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"On doit changer de comportement"
Abderrahmane Benbouzid, ministre de la Santé
Publié dans Liberté le 16 - 07 - 2020

Le ministre de la Santé est sur tous les fronts pour mobiliser contre le coronavirus. Il vit une dure épreuve qu'il entend surmonter. Dans cette entretien, il nous livre l'explication de l'évolution de la pandémie.
Liberté : À la lumière des derniers chiffres établis et communiqués par l'instance en charge au ministère de la Santé, la situation épidémique est-elle réellement préoccupante en Algérie ?
Abderrahmane Benbouzid : Lorsque les chiffres de l'épidémie montent, on se préoccupe. Du moment que les chiffres ne baissent pas, on doit changer de comportement. On pensera autrement à cette pandémie et on se demande pourquoi les chiffres sont en train de monter. Evidement, il y a beaucoup de réponses formulées à cette situation aussi bien dans la presse que dans les discussions entre des citoyens.
On impute cette situation épidémique préoccupante, d'abord au déconfinement, mais on ne peut rester éternellement confiné. L'on met aussi en cause l'incivisme et l'attitude d'une partie de la population, et ce, pour n'avoir pas respecté les mesures barrières et n'avoir pas porté le masque de protection.
Ce qui reste encore une source d'interrogation, ce sont les regroupements familiaux, les mariages ou les cérémonies de circoncision. Les statistiques des contaminations ont montré que 25% des personnes testées positives au virus sont des cas familiaux. Cette situation suggère des mesures différentes et exige de réagir différemment, tout en se demandant quels sont nos moyens pour y faire face et de nous mettre par conséquent dans un état de vigilance absolue.
Vous confirmez bien que l'Algérie fait face à une montée exponentielle de la pandémie ?
Effectivement, La montée de la pandémie est exponentielle, mais cela veut dire quoi ? Qu'on n'est plus à 60, ou 80 cas par jour, on est passé à des bilans de contamination à trois chiffres. On a dépassé aujourd'hui (avant-hier mardi, ndlr) à plus de 500 cas par jour. En valeur absolue, 500 contaminations par jour, c'est beaucoup, en sachant qu'il n'y a pas beaucoup de personnes qui ne sont pas testées. Mais si on analyse ce chiffre en valeur relative, c'est relativement peu par rapport aux 43 millions d'habitants. On est en fait dans les mêmes scénarios qui se produisent dans les autres pays.
Mais il y a tout de même un dysfonctionnement chez nous...
C'est un dysfonctionnement qui est à l'origine de tout cela. Un dysfonctionnement qui fait que les hôpitaux n'ont pas mis tous les moyens pour y faire face. Prenez un hôpital qui dispose de presque 1 600 lits, qui n'en réquisitionne pour les malades Covid que 60% et le gestionnaire vous dit qu'il est à 100%. Mais en réalité, ce n'est pas véritablement ça le problème.
Où est alors le problème ?
Par rapport à nous, les autres pays vivent cette crise sanitaire induite par le coronavirus, calmement. Autrement dit, la crise évolue dans une situation sociopolitique apaisée. Ce sont des pays où il n'y a pas de problème. Chez nous par contre, il y a un problème. Il y a quelques mois de cela, c'était le Hirak. Les gens sortaient pour exprimer leur mécontentement pendant tout le temps du Hirak en 2019. Et la Covid-19 fait son apparition dans le pays et empêche les sorties pour s'exprimer par des affiches, des cris et des pancartes. Cependant, cette situation épidémique n'a pas empêché certains de s'exprimer et d'exprimer leur colère autrement. Alors, on a un système de santé dont tout le monde dit qu'il était sinistré. C'est pour cette raison d'ailleurs que le président de la République a décidé de faire une réforme totale. Voilà que la population se trouve excédée par cette épidémie. Alors que dans d'autres pays, ils manifestent en ce moment contre le reconfinement. Ce sont d'ailleurs des situations similaires, mais elles ne sont pas amplifiées, autrement dit, même s'il y a mécontentement, il est vécu et rapporté dans la presse. Alors que chez nous, il y a des manipulateurs derrière qui dénaturent la demande, même si cette demande est un peu justifiée, mais elle n'explique pas la manière adoptée pour l'exprimer.
