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Le sens de l'histoire
20 AOÛT 1955 et 20 AOÛT 1956
Publié dans Liberté le 19 - 08 - 2021


Par : Karim Younès
"Ayons le courage de nous interroger sur nos propres errements : ne sommes-nous pas, quelque part, des déracinés de notre propre histoire dans notre propre pays ? N'avons-nous pas privé nos enfants de leurs véritables héros naturels ? Ne sommes-nous pas responsables de leur quête vaine d'aller les chercher, désespérément, ailleurs par frustration ? Avons-nous enseigné à nos enfants l'histoire de leur pays d'une manière objective, irréprochable et surtout responsable ? Cessons de discréditer constamment nos héros sous prétexte du droit de vérité, alors que partout ailleurs, on les glorifie jusqu'à en faire des légendes indispensables pour fonder la Nation."
Retenons la leçon de la grande "bakhssa" qui a précipité et, pour six siècles, le pays des hommes libres dans les bras voraces de la pax romana... (bakhssa est ce vocable que les Algériens utilisent encore à ce jour pour désigner "l'indignité" dont a fait preuve le roi Bokkhus qui a livré son beau-fils Jugurtha aux Romains). Retenons la leçon de notre incapacité à libérer notre pays des Espagnols qui pourtant ne purent pénétrer au-delà du périmètre tracé par la peur autour de leurs forteresses des villes côtières. Il fallut faire appel aux corsaires turcs pour nous sauver d'une colonisation espagnole rampante.
Retenons la leçon de notre guerre de Libération : grâce à notre unité, nous avions réussi à opposer une résistance farouche au rouleau de feu du corps expéditionnaire français, en 1830, puis à le bouter hors de chez nous après des luttes sanglantes, meurtrières, inhumaines, dont l'enjeu était la libération nationale, l'émancipation totale du pays. Retenons les noms de nos valeureux martyrs, ces hommes, ces femmes, qui sont morts pour nous.
Retenons, enfin, le serment de nos aînés de Novembre 1954 en luttant contre la culture de l'oubli et en glorifiant les artisans de notre indépendance !
Le regretté Abane Ramdane, icône de notre grandiose Révolution, doit avoir le sommeil perturbé et se retourner dans sa tombe s'il venait à apprendre ce qu'il s'est passé en ce mois d'août, date de la commémoration de sa grande réalisation dans l'unification de son Algérie éternelle, lui l'enfant d'Azzouza dans la commune de Larbâa Nath Irathen, qui a réussi à unifier les rangs des frères séparés par des idéologies diverses pour faire front au colonialisme barbare et le bouter, définitivement, de la mère patrie.
Le fils des Ath Irathen — les Beni Oussoud — a réussi par son activisme totalement acquis à l'Algérie, pays de ses ancêtres, à obtenir l'adhésion de tous les segments du mouvement national, et même à convaincre des hommes d'envergure tels que Ferhat Abbas et son courant politique (AML, puis l'UDMA) à rallier la Révolution, alors qu'il connaissait ses positions réservées...
L'engagement des communistes algériens en faveur de la lutte de Libération nationale, sous la houlette du FLN/ALN, fut l'un des nombreux exploits réalisés par Abane le rassembleur.
Zighoud Youcef et Abane Ramdane à la manœuvre
Le feu du 1er Novembre 1954 ne s'éteindra pas. Deux dates impacteront sa trajectoire car des hommes avec le sens inné de la responsabilité et du sacrifice prendront le relais des braves qui ont soufflé sur la mèche. Ils infléchiront le cours de la guerre, en lui donnant le souffle dont elle avait besoin : Youcef Zighoud par l'action du 20 Août 1955, Abane Ramdane par l'organisation du Congrès du 20 Août 1956.
20 Août 1955, l'embrasement
Des étapes de la lutte armée vers sa destinée, il y en a eu plusieurs. D'abord celle du 20 Août 1955, opération politique et militaire d'envergure, soit la phase la plus difficile traversée par le FLN/ALN.
L'offensive n'était pas un acte isolé de désespoir, mais une opération pensée et ordonnée par Zighoud Youcef. Les objectifs fixés étaient entre autres, de donner un souffle nouveau au mouvement insurrectionnel, de booster le moral des militants engagés dans la lutte, et démontrer sa capacité de mobilisation des masses populaires. Il avait assigné à son action entre autres objectifs, la solidarité avec le peuple marocain qui, le même jour, comptait organiser des manifestations pour protester contre la déposition du roi Mohammed V survenue le 20 août 53.
