Des sources proches de l'Opep ont déclaré que l'Opep et ses alliés se sont entendus pour prolonger d'un mois, jusqu'à la fin juillet, leur accord portant sur la réduction de la production de pétrole. Les membres de l'Organisation des pays producteurs de pétrole (Opep) et leurs alliés non-Opep ont tenu hier une réunion en visioconférence pour débattre des suites à donner à leur réduction drastique de la production mise depuis le 1er mai en place pour contrer les effets de la pandémie de coronavirus. Prévue initialement les 9 et 10 juin, cette réunion a été avancée pour la journée d'hier, où il était question en premier de la tenue de la 179e réunion de la conférence de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) qui devait être suivie par la tenue de la 11e réunion ministérielle Opep et non-Opep, réunissant les pays signataires de la déclaration de coopération. La 179e réunion de la conférence de l'Opep a débouché sur une entente pour une extension de l'accord pour un mois, soit jusqu'en juillet. Cette entente amendera le précédent accord du 12 avril qui stipulait que la baisse de production historique de 9,7 millions de barils par jour (mbj) en mai et juin, passerait à 7,7 mbj de juillet à décembre, puis à 5,8 mbj de janvier 2021 à avril 2022. Ainsi, en juillet, les mêmes conditions qu'en mai et juin, soit la réduction de la production de 9,7 millions de barils par jour, seront appliquées. "La décision de réduire de 9,7 millions de barils par jour la production sera prise, si les 10 pays producteurs de pétrole qui ne sont pas membres de l'Opep l'acceptent", a déclaré le ministre iranien Bijan Zanganeh, cité par l'agence de presse Shana. En effet, cette proposition devait être soumise aux alliés, dont la Russie durant la 11e réunion ministérielle Opep+. Cinq sources proches de l'Opep ont déclaré à Reuters que l'Opep et ses alliés se sont entendus pour prolonger d'un mois, jusqu'à la fin juillet, leur accord portant sur la réduction de production de pétrole. À l'heure où nous mettons sous presse, la réunion de l'Opep+ se poursuit encore. Mais la proposition ne devait pas être rejetée. D'ailleurs, le ministre de l'Energie des Emirats arabes unis avait confirmé sur Twitter que l'Opep+ a accepté de prolonger les réductions de production de pétrole jusqu'à fin juillet. "Les pays de l'Opep et les pays hors Opep ont unanimement convenu de prolonger la réduction actuelle jusqu'à la fin du mois de juillet et de s'engager pleinement dès le début de l'accord en compensant tout volume qui n'a pas été réduit par certains pays en mai", a écrit le ministre. Selon le projet de déclaration, auquel a eu accès l'agence Reuters, l'Opep, la Russie et leurs alliés semblent disposés à prolonger les réductions record de la production de pétrole jusqu'à la fin juillet après que les prix du brut aient doublé au cours des deux derniers mois suite au retrait de près de 10% des approvisionnements mondiaux du marché. Toujours selon Reuters qui cite le projet de déclaration, l'Opep+ invite les pays qui ont dépassé leur quota en mai et juin, comme le Nigeria et l'Irak, à compenser cela par une réduction supplémentaire dans la période à partir de juillet jusqu'en septembre. Il faut dire que le principal problème était le non-respect par des membres comme l'Irak des quotas de réduction de production. Le ministre russe de l'Energie, Alexandre Novak, a d'ailleurs rappelé l'importance du respect "à 100%" des quotas de coupe par chacun des pays, dans un discours introductif à la conférence diffusé sur le site de l'Opep. Selon les calculs du fournisseur de données Kpler, l'Opep cartel élargi a réduit sa production d'environ 8,6 mbj en mai, soit 11% de moins que le volume prévu. Pour surmonter ce problème, le porte-parole du ministère irakien du Pétrole, Assem Jihad, a déclaré dans un communiqué : "Malgré les circonstances économiques et financières auxquelles l'Irak est confronté, le pays reste attaché à l'accord." Selon Reuters, le pays promulguerait de nouvelles restrictions de production de juillet à septembre afin de compenser sa non-conformité. Autre caillou dans la chaussure de l'alliance construite autour du l'Opep, le Mexique a écarté vendredi toute nouvelle baisse de sa production. "Nous ne pourrions pas ajuster davantage notre production", a déclaré le président mexicain Andres Manuel Lopez Obrador au cours de sa conférence de presse quotidienne, taclant au passage, sans les nommer, les pays qui n'ont pas rempli "leur part du contrat". Enfin, le projet de déclaration prévoit qu'un comité de suivi ministériel conjoint se réunirait une fois par mois jusqu'en décembre pour examiner la situation du marché. Avant la réunion, le marché pétrolier s'est montré optimiste quant à un accord. Vendredi, le WTI a bondi de 5,72% pour s'établir à 39,55 dollars, tandis que le brut de référence international Brent a gagné 5,78% pour s'établir à 42,30 dollars. Il s'agissait de la sixième semaine consécutive de gains de chaque contrat et du règlement le plus élevé depuis le 6 mars. Certains observateurs du marché tablaient sur une prolongation plus longue, jusqu'à la fin de l'été voire de l'année. Mais l'analyste de Rystad Energy rappelle aussi la part de surprise, voire de "drame", auquel l'organisation a habitué le marché. Malgré les doutes, la politique de l'Opep a montré son efficacité puisque les cours sont remontés en ce début juin autour de 40 dollars le baril. Ils avaient atteint des plus bas historiques aux alentours du 20 avril, heurtant la barre des 15 dollars pour le Brent et passant même en négatif pour le WTI.