Près de cinq mois après l'apparition de l'épidémie, la consolidation des chiffres pose toujours un sérieux problème, notamment ces dernières semaines. Comment peut-on expliquer ce décalage entre les décomptes communiqués par le ministère et ceux déclarés vos services extérieurs dans les wilayas ?
Il serait toujours difficile d'obtenir de vrais chiffres dans toutes les situations et dans tous les secteurs. À titre d'illustration, vous demanderez les statistiques du parc automobile national, vous n'aurez jamais les bons chiffres. Dans d'autres secteurs, il y a par exemple des erreurs d'écriture. En matière de suivi de l'évolution de la Covid-19, il faut savoir que nous recevons quotidiennement des chiffres parvenus des directions de santé de wilaya, il se trouve que dans les états épidémiques transmis par les DSP figurent, en même temps, des cas confirmés par la PCR et aussi par le scanner. Alors que le ministère ne prend en compte que les cas PCR, c'est la norme de l'OMS.
Comment se déroule l'opération de consolidations des chiffres dans la cellule de crise et de suivi de la pandémie ?
Il faut savoir que l'opération de consolidation des chiffres du jour est arrêtée à 11h du matin, autrement dit, on communique uniquement les bilans, après consolidation, parvenus des wilayas avant la deadline établie. Le reste qui parvient au-delà de 11h sera rendu public dans le décompte du lendemain.
Au sujet des décès déclarés, le même principe de déclaration et de remise des chiffres est également retenu. On fait par exemple zéro décès à 11h, mais notre interlocuteur d'une DSP donnée nous annonce à 14h, soit au-delà de la deadline, un décès ou deux. On va vite dire qu'il y avait un décès dans une wilaya, mais le comité ne l'a pas communiqué. Les décès communautaires sont également déclarés, alors qu'ailleurs dans le monde, on ne les signale pas. En fait, on n'est pas à une personne près. Je vous donne encore un exemple de comptage des décès, celui des accidents de la route. On annonce 10, 12 morts ou même plus ou moins, par accident de la route, alors qu'un blessé causé par un accident de la route qui est évacué vers l'hôpital décède cinq jours après, il n'est pas inscrit mort par accident de la route selon des conventions internationales ratifiées. Alors qu'il est difficile d'établir des chiffres d'un pays de la dimension d'un continent. Il vous annonce un bilan, il vous rappelle le même jour pour communiquer un autre décompte.
Quelles sont les premières mesures mises en application pour remédier aux dysfonctionnements liés à la prise en charge des malades à la lumière des instructions données par le chef de l'Etat ?
Nous avons fait plus de 20 wilayas où il y a une forte tension à l'exemple de Sétif, de Constantine et de Biskra. La plainte du citoyen se résumait dans le fait qu'il ne trouvait pas de place à l'hôpital. C'est inadmissible.
Pourquoi n'a-t-on pas pris les mesures, tout de suite après, pour résorber cette crise de saturation ?
En fait, cela relève du niveau de conscience élevé d'un chef de service pour accepter que son unité devienne Covid-19.
À ce sujet, il y a eu des querelles au sein des établissements. Des chefs de service n'ont voulu donner qu'une partie des lits du service pour la prise en charge de la Covid. Partant de ce constat, c'est condamnable et inadmissible, si bien qu'au tout début de la crise, on leur a demandé d'ouvrir leurs services pour soigner les infectés au coronavirus, alors qu'en réalité ces responsables se sont entendus pour dégager uniquement 2 à 3 unités et les autres services continuaient à exercer leurs activités médicales habituelles. Ce qui a donc créé une situation de saturation dans les hôpitaux.
Après la réunion de jeudi passé consacrée à la situation sanitaire et présidée par le président Tebboune, les choses ont commencé à changer...
