L'année 2020 a été marquée par les conséquences à l'échelle mondiale engendrées par une crise sanitaire inédite qui a ébranlé tous les secteurs. Les répercussions du confinement ont aussi touché de plein fouet des milliers de femmes à travers le monde, victimes de violences physiques et morales, de harcèlement, de viols et même de meurtres. À cette occasion, et devant l'urgence d'agir, Fernando Morán, ambassadeur d'Espagne en Algérie, a organisé, hier à la mi-journée, une rencontre au cœur de sa résidence devant un parterre composé de juristes, de militantes et de femmes de lettres à l'occasion de la Journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes. Le diplomate a insisté sur la nécessité de renforcer et d'accompagner les instruments juridiques concrets "comme les lois contre la violence faite aux femmes, dont disposent l'Algérie et l'Espagne à d'autres actions et décisions". Un travail approfondi doit se faire sur trois niveaux, afin d'aider à faire émerger des actions à même d'éradiquer les féminicides : l'éducation, la société et les médias publics et privés. La loi intégrale espagnole, modèle pris par l'ONU, combine une pluralité d'instruments, de mesures et de programmes. Est considérée comme "crime machiste", toute atteinte sur une femme, dans le cadre d'une relation conjugale, sentimentale ou sexuelle. "Les présumés délits sont poursuivis d'office par le procureur." Ce dernier "a l'obligation de poursuivre l'affaire et d'accuser le suspect, même si la victime retire sa plainte". Dans nos contrées, expliquait Me Nadia Aït Zaï en marge de la réception, l'Algérie, en termes de violences contre les femmes, comptabilise plus de 5 000 plaintes annuelles pour violence, dont 4 000 approximativement pour coups et blessures, 7 morts annuelles des suites de violences physiques, suivies par les tentatives d'homicide et les homicides volontaires, qui sont au nombre de 45 femmes. Pour Me Aït Zaï, le tableau n'est pas tout totalement noir avec l'amendement du code pénal sur les violences faites aux femmes. "C'est une loi qui introduit les quatre types de violence, que sont le harcèlement de rue, sexuel, économique et le viol entre époux." Durant la pandémie, la juriste a constaté, comme partout ailleurs dans le monde, une recrudescence des cas de violence. Prises au piège, les femmes victimes de violences ne se sont pas rendues dans des commissariats ou des associations, mais ont signalé leurs agressions par téléphone. Depuis quelques mois au niveau des tribunaux, le nombre de divorces a augmenté de manière vertigineuse, déplore-t-elle. Rien qu'au niveau d'un tribunal algérois, pas moins de trente divorces ont été dénombrés en une journée. "Elles ont subi des violences physiques et psychologiques, mais n'ont pas pu quitter leur domicile pour porter plainte ou se rendre chez le médecin légiste, car on leur demandait de revenir." À noter qu'un débat virtuel a été diffusé, hier en fin de journée, sur la chaîne YouTube de l'Institut Cervantès, avec les interventions de Nadia Aït Zaï, Fadhila Boumendjel-Chitour, Amina Izakouren, Hafida Benchehida et Amel Belaïd.