Depuis le début de la semaine, la population de la wilaya de Tizi Ouzou est en alerte suite à la découverte de poissons morts au barrage de Taksebt, sis à une dizaine de kilomètres à l'est de Tizi Ouzou. Cette découverte inhabituelle a été signalée samedi dernier par les éléments de la direction de wilaya des ressources en eau (DRE). Plusieurs centaines de poissons morts ont été recensés à cet endroit. Les services de la DRE déclarent après analyses la présence d'un fort taux de chlore dans l'eau du barrage ayant causé la mort de ces poissons. L'origine volontaire est privilégiée par les responsables de la DRE, et depuis cette découverte, les services compétents font des sorties sur le terrain dans le but de suivre de près l'évolution du phénomène. «Des analyses sont faites afin de surveiller l'évolution du taux de chlore qui ne devait pas dépasser 0,06 mg/l, alors qu'il a atteint 0.15 mg/l», a déclaré le directeur des ressources en eau de la wilaya, Mokrane Djouder. Cette affaire vient remettre à l'ordre du jour la question de l'insalubrité, qui menace cette importante infrastructure hydraulique et son équilibre écologique. Cela pourrait même menacer à terme la santé du consommateur. Taksebt est d'une capacité de 180 millions de mètres cubes et alimente la wilaya de Tizi Ouzou et une partie de Boumerdès et d'Alger. Depuis plusieurs années, en effet, des spécialistes tirent la sonnette d'alarme sur les eaux usées qui se déversent directement dans le barrage au vu et au su de tous. Ces rejets sont issus de près d'une quinzaine de communes environnantes, situées en amont, dont Irdjen, Aït Aïssi, Larbaâ Nath Irathen, Beni Douala, Aït Mahmoud, Oudhias, Aït Bouaddou, Aït Ouacif et Aït Toudert, pour ne citer que celles-là. Un projet de réalisation de six stations d'épuration pour traiter ces eaux usées a été inscrit en 2012, mais n'a toujours pas vu le jour. A cela vient s'ajouter l'insalubrité de l'environnement du barrage, auquel se joint un laisser-aller de la part des autorités, en plus de l'incivisme de certains citoyens. Des décharges sauvages longent les berges du barrage et prolifèrent de jour en jour. Le spectacle qui s'offre au regard des visiteurs est désolant, reflétant l'inconscience des citoyens. Les berges du barrage sont devenues de vraies décharges à ciel ouvert.«Des agressions diverses menacent le barrage Taksebt et l'oued Sébaou qui l'alimente. Je citerai en premier lieu l'excès d'exploitation et l'extraction de produits alluvionnaires. Il y a aussi la prolifération d'activités en amont du barrage, qui ne lui sont pas favorables. Je citerais le lavage-graissage des véhicules, les huileries, les tôleries… le lit de l'oued et les rives du barrage sont aussi utilisés pour le lavage des véhicules. Les détergents utilisés et autres produits chimiques dégagés par les moteurs polluent l'eau. Il y a aussi les rejets de margine et grignons d'olives par les huileries qui sont aussi nocifs», souligne M'barek Aït Oudhia, directeur de l'environnement à Tizi Ouzou. Cette situation «épuise les capacités de la station de traitement et d'épuration des eaux du barrage et constituerait à terme un vrai danger pour la santé du citoyen et donnera lieu à une vraie menace écologique», ajoute-t-il. La protection du barrage de Taksebt est liée au respect et à la sauvegarde de son environnement, avec l'implication effective des pouvoirs publics et des citoyens.