Le Conseil d'administration des entreprises publiques doit être un "pivot" et l'interventionnisme de l'Etat doit être limité, plaident les experts. Le Conseil national économique, social et environnemental (Cnese) veut contribuer à la promotion de "la bonne gouvernance" pour restaurer les fondements du "développement des entreprises publiques économiques (EPE)". Celles-ci doivent "investir" pour déployer leur efficacité, disposer d'un assortiment de "compétences" pour accroître leur compétitivité et être "le fer de lance" dans la construction d'une économie solide. Et c'est ce à quoi "nous devons travailler". C'est en ces termes que le président du Cnese, Reda Tir, a souligné l'impérieuse nécessité d'initier une "nouvelle gouvernance" des EPE dont l'un des objectifs serait "d'améliorer la performance" de ces entités. Reda Tir s'exprimait en marge d'un séminaire sur la "gouvernance des EPE et le rôle des conseils d'administration, conseil de surveillance et directoires" organisé hier à Alger. Le président du Cnese a, cependant, relevé, dans une allocution prononcée à cette occasion, que l'une des conditions préalables pour atteindre ces objectifs de performance est la "correction" de certaines imperfections de la "loi" encadrant les EPE de manière générale ainsi que "les méthodes de travail" adoptées par ces entités. Il a ajouté que la réalisation de cet objectif reste par ailleurs liée à "la consolidation d'une véritable gouvernance" et que cette dernière ne peut se construire que, brique par brique, par la mise en place "d'une réglementation appropriée", tout en s'appuyant sur "des compétences dont les entreprises ont besoin aujourd'hui pour améliorer leur performance sur le terrain". Il a, en outre, affirmé que les conseils d'administration (CA) ont un rôle "très important à jouer dans l'élaboration des stratégies et dans l'évaluation de la performance de manière juste et appropriée". De son côté, Yakout Akroune, professeure de droit à l'université d'Alger, spécialisée dans le droit des affaires, a, dans un long exposé sur la législation régissant les EPE, expliqué que le délit de gestion "n'est pas une faute pénale", poursuivant que l'Etat veut faire de ces entités une "locomotive pour le développement économique", mais que beaucoup de dispositions réglementaires "l'en empêchent". Elle a appelé à "libérer" les entreprises économiques des entraves législatives qui "pèsent" encore sur elles de manière à ce qu'elles puissent fonctionner selon les "règles" de l'économie. Akroune a également évoqué le rôle que le conseil d'administration est censé assumer, expliquant que ce dernier demeure un organe "collégial" et "décisoire". Néanmoins, déplore-t-elle, il ne se réunit que "rarement pour des raisons financières, de disponibilité ou de logistique". Le hic, dit-elle, c'est que les membres qui siègent aux conseils d'administration n'ont, souvent, "rien à voir avec les métiers de l'entreprise". Or, souligne-t-elle, des profils "professionnels et compétents doivent y siéger". Donc, "l'Etat n'a plus qu'à choisir ses hommes pour gérer les EPE", a recommandé Arkoune qui note : "Le CA doit être le pivot de l'entreprise, il faut éviter les pièges que représentent un actionnaire passif (l'Etat) et un interventionnisme excessif bloquant l'esprit d'initiative et la prise de décision".