Le départ en congé annuel de certains boulangers n'est pas le seul à provoquer une tension sur le pain ordinaire à Sétif. La pénurie de la farine en est aussi la cause, selon les professionnels. Certains boulangers de Sétif ne font plus le pain fariné, a-t-on constaté. Selon ces artisans, il n'est pas rentable de vendre du pain fariné à moins de dix dinars, un prix fixé par décret, car il s'agit d'un produit dont la matière première, qu'est la farine, est subventionnée par l'Etat. Ces derniers préfèrent produire du pain à la semoule, le pain amélioré et le pain viennois, vendus respectivement à 10, 15 et 20 DA, voire plus. "Je préfère vendre le pain à la semoule ou le viennois que de vendre le pain fariné, ce dernier n'est plus rentable. Est-il acceptable de faire 300 DA de bénéfice par jour en vendant du pain fariné ? Je ne le fais plus. Je préfère fermer que de vendre du pain à 7,50 DA", affirme un boulanger sous le sceau de l'anonymat. Mais côté consommateurs, ces pratiques sont décriées, notamment par les citoyens à bas revenus. Et comme un malheur n'arrive jamais seul, ces derniers jours l'on constate de grandes files d'attente devant les boulangeries qui assurent le service durant août, pendant qu'une majorité d'entre elles est fermée pour congé annuel. Mais les prémices de cette pénurie se sont fait sentir depuis quelques semaines déjà, affirme-t-on, en dépit des assurances du ministère du Commerce qui confirme que la farine est disponible sur les marchés avec des quantités suffisantes. "Pas moins de 432 minoteries, à travers le territoire national, produisent actuellement une quantité de 5100 q de farine. Destinée régulièrement aux boulangeries, cette quantité peut couvrir les besoins des consommateurs pendant plusieurs mois", révèle à Liberté Azzedine Chenafa, président de l'association pour la promotion de la qualité et de la protection du consommateur. Et de préciser : "Beaucoup de boulangers refusent de s'approvisionner auprès des minoteries et préfèrent les grossistes à des prix exorbitants parce que ces derniers n'exigent pas de factures." Or le consommateur ne sait plus où donner de la tête. "Chaque jour, j'achète en moyenne huit baguettes, donc au lieu de payer 60 DA pour le pain, je paye 120 DA et parfois 160 DA. C'est pratiquement le double. Les boulangers nous imposent la baguette à 15 ou 20 DA", se plaint Moussa, fonctionnaire dans le secteur de l'éducation. "Depuis quelques mois, l'Association de protection du consommateur travaille en concertation avec les services concernés pour anticiper cette pénurie provoquée", rappelle M. Chenafa, affirmant que des boulangers ont été sanctionnés pour l'augmentation illégale des prix du pain ordinaire. Par ailleurs, il est noté que d'importantes quantités de farine subventionnée sont utilisées pour la production de gâteaux et viennoiseries vendus à des prix exorbitants. Pour certains experts, la production de la farine mixée serait l'une des solutions préconisées pour mettre fin à une telle situation. Le projet a été déjà initié et depuis plusieurs années par le groupe public Agrodiv (ex-Eriad). Mais il n'a toujours pas vu le jour, alors que certaines minoteries du groupe précité seraient prêtes à concrétiser ledit projet de farine mixée (70% de farine et 30% de semoule). Le projet pourrait aussi été adopté par certaines minoteries privées.