Ce fut une révolte populaire sans précédent, une réponse cinglante à l'administration coloniale qui voulait faire croire que les opérations déclenchées en Novembre 1954 étaient l'œuvre d'une poignée d'individus, sans attache avec le peuple algérien. Une mobilisation extraordinaire de toute la moitié Est de l'Algérie s'en est suivie. Tel est le bilan politique de cette opération d'envergure. Les Wilayas I et II, bordant la frontière avec la Tunisie, font jonction et étendent le mouvement né de Condé-Smendou.
Cette conjoncture favorable a permis au FLN intérieur de prendre son essor à partir de l'automne de la même année et L'ALN est sortie renforcée des opérations de Skikda dans la mesure où les masses populaires se sont soulevées sous sa bannière (FLN/ALN). Elles ne rebrousseront plus chemin, mais iront gonfler les effectifs de l'armée algérienne. Au plan extérieur, les objectifs de l'état-major de Zighoud sont confortés : il s'agissait de propulser les efforts de médiatisation de l'"affaire algérienne" devant les instances internationales. Bien au-delà, l'insurrection générale du 20 Août 1955 avec les massacres de l'armée française qui l'ont accompagnée a marqué aux yeux du monde le caractère irréversible de la Révolution armée et la rupture définitive entre l'Algérie et la France.
Le 20 Août 1956, le Congrès de la Soummam ou la révolution institutionnalisée
L'inlassable action d'Abane Ramdane pour rassembler toutes les couches sociales, représentées au niveau des organisations politiques ou sociales, présageait d'un renforcement de la lutte armée. Zighoud et son état-major lui ont donné corps. Des historiens le présentent clairement, comme l'architecte de la plateforme de la Soummam, voire le père fondateur du FLN. Le Congrès de la Soummam, le 20 Août 1956, donnera une assise politico-militaire qui confirme et complète la déclaration de l'appel du 1er Novembre. La révolution est structurée, des institutions mises à jour, des hommes nouveaux prennent la relève des martyrs qui ont "allumé la mèche". C'est bien la première fois que se réunissent des responsables venus des quatre coins du pays, représentant les combattants qui luttent contre un ennemi commun avec la volonté de libérer le pays de l'occupation coloniale et de restaurer l'Etat algérien. C'est bien cette coordination entre les forces de tout le pays qui a cruellement manqué aux résistants algériens depuis 1830 à 1954. D'Ahmed Bey à L'Emir Abdelkader, de Fadhma N'soumer à Bouâmama, de Bouziane à El-Mokrani.
Les rencontres avaient lieu dans des hameaux éclairés à la lampe à huile, les repas servis dans les plats en terre sont ceux des paysans pauvres, les convives étaient les plus grands responsables de la Révolution qui menaient une vie de maquis frôlant la mort à tout moment.
Les chefs de la Révolution s'alignèrent en ce 20 Août 1956, et l'un à la suite de l'autre se penchèrent pour apposer leur signature au bas d'un document, posé à même une niche creusée dans le mur d'une maisonnette qui domine fièrement la vallée de la Soummam où coule l'oued, témoin de tant de combats depuis l'impérialisme romain jusqu'au colonialisme français. Pour organiser une telle rencontre, il fallait un miracle que seuls des hommes de la trempe des Krim Belkacem, Larbi Ben M'hidi, Abane Ramdane, Lakhdar Bentobal, Zighoud Youcef et Amar Ouamrane pouvaient accomplir.
Voilà ce qu'en dit Ferhat Abbas et que devraient méditer aujourd'hui et demain les générations nouvelles, seules capables de regarder lucidement l'histoire de leur pays, loin des "faiseurs d'histoire officielle" : "Abane Ramdane a eu le grand mérite d'organiser rationnellement notre insurrection en lui donnant l'homogénéité, la coordination et les assises populaires qui lui étaient nécessaires et qui ont assuré la victoire."Il y a près de 60 ans l'Algérie finissait d'écrire une des plus belles épopées du 20e siècle.
Aujourd'hui nous constituons une Nation, un peuple homogène, nous sommes réunis autour d'un même emblème aux couleurs de notre République, fondée par des hommes et des femmes prestigieux, au prix de fleuves de sang, de torrents de larmes, mais aussi d'une exceptionnelle bravoure. L'hymne national nous réunit ; cet hymne dont Abane Ramdane a confié la rédaction au digne fils des Mozabites, Moufdi Zakariya. Ce combat-là pour la liberté, personne ne doit l'oublier. Les valeurs de fidélité et de loyauté, forgées pendant cette lutte s'appliquent aujourd'hui au combat pour une Algérie plus apaisée, mieux ordonnée où tous ses enfants peuvent vivre librement dans la dignité, la sécurité et le mieux-être. Ouvrons les bras à une Algérie fraternelle, tolérante, ambitieuse, présente dignement dans le concert des nations. Gloire à nos martyrs, santé et longévité à ceux qui sont toujours en vie !


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