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Il y a 63 ans, l'embuscade meurtrière de Tikjda
TEMOIGNAGE
Publié dans Liberté le 20 - 05 - 2021


Par : ABDELMADJID AZZI
Pour nous, survivants de cette terrible guerre, c'est un devoir sacré de lutter sans relâche contre l'oubli, en perpétuant les actes héroïques et en glorifiant les sacrifices de nos chouhada."
Durant toute l'année 1958, les troupes françaises avaient enduré, partout à travers le territoire de la Wilaya III, une offensive de grande ampleur. Cette offensive, caractérisée par des embuscades et des enlèvements de postes militaires, fut à l'avantage de l'Armée de libération nationale, en se soldant par de lourdes pertes infligées à l'ennemi. C'est ainsi que de nombreux prisonniers furent capturés et d'importants lots d'armes et de munitions récupérés. Ces attaques répétées visaient, notamment, la récupération indispensable du plus grand nombre d'armes et de munitions, pour remédier à l'absence de convois d'acheminement d'armes venant de Tunisie. En effet, il faut savoir que les armes ramenées de Tunisie et utilisées par l'ALN sont de fabrication allemande, anglaise et italienne, datant de la Seconde Guerre mondiale et dont le calibre des munitions ne s'adapte pas aux armes d'origine française et américaine, utilisées par l'armée française. Elles deviennent de ce fait rapidement hors d'usage, après l'épuisement de la dotation fournie à chaque djoundi, soit 150 cartouches par fusil. L'urgence de les remplacer par celles récupérées sur les soldats français, lors des combats, s'imposait d'elle-même comme une nécessité vitale, sachant que l'approvisionnement en munitions fut un véritable cauchemar vécu pour nos combattants.
Parmi tous ces faits d'armes mémorables, inscrits à l'actif de la zone II, Wilaya III, figure l'embuscade de Tikjda effectuée le mercredi 28 mai 1958 par deux compagnies : la première compagnie du bataillon de choc de la wilaya et la compagnie de la région 2. Ce fut l'une des plus meurtrières embuscades ayant eu pour théâtre le site montagneux de la station estivale de Tikjda, situé à 35 km au nord-est de Bouira et culminant à 1 500 mètres d'altitude, contre un détachement de chasseurs alpins. En effet, les 2e et 3e compagnies du 22e Bataillon de chasseurs alpins (BCA.) avaient choisi d'occuper depuis le début de l'année 1956, les locaux de la colonie de vacances des chemins de fer transformée en caserne, pour y installer leurs quartiers. Un lieu stratégique qui permettait le contrôle de tout le secteur, notamment le col de Tizi N'kouilal, un lieu de passage séparant les deux versants de la chaîne du Djurdjura et le chemin donnant accès à Tala Guilef, en Haute Kabylie.
L'itinéraire sinueux, qui sépare le lieu du cantonnement de cette ville, et la régularité des déplacements du convoi, avaient inspiré les responsables de la zone 2 en les incitant à organiser une embuscade. En effet, l'observation attentive de ce poste militaire, un point noir dans la région, avait montré que, régulièrement, une fois par semaine, un convoi de ravitaillement formé de deux camions GMC, d'une Jeep et de deux half-tracks se rendait à Bouira tôt le matin, pour en revenir l'après-midi. Une opportunité pour l'intercepter à un endroit choisi, où il est le plus exposé et qui, au demeurant, présente beaucoup moins de risque pour nos combattants.
La décision fut alors prise d'attaquer le convoi à son retour. Le lieu idéal pour dresser l'embuscade étant repéré, il ne reste plus qu'à mettre au point un plan d'attaque, que le lieutenant Lahlou Hocini, chef du Bataillon de choc, et les chefs des compagnies avaient tôt fait d'établir. Le choix fut donc définitivement fixé sur Tighzarth, pour intercepter le convoi à son retour de Bouira, dans l'après-midi du 28 mai. Il s'agit d'un large talweg, situé à 4 km du cantonnement des chasseurs alpins, séparé en deux par un ruisseau et où la route amorce une pente avant de former un large virage en épingle à cheveux.
