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"Washington s'est rangé du côté du camp injuste"
Abdelkader Taleb Omar, ambassadeur sahraoui à Alger
Publié dans Liberté le 12 - 12 - 2020

Liberté : Le président américain Trump a reconnu la souveraineté du Maroc sur le territoire occupé du Sahara occidental. Quelle conséquence aura cette décision sur le conflit sahraoui ?
Abdelkader Taleb Omar : Le gouvernement sahraoui et le Front Polisario ont publié une déclaration dénonçant cet accord entre le président Trump, le Maroc et Israël concernant la normalisation avec Israël en échange de la reconnaissance par Trump de la souveraineté marocaine sur le Sahara, considérant cela comme un manque de légitimité, car la souveraineté marocaine n'est pas du tout reconnue par le droit international et n'accorde sa propriété à aucun autre pays pour en disposer.
Son appartenance revient au seul peuple sahraoui. Et ce dossier est une question de décolonisation. L'ONU a, d'ailleurs, affirmé que cette décision n'a aucun effet sur la situation du Sahara occidental et de nombreux pays européens individuellement (Espagne, Grande-Bretagne) ou l'Union européenne ont exprimé leur rejet de manière très claire. Même des membres du Congrès américain ont déclaré qu'ils préservaient le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination, et cela devrait rester ainsi. Le peuple sahraoui continuera sa lutte et ne sera pas découragé par ces difficultés, et nous espérons que ce sera un nuage éphémère avec le départ de Trump de la Maison-Blanche et l'arrivée de Biden, qui, nous l'espérons, révisera de nombreuses positions, nombre des positions que Trump a prises contre l'accord international et le droit international, et les choses reprendront leur cours.
Les Etats-Unis ont toujours été avec la position marocaine et ont été à l'origine de l'accord de Madrid. Ils n'ont changé de position que durant les années 1990 et sont devenus plus équilibrés depuis l'intervention des Nations unies. Cependant, cet écart empêchera Washington de rester au-devant de la scène dans la préparation d'un projet de règlement des Nations unies sur le Sahara avec le groupe des Amis du Sahara. Maintenant, il est devenu un partisan (de l'occupation marocaine du Sahara occidental, ndlr). Il perdra de fait le rôle de médiateur ou d'arbitre, parce qu'il s'est rangé du côté du camp injuste. Pour nous, il s'agit d'une menace pour la paix dans le monde, car avec cette décision, il n'y a plus de pays qui soit épargné par la violation de son offre. Les pays et les peuples deviendront des marchandises de troc et seront vendus par un pays spécifique comme ils le souhaitent.
Que compte faire le Front Polisario pour faire face à la nouvelle situation ?
Le Front Polisario a un pacte avec les martyrs et croit en la justice de sa cause. Il poursuivra la lutte. Cela ne l'arrêtera pas car il a plus d'influence psychologique et médiatique qu'autre chose. La coopération entre Israël et le royaume du Maroc était présente dans tout. Cette décision a donc un impact limité sur la volonté du peuple, et de nombreux pays n'ont pas suivi la politique de Trump dans de nombreux cas, et elle a donc été dénoncée. La direction de la politique internationale aujourd'hui n'est plus entre les mains d'un seul pays. De nombreuses parties ont confirmé qu'elles étaient avec le droit international et n'acceptaient pas sa violation. Cela nous donne un bel horizon et permet au peuple sahraoui de poursuivre sa lutte.
Avez-vous enregistré des développements sur le plan diplomatique pouvant contraindre le Maroc à revenir à la table des négociations ?
Ce qui est essentiel dans cette nouvelle situation, c'est le regain d'intérêt médiatique, politique et diplomatique. Beaucoup de pays demandent la nomination d'un envoyé spécial de l'ONU et le retour aux négociations, pour une solution pacifique de la cause sahraouie. Les Sahraouis ont été patients plus qu'il ne fallait. Et il y a ceux qui disent que l'ONU n'a pas joué son rôle, car, si elle l'avait fait, on ne serait jamais arrivé à cette situation. Donc, sortir de l'oubli notre cause et la replacer au cœur de l'intérêt international, avec la nécessité de trouver une solution définitive, c'est en soi quelque chose d'important, malgré la non-désignation d'un émissaire onusien jusqu'à l'heure actuelle.
