L'Algérie est au carrefour des risques naturels majeurs. Notre pays est exposé à plusieurs catastrophes naturelles dont les séismes, la désertification, l'ensablement, le glissement de terrain, les incendies, les inondations... Si le Nord fait face aux récurrents épisodes de tremblement de terre, les régions des Hauts-Plateaux et le Sud ne sont pas, elles aussi, à l'abri d'autres phénomènes naturels. La géologie et la géographie qui rendent les terrains instables à cause de la plaque tectonique africaine, la pluviométrie irrégulière marquée par des épisodes de pluie torrentielle à l'origine des inondations, la forte urbanisation, parfois anarchique, avec une concentration plus importante de la population... résument en partie les caractéristiques des risques majeurs en Algérie. L'impact des risques majeurs sur le pays a été au centre des discussions lors de la conférence organisée hier par le Conseil national économique et social (Cnes) à l'Ecole supérieure de management de Koléa. La plupart des spécialistes qui se sont exprimés à ce sujet, ont mis l'accent sur la nécessité de former la société civile sur les méfaits de ces risques majeurs sur le pays. Les experts ont insisté sur le renforcement impératif de la surveillance de ces risques et la prévention. "Il faut intégrer la culture des risques au sein de la population", dira Mme Kheira Bradai, sous-directrice des risques majeurs à la Direction générale de la Protection civile. Pour elle, il est indispensable d'informer le citoyen sur ces risques. Cela passe, selon elle, par la mise en place de banques de données liées à ces risques, à savoir les feux de forêt, les risques sismiques, géologiques et industriels. Il faut établir, suggère-t-elle également, une cartographie des risques majeurs par wilaya et par commune. "Il est nécessaire de lancer des campagnes de formation, de sensibilisation, d'éducation des citoyens surtout les scolarisés estimés à près de 9 millions d'élèves", souligne Mme Bradai. Par ailleurs, les experts ont proposé aux responsables locaux d'adapter les projets identifiés en fonction des spécificités territoriales, tels l'ensablement et les glissements de terrain. La crise sanitaire provoquée par la Covid-19 et ses conséquences sur le pays a été évoquée par les intervenants lors de cette rencontre. "Il faut bien étudier et examiner cette pandémie pour servir de leçon aux prochaines épidémies", affirme le Pr Fetoum Lakhdari, chercheure et experte dans le domaine des risques majeurs. Ce virus a engendré, explique-t-elle, une cascade de crises socioéconomiques dont des tensions dans les ménages, la fermeture des écoles et le chômage. "Il faut que l'Algérie continue de former ses cadres, soutenir les corps spécifiques et accorder plus d'intérêts à la société civile... tout en inculquant la culture des assurances chez les citoyens", précise le Pr Lakhdari. Pour sa part, le Pr Djilali Benouar a abordé le volet de la prévention. Il cite les mesures préventives structurelles ayant trait aux méthodes de conception et de construction notamment, le code parasismique, le renforcement et le contrôle des structures.