C'est ainsi que le matin, avant l'aube, les deux compagnies étaient venues s'installer à l'endroit prévu, bien protégées derrière les casemates et les cèdres centenaires. Nos combattants furent installés en tenant compte de la longueur du convoi et de l'écart observé entre les véhicules, et comme pour chaque embuscade il est prévu le déploiement de deux sections dont la mission essentielle est d'intercepter l'arrivée de renforts éventuels et de protéger le repli de nos combattants.
Le jour venu, vers 7 h, alors que le soleil était déjà haut dans le ciel, le convoi traversa en toute confiance le lieu de l'embuscade en se dirigeant, comme d'habitude, vers Bouira, suivi par les yeux grands ouverts de nos djounoud bien abrités, le cœur serré, mais manifestement déterminés à en découdre avec l'ennemi. En attendant patiemment son retour, nos vaillants combattants rongent leur frein et passent en revue les consignes strictes de leur chef.
À mi-chemin, à hauteur du village Aïn Alouane, les deux half-tracks s'étaient détachés du convoi en se postant pour sécuriser le tronçon de route qui, dans un passé récent, avait connu plusieurs attaques. Chacun d'eux était armé d'une mitrailleuse calibre 50 et d'une autre de calibre 30, de fabrication américaine. Après l'avoir récupéré dans l'après-midi, le convoi de ravitaillement était remonté vers Tikjda, accompagné d'un avion de protection, pour arriver à Tighzarth vers 17h 30. C'était pendant l'été où le soleil ne se couche pas avant 21h, d'où la nécessité absolue de mener l'action rapidement et de décrocher avant l'arrivée des renforts.
Avant d'amorcer le virage, le convoi avait marqué un arrêt afin de laisser descendre du camion la section de protection qui ira se positionner sur le côté rocheux de la route, tandis que les half-tracks prenaient position sur l'arrière du convoi. Un rituel qui se répète à chaque fois. La Jeep du chef du convoi s'était mise alors en tête, avant que le convoi ne redémarre, pour amorcer la descente et d'entamer le virage où l'attendaient nos combattants. Soudain, un déluge de feu déchire le silence. Les fusils-mitrailleurs et les mitrailleuses entrent en action et visent notamment les véhicules de tête qui prennent feu. L'assaut était donné et nos djounoud se ruent alors pour récupérer les armes et les munitions, après avoir éliminé leurs détenteurs. Puis très vite, l'ordre de décrocher avait permis aux deux compagnies de quitter les lieux, en se scindant en deux, afin de suivre, deux itinéraires différents : l'une en remontant les pentes de Tighounathine en direction d'Iouakoren, l'autre empruntant le ravin de l'oued Tinzert, pour se retrouver, ensuite, au village d'Ighil-Hammad, à une dizaine de kilomètres environ, à l'est du lieu des combats. L'avion chargé de la protection du convoi, un T6 Morane, n'avait rien pu voir sous les cèdres qui bordent la route, mais avait quand même mitraillé aveuglément et à plusieurs reprises les endroits où nos combattants étaient censés se trouver.
Le bilan est lourd. L'ennemi avait subi des pertes estimées à plus d'une dizaine de soldats tués, parmi eux le lieutenant Raymond, commandant du détachement, et le médecin aspirant Fèvre, et de nombreux blessés. De notre côté, nous eûmes à déplorer la mort du lieutenant Lahlou Hocini, chef du bataillon de la wilaya, avec six combattants et trois blessés. Au final, des armes furent récupérées, dont 2 fusils-mitrailleurs, un Mat 49, une carabine US et une paire de jumelles. Pour mémoire, Si Lahlou avait remplacé à la tête du bataillon le lieutenant Mohand Ourabah Chaïb, fauché par une rafale tirée par un avion T6, lors de la bataille d'Ouzellaguen, le 28 février1958, au moment où il se découvrait, pour aller récupérer un mortier 50, que l'ennemi avait abandonné dans sa fuite éperdue.
En nous remémorant cette bataille, nous rendons un hommage ému à nos vaillants combattants et à nos glorieux martyrs, tombés ce jour-là au champ d'honneur, pour arracher l'indépendance et la liberté de notre pays des griffes du colonialisme. Pour nous, survivants de cette terrible guerre, c'est un devoir sacré de lutter sans relâche contre l'oubli, en perpétuant les actes héroïques et en glorifiant les sacrifices de nos chouhada.


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