À ce sujet d'ailleurs, l'absence d'un envoyé spécial de l'ONU pour le Sahara occidental est le résultat d'un manque de volonté politique, parce que le SG de l'ONU a tous les choix pour en désigner un. Il n'a aucun écueil pour le faire. D'un autre côté, nous constatons, à travers la persistance du conflit entre ceux qui veulent un mandat de six mois et ceux qui veulent lui laisser le temps nécessaire pour faire son travail, qu'il y a des parties qui ne sont aucunement pressées pour le règlement du conflit sahraoui. Et il nous apparaît que le SG de l'ONU est parmi ceux-là. Il y a peut-être une autre raison qui a rendu cette mission comme une comédie ou une pièce de théâtre que personne ne veut regarder ou à laquelle personne ne veut participer puisqu'il finira par démissionner. Cela dit, même si un envoyé spécial de l'ONU au Sahara occidental est désigné, cela reste insuffisant si le Maroc persiste à défendre son plan d'autonomie. Devant le négationnisme de ce dernier, il n'y aura pas de grands changements, et la solution reste de mettre une véritable pression sur le régime marocain pour lui faire admettre qu'il s'agit d'une affaire de décolonisation et non pas un conflit entre le Maroc et l'Algérie ou il s'agit d'un conflit régional. La Minurso est une mission pour le référendum d'autodétermination et non pas pour d'autres choses.
Quelles sont vos conditions pour reprendre les négociations ?
Tout au long de ces décennies, le Makhzen a agi en totale contradiction avec le plan de paix signé par Hassan II, lequel avait accepté, même théoriquement, la tenue d'un référendum d'autodétermination. Il a aussi accepté la mise en place d'une mission de l'ONU (Minurso) pour l'organisation du scrutin et ses résultats, affirmant qu'il allait même ouvrir une ambassade au Sahara occidental si le peuple sahraoui votait pour son indépendance. Dans la foulée, il a reçu une délégation du Front Polisario à laquelle il avait déclaré : "Nous avons pris la terre, mais pas le cœur du peuple."
En contrepartie, les Sahraouis ont accepté le cessez-le-feu, espéré aller vers ce référendum et proclamer la naissance de la République sahraouie. Aujourd'hui, le régime marocain a abandonné cet accord et rejette le référendum, car il sait que le mot référendum équivaut à indépendance, ce qui signifie que s'agissant d'accepter le référendum, est une reconnaissance de la RASD. En s'attaquant à Guerguerat, le régime marocain ne s'attendait pas à la réaction des Sahraouis, ni à la réaction de la communauté internationale, et il tente désormais de revenir au statu quo. Mais ce ne sera pas le cas et les Sahraouis ne s'arrêteront pas cette fois-ci, sauf s'il y a quelque chose de concret.
Cela ne veut pas dire que nous sommes des partisans de la guerre et personne ne peut nier que nous avons été patients pendant 29 ans. Et à chaque fois, ils savaient qu'il y avait manipulation, mais ils disent : "Nous allons attendre et voir" jusqu'à ce que les décisions prises pour régler ce conflit deviennent une seule copie, reconduite d'année en année.
Maintenant, les Sahraouis se sont sentis humiliés. Et pourtant, ils n'ont pas déclenché la guerre, ils ont manifesté pacifiquement. Même la manifestation pacifique ne les a pas aidés. Pour eux, il s'agit aujourd'hui d'une question de vie ou de mort, et ils ne répéteront jamais l'expérience précédente. Ils continueront jusqu'à ce que le Maroc renonce à son plan avec certaines garanties et mesures concrètes. Nous exigeons que le monde soit juste envers nous et condamne les déviations du régime marocain. Nous tenons les Nations unies responsables de cela, et faisons savoir à tout le monde que les victimes dans cette situation ne sont pas seulement les Sahraouis, mais toute la région, car changer les frontières par la force sera un précédent.
La brèche de Guerguerat a été bloquée par les Sahraouis à plusieurs reprises. Pourquoi l'escalade marocaine aujourd'hui et pas dans les étapes précédentes ?
Le régime marocain a beaucoup mis ses espoirs sur le Conseil de sécurité, qui a menacé (les Sahraouis) à une certaine période et ordonné l'ouverture de la brèche, en échange de l'étude de la question et de l'envoi d'un comité technique pour trouver une solution.
Cette fois, rien n'a émané du Conseil de sécurité : il n'a ni condamné ni averti, ni pris position, contraignant ainsi les Marocains à intervenir eux-mêmes et de leur propre chef pour rouvrir le passage de Guerguerat vers la Mauritanie. La différence aujourd'hui est que la fermeture qui se produisait autrefois était réglée à chaque fois en échange d'une solution au problème saharaoui, alors qu'aujourd'hui le Conseil de sécurité n'a pas bougé. Certains membres, comme la Russie et l'Afrique du Sud, ont émis des réserves sur la résolution proposée avant cette escalade, la jugeant insuffisante.
La position de la Russie et de l'Afrique du Sud a donc pu ouvrir de nouveaux horizons, et il y a d'autres pays, comme l'Algérie, l'Allemagne et le Vietnam qui ont exigé une action. Et s'ils avaient été écoutés, nous n'aurions pas atteint la situation actuelle.

Entretien réalisé par : MOHAMED IOUANOUGHÈNE ET LYÈS MENACER


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