Décédé le 29 septembre dernier à l'âge de 80 ans, à Antony, en France, l'infatigable militant de la cause berbère, Mouloud Kaneb, a été inhumé, hier, dans son village natal Ighil Iguelmimen, dans la région des Ouadhias (Tizi Ouzou), en présence de la population de son village, de sa famille et d'une foule nombreuse venue lui rendre un ultime hommage. Plusieurs figures du combat identitaire et de militants politiques ont assisté aux obsèques de cet homme qui a consacré toute sa vie à la lutte pour la reconnaissance et l'épanouissement de sa langue maternelle. "Dès son arrivée en France au milieu des années 60, il prit contact avec de nombreux militants de la cause berbère qui discutaient de l'identité et de la langue amazighes dans des cafés tenus par des émigrés. Il rencontrait surtout le défunt Hamid (Chabane Hamici) qui animait une émission en kabyle à l'ORTF avec lequel il évoquait sérieusement cette question", a témoigné un émigré de la région. Dès l'annonce de sa triste disparition, de nombreux hommages lui ont été rendus par les militants engagés dans le combat pour la reconnaissance de l'identité amazighe aussi bien en Algérie qu'à l'étranger. Mouloud Kaneb est né le 28 octobre 1940 à Ighil Iguelmimen dans la commune des Ouadhias. Après avoir travaillé à Alger, il enseigna quelque temps à l'école des Pères blancs d'Iwadhiyen avant de s'exiler en France comme les jeunes de son âge au début de l'indépendance du pays. En 1966, il rencontra les enfants de son village installés à Paris, notamment au 15e arrondissement avec lesquels il participa activement à la création de l'Académie berbère (Agraw Imazighen), aux côtés de Bessaoud Mohand-Arab, Yahia Latrous, Mohamed-Amokrane Khelifati, Abdelkader Rahmani, Taous Amrouche, Slimane Azem et bien d'autres militants. Le défunt Mouloud Kaneb a été l'un des grands animateurs de ce mouvement. On raconte qu'en 70, il détenait déjà de nombreux exemplaires de l'emblème amazigh qu'il distribuait dans l'Hexagone et dans d'autres pays d'Europe. Son parcours a été semé d'embûches, mais cela ne l'a pas empêché de travailler avec ses camarades au rayonnement de l'Académie berbère en distribuant des tracts, des revues et en organisant des réunions périodiques avec les militants qui rejoignent ce mouvement. À noter qu'Agraw Imazighen a été le point de chute de tous les Imazighen de France jusqu'en 1978 avec l'adhésion massive de la diaspora kabyle. Cette académie, faut-il le rappeler, a joué un rôle primordial dans la diffusion de l'alphabet amazigh en tifinagh et elle a participé aussi à la formation de nombreux militants qui porteront cette revendication jusqu'à sa reconnaissance comme langue officielle et nationale dans la Constitution algérienne.