L'Organisation a baissé son offre de 6,3 millions de barils par jour sur un mois pour atteindre 24,195 millions de barils par jour au mois de mai. L'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) continue d'agir sur l'offre, réduisant drastiquement sa production pétrolière. L'Organisation a baissé son offre de 6,3 millions de barils par jour sur un mois pour atteindre 24,195 millions de barils par jour au mois de mai, peut-on lire dans son rapport mensuel rendu public hier. Quand les temps sont difficiles, comme c'est le cas aujourd'hui, les membres de l'Organisation se serrent les coudes en se disant que la chose la plus importante à faire est de s'assurer que les cours de l'or noir remontent et que le marché se stabilise dans l'intérêt de tous les pays producteurs. Même les pays du Golfe, qui se croyaient à l'abri, semblent jouer franc jeu, taillant considérablement dans leurs quotas de production. L'Arabie saoudite, chef de file de l'organisation, a fourni à elle seule un peu plus de la moitié de l'effort de limitation de la production : ses extractions d'or noir ont reculé de 3,16 millions de barils par jour sur un mois. Les Emirats arabes unis (-1,364 million de barils par jour) et le Koweït (-921 000 barils par jour). Ainsi, ces Etats ont beaucoup moins pompé le mois dernier afin de soutenir les cours. Cela donnera certainement beaucoup de tonus à la stratégie de baisse de la production sous-tendue par l'accord qui lie l'Opep à ses partenaires non-Opep, dont la Russie. L'alliance a décidé au début du mois de prolonger d'un mois la baisse historique de production à laquelle elle s'astreint depuis le 1er mai. Cette réduction s'inscrit dans le droit-fil de la volonté de l'organisation et de ses alliés de soutenir des cours en chute libre à cause de la crise sanitaire de la Covid-19, qui s'est traduite par un effondrement de la demande. Dans son rapport, l'Opep estime que les 10 pays qui lui sont extérieurs mais associés à l'effort de baisse de l'offre ont également réduit leur production de 2,95 millions de barils par jour le mois dernier. Au total, les alliés auraient ainsi diminué leur production de quelque 9,2 millions de barils par jour. D'ailleurs, l'Organisation note dans son rapport "le haut niveau de conformité" avec les ajustements volontaires de production de la part de ses partenaires au sein du groupe élargi dit Opep+. Ce dernier comprend, outre la Russie, l'Azerbaïdjan, le Kazakhstan, le Mexique ou encore le sultanat d'Oman, entre autres. Avec l'effort dont font preuve ces pays, et la reprise de l'activité économique qui devrait tirer vers le haut la demande, les cours ont progressé dernièrement après s'être effondrés durant la crise sanitaire. Le Brent de la mer du Nord valait ainsi un peu plus de 40 dollars le baril hier matin, alors qu'il dégringolait autour de 20 dollars en avril dernier. Rebond historique de la demande Mais l'Opep+ devrait encore agir sur la production et sa réponse aux défis du marché serait d'autant plus efficace qu'elle serait commune. Il reste toutefois un autre obstacle à surmonter pour pourvoir faire remonter les prix : celui de la demande, et c'est là que réside le principal problème, car l'Opep et ses partenaires n'ont pas de prise sur ce facteur, même si le sombre tableau général de la situation du marché se teint d'une lueur d'espoir. La demande pétrolière devrait connaître un rebond historique l'an prochain, selon l'Agence internationale de l'énergie (AIE). En effet, dans ses premières prévisions pour 2021, consignées dans un rapport diffusé mardi, l'AIE anticipe un bond inédit de 5,7 millions de barils par jour de la demande mondiale par rapport à 2020, année marquée par la pandémie de Covid-19. Nous pourrions bien assister l'année prochaine à la plus grosse progression dans l'histoire du pétrole, a souligné le directeur exécutif de l'AIE, Fatih Birol, lors d'une vidéoconférence. Il souligne toutefois que ces perspectives dépendent de la reprise économique mais aussi de l'absence de seconde vague de contamination. À 97,4 millions de barils par jour, la demande de 2021 resterait toutefois toujours à 2,4 millions de barils par jour au-dessous du niveau de 2019, essentiellement en raison de la faiblesse actuelle de la demande pour le carburéacteur et le kérosène, estime l'AIE dans son rapport mensuel sur le pétrole. Ses annonces interviennent au lendemain d'énormes dépréciations d'actifs du groupe pétrolier britannique BP qui pense que la demande de long terme sera affectée par la crise. Le secteur de l'aviation est confronté à une crise existentielle et sa demande en produits pétroliers restera sous pression bien au-delà de cette année même si les autres carburants devraient se reprendre à des niveaux pré-Covid-19, estime de son côté l'AIE. Si l'on met le carburant aérien de côté, nous allons retrouver des niveaux d'avant crise au milieu de l'année prochaine. Mais la question clef est de savoir quand les gens vont-ils recommencer à prendre l'avion, souligne Fatih Birol. La crise sanitaire a cloué au sol entre 80 et 90% de la flotte mondiale et le redémarrage est très progressif, alors que de nombreuses frontières demeurent fermées.