Tout à fait, au lendemain de la réunion avec le Président, j'ai réuni tous les gestionnaires des hôpitaux d'Alger, j'ai exigé de tous les chefs de service de passer chefs de service Covid. J'ai instruit tous les chefs des structures hospitalières pour que 60% des lits disponibles soient dédiés à la Covid-19 et les 40% restants aux autres urgences médicales. Des gestionnaires se sont heurtés à des chefs de service qui ont résisté et qui ont refusé. La nouveauté, aujourd'hui, est que le chef de l'Etat a renforcé les attributions des walis, afin d'assister matériellement les hôpitaux et d'intervenir auprès des DSP pour qu'ils réquisitionnent des lits pour la Covid-19. Le wali, c'est l'Etat, la force publique, qui va nous accompagner dans notre démarche face aux éventuelles résistances à l'avenir des chefs de service. En fait, c'est une situation de défi qu'on est tenu de relever. Nous avons mis en branle un plan Orsec et nous sommes en guerre. En cas de besoin urgent, tous les hôtels sont mis à notre disposition.
Et le plan Orsec des moyens de détection et de lutte contre la pandémie ?
S'agissant des tests PCR, on les importe toujours. D'ailleurs ce matin (avant-hier mardi, ndlr), on a libéré trois programmes d'importation. Les machines utilisées pour la lecture des PCR qui sont manuelles tombent parfois en panne. Evidemment, c'est à mettre sur le crédit du système de santé, sans pour autant essayer d'échapper à mes responsabilités. Le système a toujours fonctionné comme ça. C'est un système qui a marqué depuis longtemps par son incapacité. Et peut-être que c'est un mal nécessaire. Mais, ne demandez pas au système de santé algérien d'être réactif comme le système de santé allemand.
Qu'en est-il des mesures prises pour protéger davantage le personnel soignant qui est en train de payer un lourd tribut dans cette longue bataille ?
Nous sommes tout à fait conscients qu'il faut assurer à nos collègues des moyens de protection. Des mesures ont été prises en termes de moyens de protection sur le front de lutte, à savoir des blouses, des combinaisons, des lunettes de protection, des charlottes, des surchaussures. Nous avons rapidement fait face. Nous citerons à titre d'exemple que nous avons commandé chez un producteur national 900 000 combinaisons, cela ne va qu'au personnel médical qui est au front contre la Covid, ainsi que des dizaines de milliers de masques...
Et qu'en est-il des mesures exceptionnelles prises pour faire face à l'épuisement du personnel soignant ?
Après près de cinq mois de lutte sans relâche au front, les équipes sont exténuées. La fatigue est beaucoup plus psychologique que physique. C'est la lassitude, c'est l'exaspération. J'ai instruit les chefs d'établissements hospitaliers d'organiser le partage et le roulement entre les services, qui ont assuré le service Covid et ceux qui ne l'ont pas fait.
Combien sont-ils jusqu'à aujourd'hui (mardi) ces soldats aux blouses blanches décédés sur le front et ceux infectés ?
Jusqu'à aujourd'hui, on déplore 38 décès parmi les corps de santé et 1 970 personnes infectées par la Covid-19. Tout décès et toute perte de personnes infectées nous affectent profondément.

Un semi-confinement spécial est-il prévu pour les fêtes de l'Aïd el-Adha ?
Durant les deux jours de l'Aïd el-Fitr, on avait interdit les déplacements en voiture, mais les rencontres dans les quartiers n'ont pas été interdites. Ce dispositif avait permis de réduire les possibilités de transmission du virus. Pour l'Aïd el-Adha, je ne vous dis pas que ça va être confiné de la même manière, mais la similitude entre les deux fêtes, ce sont les rencontres familiales, tout en prenant en compte, cette fois-ci, des attroupements des gens autour des moutons notamment le jour de l'Aïd à travers l'acte du sacrifice de la bête.
Entretien réalisé par : Hanafi H.


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