Après avoir été soumise à débat, la dernière version du code électoral a été adoptée, ce dimanche, par le Conseil des ministres. L'adoption du projet d'ordonnance par le Conseil des ministres ne signifie pas qu'il est dans sa version finale. Le communiqué du Conseil des ministres a étrangement précisé que "le président de la République a apporté les précisions suivantes et donné les orientations". Une précision qui signifie que la commission du professeur Laraba va devoir retoucher, une nouvelle fois, le document avant sa signature par le chef de l'Etat. Ce n'est qu'une fois cette étape franchie que le texte sera applicable. Sa publication au Journal officiel poussera le chef de l'Etat à convoquer le corps électoral pour les élections législatives. Mais l'option de voir les élections locales se tenir le même jour que celle des législatives serait apparemment abandonnée. Beaucoup d'observateurs ont relevé le caractère étrange de cette situation : lorsqu'un texte est adopté en Conseil des ministres, il est censé être définitif. Qu'est-ce qui a donc pu pousser le chef de l'Etat à donner de nouvelles orientations ? Selon le juriste et universitaire, Ahmed Betatache, cela serait lié à "des erreurs d'écriture" de la part de la commission de rédaction. L'ancien premier secrétaire national du Front des forces socialistes (FFS) rappelle qu'en dehors de cette explication, donner des instructions après l'adoption d'un texte "n'a pas de sens". En revanche, le politologue Mohamed Hennad classe cette situation dans la case de "la communication" politique du pouvoir. "Le chef de l'Etat voudrait donner l'impression de s'intéresser à tout", a-t-il estimé. Dans le fond, la nouvelle version du code électorale a été un peu modifiée. Selon les premières indications qui ont fuité, le chef de l'Etat a accepté de faire sauter le verrou des 4%. Les partis politiques et autres postulants aux élections locales ou nationales se contenteront des parrainages des électeurs. Le chef de l'Etat a ainsi répondu favorablement à la demande d'une bonne partie de la classe politique qui a revendiqué la suppression de cet écueil, considéré comme un stratagème visant à aider les anciens partis de l'alliance présidentielle, qui disposent déjà d'une assise et surtout d'élus au niveau local. Autre changement ; les candidats jeunes, donc âgés de moins de 35 ans, constitueront 50% des listes électorales, au même niveau que la présence féminine. La présence des diplômés sur les listes sera portée au moins au tiers. Mais ces présences ne seront pas garanties de figurer en bonne place à la sortie des urnes, puisque le système des quotas a été supprimé. Si l'ordonnance est signée cette semaine, il est fort probable que l'élection législative anticipée ait lieu fin juin prochain. Sauf si, entre-temps, le pouvoir modifie ou, au moins, diffère sa feuille de route. Une option qui semble exclue pour l'heure. Tout comme l'idée de jumeler les deux élections, locales et législatives, qui ne semble pas avoir l'adhésion des partis politiques qui ont été reçus à la présidence de la République. Ali Boukhlef