Avec les quantités d'eaux usées domestiques, les huiles automobiles, les rejets des huileries et autres déchets qui continuent à se déverser dans sa cuvette, la menace d'une pollution à venir n'est pas du tout à écarter. Le laboratoire des eaux de l'Université de Tizi Ouzou, qui a lancé, durant ce mois de juin, une opération de suivi des eaux brutes du barrage Taksebt, a conclu, selon une déclaration faite par son responsable, le dr Malek Abdesselam, à l'APS, que ses eaux sont d'"excellente qualité". "L'analyse des paramètres des échantillons a révélé que les eaux du barrage de Taksebt sont d'excellente qualité aussi bien en surface qu'en profondeur", a déclaré le responsable de ce laboratoire soulignant que cette qualité permettra à la Seaal, l'opérateur en charge de la gestion de la station de traitement de Tala Bounane, d'utiliser moins de produits dans le traitement des eaux de ce plus grand réservoir d'eau de la wilaya. Si à court terme, ces résultats sont rassurants, à long terme, la menace écologique qui pèse sur le barrage de Taksebt est loin d'être évacuée. Avec les quantités d'eaux usées domestiques, les huiles automobiles, les rejets des huileries et autres déchets qui continuent à se déverser dans sa cuvette, la menace d'une pollution à venir n'est pas du tout à écarter. Selon la situation, maintes fois présentée par les organismes concernés, pas moins de 144 villages relevant des huit communes entourant ce barrage, qui s'étend sur une superficie totale de 550 hectares, déversent quotidiennement leurs eaux usées et autres déchets dans ses eaux. Il s'agit essentiellement des communes d'Irdjen, d'Aït Aïssi, de Larbaâ Nath Irathen, de Beni Douala, d'Aït Mahmoud, des Oudhias, d'Aït Bouaddou, des Ouacifs et d'Aït Toudert. Ayant fait montre de leur prise de conscience du danger qui guette à long terme cette plus importante infrastructure hydraulique qui alimente plus de 60% de la population de Tizi Ouzou en eau potable, les autorités avaient annoncé, depuis 2012, le lancement d'un projet de réalisation de six stations d'épuration pour protéger les eaux du barrage de toute pollution. Les travaux de réalisation devaient initialement être lancés en 2013 après finalisation des études du projet, mais rien n'a été fait. Retardé par la lenteur des procédures bureaucratiques, puis rattrapé par la crise économique provoquée par la chute des prix du pétrole en 2015, le projet a fini au fond des tiroirs de l'administration. En mars 2018, le directeur des ressources en eau dans la wilaya a annoncé le dégel du projet et son lancement en travaux en mai de la même année pour une enveloppe globale de 5 milliards de dinars. Selon les explications fournies à la même occasion, en plus de ces stations, plusieurs collecteurs étaient prévus pour faciliter la collecte des eaux usées provenant des villages qui sont éparpillés tout autour du barrage. Mais voilà que huit ans après leur annonce, aucune de ces stations n'a encore vu le jour. Une situation qui inquiète au plus haut point les associations de défense de l'environnement et aussi les habitants, notamment depuis la fin de l'été 2019, lorsque des milliers de poissons ont été découverts morts sur les bords de ce barrage.