Se disant déjà profondément préoccupé par la situation des libertés dans le pays, le RCD, qui a réuni, jeudi, son secrétariat national à Alger pour examiner la situation générale du pays, ne cache pas son inquiétude face à la dégradation continue de la situation socioéconomique de l'Algérie. "Sur le plan socioéconomique, le secrétariat national relève avec une grande inquiétude la dégradation continue de la situation sociale de larges couches de la population et un marasme annonciateur de plus grandes incertitudes sur ce qui fait encore office d'économie dans le pays", décrit le RCD. Pour illustrer cette dégradation, il soutient que des pans d'activités entiers sont à l'arrêt dans les secteurs du bâtiment, des transports, de l'hôtellerie, de la restauration, du tourisme et du commerce. "Sans compter les dépôts de bilan en cascade des PMI/PME faute d'intrants ou de plan de charge", dit-il. Pour le RCD, les vingt ans de gabegie et de corruption et la pandémie de Covid-19 ne suffisent pas, bien entendu, à expliquer à eux seuls cette situation, puisque, souligne-t-il, cette descente aux enfers que subissent les Algériens a lieu pendant que les membres du gouvernement sont aux abonnés absents et qu'ils ne sont ranimés que pour entretenir polémique, controverses ou défendre le tour de vis liberticide imposé au pays. Pour preuve, le secrétariat national du RCD cite le timing choisi par le ministre de l'Industrie pour, dit-il, "enfoncer l'Eniem, victime, à l'instar de nombreuses grandes entreprises publiques et privées, d'un environnement fait de bazaris et de concurrence déloyale durant des années". Cela, au moment où, estime encore le parti, la sauvegarde des emplois, des entreprises et du pouvoir d'achat constitue un impératif et que la restructuration économique exige une politique globale, cohérente et transparente. "Tout le reste relève, au mieux, d'un bricolage ou de calculs d'épicier", considère le parti de Mohcine Belabbas, qui estime que l'on assiste plutôt, à travers la loi de finances 2021, au renoncement à toute forme de production et de développement. "La loi de finances pour 2021, qui concentre la politique économique de ce gouvernement, illustre parfaitement le renoncement à promouvoir toute forme de production et de développement à travers l'allocation des ressources disponibles au fonctionnement et aux appareils de répression et de propagande, en sus de déficits abyssaux qu'il faudra bien faire payer, un jour, au contribuable d'une manière ou d'une autre", dénonce le RCD qui considère la situation d'autant plus grave que les prévisions de la mission du FMI, qui a séjourné, affirme-t-il, "deux semaines en catimini", à fin novembre, sont sans équivoque. "Elle prévoit une récession de 5,2% et un déficit budgétaire record de 2 784,8 milliards de dinars, soit 14% du PIB, le plus fort déficit de la région Mena", écrit le RCD, qui se dit également inquiet par les affirmations des experts au sujet de la dévaluation programmée par le gouvernement et qui déprécierait le dinar de 30% d'ici à 2021. "Une décision qui risque de faire fuir l'investissement et qui, à coup sûr, déclassera une bonne partie de la classe moyenne, tout en jetant dans la pauvreté les plus fragiles", a-t-il analysé. La réunion du secrétariat national du RCD, qui a coïncidé avec la Journée internationale des droits de l'Homme, a été également une occasion pour ce parti de passer en revue la situation des libertés dans le pays. "Le SN du RCD constate avec regret la poursuite de la politique de fermeture des champs politique et médiatique, et la répression des libertés fondamentales au mépris des lois et de la Constitution en vigueur", relève ainsi le RCD, estimant, à ce sujet, qu'il est "nul besoin d'enquêtes, d'investigations ou de résolutions pour savoir que les atteintes aux droits humains par les organes gouvernementaux algériens sont récurrentes, massives et assumées". Par ailleurs, il a réaffirmé son attachement à la transition politique : "Le projet de rénovation de l'Etat pour restituer les droits fondamentaux et les richesses du pays à la communauté nationale ne peut être mené à bien sans une transition pacifique et démocratique qui prépare les conditions de l'expression de la volonté du peuple souverain."