Sans surprise, le référendum sur le projet de révision de la Constitution n'a pas attiré la grande foule, hier, à Oran. Les chiffres livrés pendant la journée par la délégation de l'Autorité nationale indépendante des élections sont parlants : à 11h, seuls 52 199 votants se sont rendus dans les bureaux de vote sur 1 055 983 électeurs inscrits, soit un taux de participation de 4,94%, et à 14h, ce nombre a péniblement atteint 125 490 pour un taux de participation de 11,88%. "Les Algériens ne sont pas intéressés par ce rendez-vous électoral pour plusieurs raisons : la situation politique et sociale pas très reluisante, l'hospitalisation du président de la République, l'absence de perspectives et des lendemains inconnus", analyse un observateur qui estime que le manque d'engouement de la population traduit la défiance envers les tenants du pouvoir. Dans la matinée comme dans l'après-midi, les Oranais ont vaqué à leurs occupations ordinaires, accordant peu d'attention aux bureaux de vote et à la campagne électorale. "Les priorités sont ailleurs : moi j'ai peur du coronavirus et j'appréhende beaucoup la rentrée scolaire du 4 novembre. J'ai aussi peur de l'avenir parce que je ne suis pas persuadée que les choses ont réellement changé en Algérie", soutient une femme, cadre dans une société nationale, dont la fille reprend les cours mercredi prochain. D'autres Oranais, qui ont refusé de se rendre aux urnes, justifient leur boycott par leur conviction que la "Nouvelle Algérie" n'est pas advenue. "Même si d'autres personnes occupent le devant de la scène, le système n'a pas fondamentalement changé. Les mêmes parties sont au pouvoir, l'APN et les partis politiques toujours là et les pratiques n'ont pas changé", dénonce un jeune Oranais, persuadé que le changement auquel les Algériens aspirent n'est pas pour demain. Ainsi, comme beaucoup d'Algériens, la majorité des Oranais a décidé de ne pas se rendre aux urnes pour un référendum qui, estiment-ils, ne compte pas parmi leurs priorités et qui, de plus, a été organisé par le même régime qu'ils dénoncent depuis le 22 février 2019. Rappelons que la wilaya d'Oran compte quelque 1 055 983 électeurs, dont 17 087 nouveaux inscrits, répartis sur 296 centres de vote pour un total de 2 425 bureaux de vote.