Le bilan du ministère de l'Energie lève le voile sur une hausse de +3% de la consommation nationale d'énergie, alors que la production primaire a reculé de -4,8% en 2019. Les vulnérabilités de l'Algérie sont à nouveau soulignées au crayon-feutre dans un bilan diffusé, hier, par le ministère de l'Energie. Les principaux paramètres de cette vulnérabilité se rapportent à la hausse de la consommation interne des produits énergétiques, alors que la production primaire d'hydrocarbures poursuivait son mouvement baissier entamé depuis maintenant plus d'une décennie. Le bilan du ministère de l'Energie lève le voile sur une hausse de 3% de la consommation nationale totale d'énergie pour s'établir à 66,9 millions de tonnes équivalent pétrole (Tep) en 2019. Elle représente près de 43% de la production totale. Celle-ci avait atteint l'an dernier 157,4 millions de tonnes équivalent pétrole (Tep), en baisse (-4,8%) par rapport aux réalisations de l'année 2018. La consommation finale d'énergie a, en revanche, augmenté de +4,6% pour s'établir à 50,4 millions de Tep, tirée essentiellement par le gaz naturel (+6,1%), les GPL (+9,6%), les produits pétroliers (+4,1%) et l'électricité (+2,7%). La consommation finale des produits pétroliers, y compris GPL, s'est accrue de +4,9% en 2019 pour s'établir à 19 millions de Tep, lit-on dans le bilan du ministère de l'Energie. La croissance de la consommation maintient ainsi sa vigueur au point qu'elle avoisine désormais près de la moitié des hydrocarbures produits en 2019. Ce scénario n'a rien de réjouissant, puisque plus la consommation domestique carbure, plus elle grignote les volumes dédiés à l'exportation. Le bilan du ministère ne fait que confirmer les grandes tendances du secteur, à savoir le mouvement baissier que connaît la production primaire d'hydrocarbures, amorcé il y a plus d'une décennie, une variation à la hausse du taux de consommation nationale des produits énergétiques, alors que le commerce extérieur des hydrocarbures obéit aux conditions du marché pour ce qui est des exportations et des capacités de raffinage concernant les importations. Au chapitre de la production, des variations à la baisse ont caractérisé l'ensemble des produits avec, au tableau, une baisse de -7,3% du gaz naturel, -0,4% du pétrole brut et -7,6% du condensat. Seule la production d'électricité primaire a connu une variation à la hausse durant 2019, passant de 783 à 835 GWh, tirée par une hausse de +30% de la production de la filière hydraulique, souligne le document du ministère. "La structure de la production d'énergie primaire commerciale reste dominée par le gaz naturel à hauteur de 54%", lit-on dans le même bilan. Face à une production qui décline d'année en année, la consommation, elle, évolue à vive allure. Au chapitre des échanges d'énergie, le bilan officiel fait état d'une hausse fulgurante des importations en 2019, soit de +98,3%, à 3,1 millions de Tep, à la suite de l'arrêt des opérations de processing de pétrole brut à l'étranger. En revanche, les exportations d'énergie ont atteint 92,0 millions de Tep, reflétant une baisse de -8,7% par rapport aux réalisations de 2018, en raison, notamment, de la chute des exportations de gaz naturel par gazoducs (-31%), rapporte ledit document. Le bilan des échanges d'énergie fait ressortir ainsi un solde exportateur net de 89 millions de Tep, en baisse (-10,4) par rapport à l'année 2018. Le nouveau bond de la consommation domestique de l'énergie constitue un facteur anxiogène pour le gouvernement qui, par la voix du ministre de l'Energie, plaide désormais pour une réorientation de la consommation vers les secteurs créateurs de valeur ajoutée. D'autant que cette hausse évolue dans le sens contraire du taux des réserves et des capacités de production à long terme qui connaissent un mouvement baissier ininterrompu.