dans le projet de refonte du système de santé promis par le président de la République.
Aux alentours de 15h, le ministre de la Communication Ammar Belhimer, "équipé" d'une bavette verte, fait son entrée discrètement dans la salle. Il marche sur "la pointe des pieds" pour ne pas perturber le fil des discussions. Il prend rapidement place, non loin de son collègue du gouvernement Abderrahmane Benbouzid, mais à deux mètres de distance. L'heure de faire parler les chiffres sonne. Un membre de la cellule de veille en charge de suivre l'évolution des courbes graphiques par régions rejoint la salle des experts. Il est venu distribuer le décompte de la pandémie.
Intéressant : quand le porte-parole du gouvernement interroge les experts sur le bilan de la journée, l'on apprend que les courbes de corona continuent de se stabiliser et de se traduire par les plus faibles taux de décès. "Le tableau épidémiologique d'aujourd'hui (ndlr, jeudi 30 avril) affiche un total de 158 cas nouveaux, 6 décès et 77 patients rétablis ces dernières 24 heures, alors que la veille on était à 199 cas confirmés. Ce qui veut dire que la courbe des contaminations amorce une nouvelle descente. Autrement dit, il y a 41 cas de moins par rapport à la veille." Ou encore : "Ces nouveaux chiffres de contagion sont probablement liés à l'amélioration des capacités de tests de dépistage", a cru bon de préciser Ammar Belhimer.
Djerrad veut s'informer
Brusquement, le silence s'installe lorsque le ministre de la Santé, qui s'est excusé pour cinq minutes après avoir été informé d'un appel urgent, rejoint de nouveau la réunion avec une grande enveloppe à la main. Un courrier porteur officiel que venait de lui adresser le Premier ministre. Smaïl Mesbah reprend la main pour interroger Abderrahmane Benbouzid sur la teneur du courrier qu'il avait d'ailleurs mis sur la table. Le président du comité scientifique ne conteste pas la question de l'infectiologue d'El-Kettar. "Ce courrier a été adressé par le Premier ministre.
Je l'ouvre devant vous pour vous informer", assurera le ministre de la Santé, avant de commencer à lire avec la correspondance. Celle-ci traite, en résumé, d'un nombre de mesures préventives exceptionnelles liées au contexte de l'actuelle crise sanitaire que le département de la Pêche et des Ressources halieutiques compte mettre en pratique, en prévision du lancement de la campagne de pêche au thon. Cette campagne de pêche se tiendra durant la période allant du 26 mai prochain jusqu'au 1er juillet. "Le département de la Pêche suggère un nombre de mesures préventives pour protéger les équipages concernés par la campagne.
Il est ainsi question, entre autres, du dépistage des équipages de 25 thoniers retenus pour la saison, soit une vingtaine de pêcheurs par navire. Le département de Sid-Ahmed Ferroukhi propose d'organiser un dépistage avant l'embarquement et lors du débarquement des navires, sachant qu'ils vont faire, durant toute la saison, des arrêts techniques dans plusieurs ports. Le ministère de la Pêche prévoit également le confinement des équipages à bord des bateaux jusqu'à la réception des résultats de dépistage", résumera le ministre en conseillant de reporter les débats autour de la question pour la prochaine séance.
Laborieux exercice télévisuel
À 15h50, Benbouzid rappelle aux experts qu'il est temps d'entamer une discussion autour des courbes graphiques du jour. Pr Belhocine a visiblement envie de dire beaucoup de choses concernant l'évolution des trajectoires graphiques. Il propose d'analyser les nouveaux détails de la pandémie en tenant compte du genre d'outil de détection utilisé dans chaque région : "La wilaya qui a recensé le plus grand nombre de nouveaux cas en ce jeudi 30 avril est Aïn Defla avec 65 cas nouveaux, suivie d'Alger avec 37 et de Médéa avec 34 nouveaux cas." Smaïl Mesbah revient une nouvelle fois à la charge pour plaider le bilan du jour. "Ces chiffres semblent indiquer, à première vue, que les courbes de la pandémie poursuivent leur accroissement.
Mais en détaillant, la situation semble être largement stable et surveillée de près. On en veut pour preuve la décrue des décès qui se poursuit. Ce qui est un signe très positifs." Il est 16h11. Les experts ont dépassé les délais impartis, sans se rendre compte. Dr Djamel Fourar, porte-parole du comité, s'introduit dans la salle pour prier les experts de rejoindre, cette fois-ci, l'amphi où il présentera devant les caméras le rituel bilan quotidien de l'épidémie. M. Benbouzid ne manquera pas de lui "extirper" d'autres détails justifiant l'envolée de la courbe des contagions et l'apparition de nouveaux foyers dans plusieurs régions du pays. "Cette nouvelle mise à jour confirme encore une fois la stabilité de l'épidémie grâce au confinement.
Par contre, l'augmentation du nombre de contaminés ces derniers jours s'explique en partie par l'offre importante des outils de diagnostic", a souligné Fourar Djamel. Il tentera, néanmoins, sur un autre plan de relever l'importance de diversifier les techniques de suivi à l'échelle locale. "Certes, il y a l'apparition de nouvelles wilayas à haut risque. L'on doit désormais travailler sur les communes, pour ralentir cette reprise inattendue", lancera le porte-parole avant de se retirer pour rejoindre la salle de l'amphi au rez-de-chaussée du bâtiment blanc.
Sans trop tarder, les experts empruntent le même chemin que celui de Fourar. Ils ne doivent pas rater l'exercice télévisé quotidien. 16h25. Tout le monde est en place dans l'amphi. Les ministres de la Santé et de la Communication et le délégué à l'industrie pharmaceutique prennent place à la tribune. Le réalisateur demande aux cameramen : "On tourne ?" Dr Fourar, derrière le pupitre, se met à lire le bilan des dernières 24 heures en en arabe, puis en français. Avant de se séparer, les experts ne manquent pas de s'échanger quelques données en prévision de la prochaine réunion, le lendemain.


Réalisé par : Hanafi hattou


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