Les pilotes de la compagnie, affiliés au SPLA et à l'UGTA, estiment "opportun de se pencher sur la réouverture des frontières avec un protocole sanitaire qui garantirait un contrôle du risque d'importation du virus". Air Algérie traverse une crise sans précédent due notamment à la fermeture de l'espace aérien en vigueur depuis le 18 mars dernier. C'est face à cette situation préjudiciable à la situation financière de la compagnie que les syndicats d'Air Algérie interpellent les pouvoirs publics à réagir en toute urgence en permettant à la compagnie de reprendre graduellement ses activités, à l'instar de ce qui passe dans le monde. Ainsi en est-il des Syndicats des pilotes de ligne algériens (SPLA) et de l'UGTA qui ont, dans un communiqué commun, estimé "opportun de se pencher sur la réouverture des frontières avec un protocole sanitaire qui garantirait un contrôle du risque d'importation du virus". Pour étayer leurs dires, les syndicats de l'UGTA et du SPLA ont indiqué que "la reprise des vols sur le réseau intérieur peut être bénéfique à plus d'un titre (sous réserve des décisions des pouvoirs publics)", à savoir "faciliter les conditions de transport de nos compatriotes du Sud qui souffrent depuis plusieurs mois, permettre la mise en place et l'application rigoureuses du protocole sanitaire et en déceler les éventuels manquements en prévision de l'ouverture des frontières, et maintenir l'état de navigabilité de la flotte et les compétences du personnel (un avion cloué au sol revient plus cher qu'un avion qui vole même a minima)". En soulignant que "plusieurs gouvernements du monde ont soutenu leurs compagnies aériennes non seulement par des mesures financières et sociales, mais aussi en créant un environnement qui leur permet de maintenir une partie de leur activité", les deux syndicats soutiennent que "malgré ces mesures de facilitation, plusieurs compagnies ont été contraintes, pour leur survie, de procéder à une réduction des effectifs et des salaires, à une restructuration et à une mise en vente ou stockage d'une partie de leur flotte". Quid d'Air Algérie ? "Les syndicats se posent sérieusement la question du devenir de la compagnie devant l'absence de mesures minimales d'accompagnement du pavillon national dans la mesure où l'activité de notre compagnie s'est limitée à la réalisation de quelques vols de rapatriement à perte, charters, ainsi que le maintien de l'activité cargo, alors que d'autres compagnies étrangères continuent de transporter régulièrement des passagers de et vers l'Algérie à des tarifs exorbitants, souvent exigés en devises", soutient le communiqué. Et ce, avant d'expliquer que "cette situation est extrêmement préjudiciable pour Air Algérie, sur le court terme, avec un manque à gagner immédiat et, sur le moyen et le long terme, avec une possible perte de clientèle qui se redirigera vers d'autres compagnies. Air Algérie a depuis toujours tenu tête à toute concurrence à la seule condition qu'elle soit loyale". Les syndicats des pilotes de ligne de l'UGTA et du SPLA soulignent, pourtant, que les problèmes de la compagnie ne sont pas seulement financiers, indiquant avoir été "surpris d'apprendre, à travers les médias, des décisions, telles que la création de compagnies privées et ne maintenir la compagnie nationale que sur le réseau international". Les syndicats rappellent, dans ce sens, que "la compagnie, bien qu'asphyxiée financièrement, continue à ce jour de financer sur ses fonds propres les salaires de ses 10 000 travailleurs contrairement à des compagnies majors qui sont passées sans attendre à des mesures sociales douloureuses". Et de dénoncer "les attaques et dénigrements infondés" sur tous types de médias que subit quotidiennement la compagnie, en soulignant que "tout le personnel d'Air Algérie se retrouve dans le désarroi total et s'inquiète plus profondément quant à son devenir, notamment devant la persistance des rumeurs allant jusqu'à sa liquidation totale". C'est dans ce sillage qu'intervient aussi l'annonce, par le Syndicat des mécaniciens d'avion (SNTMA), de l'échec des négociations avec la direction de la compagnie, quant à la réduction des salaires proposée par la direction de la compagnie. A. Rafa