Les fluctuations de l'activité économique algérienne sont étroitement liées à celles des prix du pétrole. Ce lien est principalement dû à la part importante de la valeur ajoutée du secteur des hydrocarbures dans le produit intérieur brut (PIB). C'est l'une des conclusions d'une étude menée par trois chercheurs du Centre de recherche en économie appliquée pour le développement (Cread) sur "les effets macroéconomiques des fluctuations des prix du pétrole en Algérie". La dépendance structurelle de l'économie algérienne vis-à-vis du secteur des hydrocarbures est très préoccupante, souligne l'étude, "d'abord, parce que ce secteur représente la principale rentrée en devises étrangères pour l'économie ; ensuite, il est également source de procyclicité pour les dépenses publiques et la politique fiscale". Les résultats de l'étude montrent un impact "fort et clair" des fluctuations internationales des prix du pétrole sur la croissance du PIB, les exportations d'hydrocarbures et les dépenses publiques. Pour examiner l'impact des chocs pétroliers sur les agrégats des comptes nationaux, les chercheurs se sont appuyés sur des données semestrielles allant de 1999 à 2019. Les comptes nationaux qu'ils ont analysés sont le PIB et quatre de ses composantes du côté de la production, à savoir l'agriculture, y compris la sylviculture et la pêche, les hydrocarbures, le BTPH et les services marchands. Les trois chercheurs se sont aussi intéressés, du côté de la demande, à la consommation des ménages, à celle des administrations publiques, aux importations et aux exportations des hydrocarbures. "Les résultats des corrélations croisées indiquent que les prix du pétrole brut sont procycliques par rapport au PIB, au secteur des hydrocarbures et aux exportations d'hydrocarbures. Les corrélations contemporaines entre la composante cyclique des prix du pétrole brut et ces trois secteurs sont très fortes", souligne l'étude. Ce lien, explique-t-on, est principalement dû à la part importante de la valeur ajoutée du secteur des hydrocarbures dans le PIB. Une augmentation imprévue des prix du pétrole a un impact positif sur le taux de croissance du PIB, relèvent les chercheurs. Cependant, nuancent-il, l'effet est de courte durée et s'estompe en près de trois trimestres. Toutefois, indique l'étude, ce n'est pas le seul canal par lequel les chocs pétroliers se répercutent sur la croissance économique. "Car le secteur de la construction est également touché de manière positive par un choc pétrolier inattendu", soulignent les chercheurs. Le secteur du BTPH réagit positivement à une augmentation inattendue du prix du pétrole. En revanche, les résultats montrent qu'un choc positif des prix du pétrole a un impact très faible sur le secteur commercial et un impact négatif sur celui de l'agriculture. Les chercheurs ont constaté, également, que les chocs réels des prix du pétrole ont un impact sur la demande intérieure globale. La consommation finale de l'administration affiche la réponse la plus importante aux chocs des prix du pétrole. "Cela peut s'expliquer par un effet de politique budgétaire expansionniste", explique-t-on. Quant à la croissance de la consommation des ménages, les chercheurs supposent "qu'elle est due à la redistribution des revenus qui est censée améliorer le pouvoir d'achat des consommateurs". Les importations réagissent elles aussi positivement aux impulsions des prix du pétrole, mais dans une proportion moindre, car les auteurs de l'étude soupçonnent "les avoirs étrangers nets de jouer le rôle d'un mécanisme de lissage qui amortit les chocs étrangers, notamment ceux des prix du pétrole".