Selon les données de l'Agence européenne des frontières, les Algériens représentent 55% des migrants interceptés dans le détroit et la mer d'Alboran, lorsque les années précédentes, ce pourcentage ne dépassait pas 10%. Parallèlement à la crise sanitaire mondiale se profile une autre crise humanitaire ; des centaines d'Algériens ont repris la route de l'émigration clandestine. Dans la nuit de vendredi à samedi, les autorités espagnoles ont intercepté 418 migrants clandestins dans la région de Murcie, dont une majorité d'Algériens. Selon des médias espagnols, ces 418 migrants sont arrivés sur les côtes ibériques à bord de 31 bateaux. Ils sont actuellement dans la région de Murcie où ils doivent être mis en quarantaine par crainte d'être atteints de Covid-19. Selon le journal El Pais, "une partie a été secourue en haute mer par le sauvetage maritime et la Garde civile, et d'autres ont déjà été localisés à terre, selon des sources de la délégation gouvernementale à Murcie". S'il admet que les bonnes conditions climatiques ont encouragé, ces dernières semaines, la reprise de cette activité de migration clandestine, le célèbre journal estime que le nombre de débarqués était très important, surtout que cela est arrivé dans une seule région et en une seule nuit. À titre de comparaison, dans la semaine du 13 au 19 juillet, 170 migrants sont arrivés irrégulièrement dans toute l'Espagne. Durant la même nuit de vendredi à samedi, la région voisine d'Alicante avait reçu 12 autres bateaux qui transportaient 79 migrants. Les médias espagnols n'ont pas donné les détails sur les nationalités des migrants. Mais des vidéos partagées sur les réseaux sociaux montrent des groupes de jeunes algériens, parfois accompagnés de femmes et d'enfants, arrivant sur les côtes espagnoles. Certains ont même laissé des commentaires se félicitant de leur arrivée en Europe. Des familles de certains migrants indiquent que le coût de la traversée est de 600 000 DA par personne. La filière algérienne réactivée Outre ces indices, des rapports gouvernementaux espagnols avancent que les départs de bateau depuis les côtes algériennes et qui finissent par débarquer, notamment aux Baléares, à Murcie et à Alicante, sont en augmentation depuis 2019. "Actuellement, les Algériens représentent 55% des migrants interceptés dans le détroit et la mer d'Alboran, lorsque les années précédentes, ce pourcentage ne dépassait pas 10%", selon les données de l'Agence européenne des frontières (Frontex). En mai dernier, un rapport de la Commission européenne, révélé par El Pais, s'alarmait sur la route migratoire algérienne. "À moyen terme, la pression migratoire algérienne devrait rester élevée, étant donné que les réseaux de trafic ont adapté leur modus o0perandi et organisent des départs simultanés pour dépasser la capacité des autorités algériennes malgré les restrictions de la Covid-19", précise le document. Jusqu'au 3 mai, 1 389 personnes étaient arrivées irrégulièrement d'Algérie par cette route et pratiquement toutes de nationalité algérienne, révèle encore la presse ibérique. Selon les données de Frontex, collectées dans ce rapport communautaire, les Algériens "représenteraient un quart du nombre total d'entrées par voie maritime enregistrées dans le détroit et la mer d'Alboran". Deux "passeurs" en provenance d'Algérie ont même été arrêtés, la semaine dernière, en Espagne, indiquent des médias locaux. Outre son caractère illégal, cette vague migratoire pose des problèmes sanitaires aux autorités espagnoles. Surtout que parmi les migrants interceptés, au moins 7 ont été contrôlés positifs au coronavirus. Ils ont été transférés dans un centre de santé de la région de Murcie. Mais les autorités locales craignent de ne pas pouvoir mettre tout le monde en quatorzaine, comme l'exige la réglementation locale pour toute personne arrivant de l'étranger. Le protocole sanitaire établi par les autorités espagnoles prévoit que "si nécessaire, l'autorité sanitaire peut demander une autorisation émanant d'un juge pour imposer des mesures de privation ou de restriction de liberté pour garantir l'isolement". Au bout de 60 jours de détention, les migrants sont soit expulsés vers leur pays d'origine, soit libérés en attendant de leur trouver une solution en Espagne. Ali Boukhlef