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"Impossible de supprimer le ministère des Moudjahidine..."
Mohammed El-Korso, historien spécialiste du mouvemen national
Publié dans Liberté le 02 - 12 - 2020

Enseignant d'histoire à l'Université d'Alger, Mohammed El-Korso, déplore que le ministère des Moudjahidine "serve encore d'instrument politique aux mains des différents régimes." Si pour lui, la suppression de ce département budgétivore "ne se pose pas dans l'immédiat pour des raisons objectives, il n'en demeure pas moins qu'un travail de fond doit être mené, ne serait-ce que pour rétablir la notion des priorités."
Liberté : Le ministère des Moudjahidine vient de bénéficier, de nouveau, d'un budget qui dépasse de loin ceux attribués à des secteurs stratégiques, tels que l'agriculture, les ressources en eau ou encore la culture. Ce budget est-il justifié, selon vous ?
Mohammed El-Korso : Ce n'est pas la première fois que cela arrive. Dans la LF 2000, le budget alloué au ministère des Moudjahidine dépassait celui des secteurs névralgiques pour le développement du pays et la construction de la démocratie comme la justice, les travaux publics, les transports, la santé, sans parler de l'éducation nationale et de l'enseignement supérieur.
Ce qui pose problème, c'est la part consacrée à la santé qui souffre cruellement en ces temps de pandémie de Covid-19, non seulement d'infrastructures, mais plus grave encore, de moyens basiques comme l'oxygène, le gel hydroalcoolique, les moyens de protection (masques, blouses et surblouses...).
Ce constat dénoncé depuis l'apparition de la pandémie en mars par d'éminents professeurs, et non des moindres, n'a pas trouvé un écho favorable auprès des décideurs. La notion de priorité stratégique – parce que c'est le cas — n'a, malheureusement, pas été respectée.
Au-delà du versement des pensions, une formalité dont peut s'acquitter toute administration, peut-on savoir les missions de ce ministère ?
Cette question est à poser au ministère des Moudjahidine. Je dirais pour ma part que la mission dévolue à ce ministère depuis 1962 a évolué avec le temps. Il fallait inventorier les chouhada et les chahidate, les moudjahidine et les moudjahidate, mettre en place des structures pour préserver la mémoire du peuple combattant, telles que le Musée national du moudjahid et des musées par wilaya, le Centre national d'études et de recherches sur le mouvement national et la Révolution du 1er Novembre 1954, etc.
En parallèle, et c'était le plus urgent, prendre en charge les victimes de la Révolution, qu'il s'agisse des ayants droit des chouhada ou des moudjahidine eux-mêmes. Depuis une année, de lourds dossiers comme celui des disparus, des archives, des indemnisations des victimes des essais nucléaires ont été confiés à ce ministère qui sont, en même temps, du ressort du Conseiller chargé auprès la présidence de la République des archives et de la mémoire.
Régulièrement, la polémique ressurgit sur l'existence de faux moudjahidine. Votre avis sur cette question ?
La question des faux moudjahidine est un secret de Polichinelle. Les "martiens", en véritables précurseurs, ont ouvert la voie. Ce n'est pas pour relativiser cette grave dérive, cette atteinte immorale à la mémoire des chouhada et à la Révolution, mais toutes les révolutions ont connu le même phénomène.
La Résistance française a eu son lot de collabos qui, du jour au lendemain, sont devenus "résistants". C'est là que le bât blesse, car la tutelle n'a pas été réactive aux signaux qui lui avaient été adressés.Pis encore, elle a, semble-t-il, couvert les gros poissons et jeté l'opprobre sur celui qui a mis à nu ce scandale.
Je profite de cette occasion pour rendre un hommage appuyé aux sacrifices de Benyoucef Mellouk, qui a dénoncé les magistrats faussaires. Malgré les graves accusations dont il a été l'objet, le temps a fini par le réhabiliter. Autre problématique, celle des moudjahidine qui, après avoir combattu la France coloniale, ont bénéficié de la nationalité française et élu domicile dans le pays qui les a martyrisés.
Le problème n'est pas là me diriez-vous, certes, mais ils ont sévi pendant des décennies comme des donneurs de leçons allant jusqu'à culpabiliser toute une frange de la jeunesse l'accusant de tourner le dos à l'Histoire, à leur pays. Que répondre à mes étudiants d'histoire qui m'ont posé la question ? Que dire à ceux qui ne croient plus à rien, ni à Eth-Tewra, ni à leur pays ? Tout un travail de pédagogie est à faire.

D'aucuns considèrent que le travail de mémoire n'est qu'à ses premiers balbutiements. Cette question relève-t-elle des compétences du ministère des Moudjahidine ?
Le travail de mémoire est un long, très long travail, sur soi et sur la société dans son ensemble. Nous devons laisser le temps au temps, mais tout en s'attelant à conserver vivante la mémoire de ces "témoins de la mémoire", pour reprendre Saïd Oulmi. Avec le "départ" d'un témoin, c'est un pan de l'histoire nationale qui est perdu à jamais.
Depuis la sortie de la première génération de diplômés formés par l'université algérienne, des études de haute facture dans les différents domaines des Sciences sociales et humaines ont été produites. Ces études honorent leurs auteurs et leur université.
La mise à disposition, depuis les années 70-80, de nouveaux matériaux de recherche combinés à des problématiques ouvertes, dynamiques, dans les deux langues arabe et française, ont impulsé la recherche portée par de jeunes diplômés qui communiquent dans des universités étrangères arabes, européennes, américaines et même asiatiques.
Maintenant pour répondre à votre question, la recherche est le propre du MESRS, quant au ministère des Moudjahidine, il contribue, à travers les différents séminaires et colloques, à vulgariser l'Histoire de la Révolution.
Êtes-vous pour la suppression de ce ministère, comme le suggèrent certains ?
Dire que la nation est redevable envers nos glorieux chouhada et valeureux moudjahidine, c'est peu dire. Ils ont payé le prix fort. Ils méritaient et méritent que leurs souffrances soient allégées, que nous les protégions, que nous leur apportions toute l'attention demandée.
Mais continuer à parler d'ayants droit pour ceux qui ont au minimum 70 ans, cela relève d'un autre âge, sans aucun jeu de mots. Les temps ont changé. Il faut bien en prendre acte. Faut-il supprimer ce ministère dans l'immédiat ? Je n'irais pas jusque-là. Ce sera d'ailleurs objectivement impossible.
C'est un fait que ce ministère est budgétivore, ne serait-ce que par le nombre de ses fonctionnaires et toute la logistique qu'il mobilise. Il a été question dans un passé pas très lointain de le rattacher à la chefferie du gouvernement. Devant la violente levée de boucliers de la "famille révolutionnaire", le projet a été retiré.
Bien qu'à long terme, il faille bien passer par là ; sa "suppression" ne peut être envisagée pour le moment, et ce, pour trois raisons. Ce ministère a toujours été, et le sera pour quelque temps encore, une carte politique entre les mains des différents régimes.
Deuxièmement, de nouvelles missions d'ordre historico-politique, comme avancé précédemment, viennent de lui être confiées. Enfin, alors qu'il s'appelait ministère des Moudjahidine seulement, il s'appelle désormais ministère des Moudjahidine et des Ayants droit.
Autrement dit, cela signfie qu'il s'inscrit dans la durée. Il survivra au dernier moudjahid et continuera à prendre en charge les ayants droits des ayants droits dans une espèce de continuum sans fin.

Entretien réalisé par : KARIM BENAMAR


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