Si beaucoup se délectent avec autant d'excitation de ses prestations en équipe nationale, d'autres, forcément moins nombreux, nourrissent toujours autant de regrets à voir le joyau Youcef Belaïli exilé, à son âge, dans le lointain eldorado qatarien. Impliqué dans 10 buts marqués lors des 5 derniers matchs des Verts, l'Oranais de 29 ans excelle sur le flanc gauche de l'attaque telle que mise en place par Djamel Belmadi au point de reléguer sur le banc un Saïd Benrahma qui a pourtant passé un cap cette saison et qui brille de mille feux dans la brume londonienne sous le maillot de West Ham au point de faire partie des six meilleurs joueurs (du mois) de Premier League ! Acter la non-titularisation d'un feu follet qui performe dans le championnat anglais alors que le challenge qatarien n'a pas encore repris demeure, pour le moins, une incroyable prouesse que seul Belaïli, avec les paradoxes désormais légendaires liés à sa carrière, semble en mesure de réussir. Et de faire perdurer. Le discours du coach Djamel Belmadi à l'issue du récital offensif face à Djibouti confirme, d'ailleurs, que le numéro 10 du Qatar SC est intouchable et continuera de bénéficier de la confiance du sélectionneur. Dès lors, une question légitime et tellement logique se pose d'elle-même : jusqu'où aurait été capable d'aller Belaïli s'il avait su gérer une carrière polluée par les interférences malsaines et les mauvaises influences ? À Tottenham ? À l'Atlético de Madrid ? Comme l'avait suggéré Belmadi lui-même en novembre 2020 ? Ou encore plus haut dans la hiérarchie planétaire au point de candidater à un club du top-10 européen ? Rien ne semble impossible tant le talent pur de l'Oranais n'a d'égal que ses errances en dehors des terrains. D'où les regrets éternels de tous ceux qui auraient aimé le voir "avec une mentalité à la Aïssa Mandi", comme l'a si bien résumé le driver national. Ceci étant, en dépit d'être certainement passé à côté de quelque chose de plus grand, voire d'une carrière européenne à la Mahrez, il ne faudrait pas non plus faire un trait (sans jeu de mots) sur la carrière assez singulière de l'enfant d'Eckmühl. Car, malgré toutes les péripéties et les bas par lesquels il est passé, Youcef Belaïli présente tout de même un palmarès à faire saliver beaucoup de monde, lui qui est considéré comme le joueur oranais le plus titré de l'histoire. Avec une CAN (2019), deux Ligues des champions d'Afrique (2018 et 2019), quatre championnats de Tunisie (ES Tunis, 2012, 2014, 2018 et 2019) et une Supercoupe de Tunisie (2019), l'enfant de Abdelhafid dépasse Cherif El-Ouazzani qui compte une CAN (1990), une Coupe afro-asiatique (1991), deux championnats d'Algérie (MCO, 1988 et 1993), trois Coupes d'Algérie (1984, 1985 et 1996), une Coupe de la Ligue (1996), deux Coupes arabes des vainqueurs de coupes (1997 et 1998) et une Supercoupe arabe des clubs (1999), toujours avec le MCO. Avec son championnat de D2 espagnole en 1993 avec Lleida, sa CAN 1990 et sa coupe afro-asiatique (1991), l'ancien défenseur international Ali Benhalima paraît, du coup, fortement décroché. Meilleur buteur de l'histoire de l'équipe nationale avec ses 35 buts en 86 sélections, Abdelhafid Tasfaout avec son doublé championnat-coupe de France en 1996 avec l'AJ Auxerre, ses deux championnats d'Algérie (1992 et 1993), ses trophées individuels de triple meilleur joueur du championnat algérien (1992, 1993 et 1994) et de double meilleur buteur du championnat d'Algérie (1992 et 1993) garde, de son côté, une place privilégiée dans ce même Panthéon. Assez loin, cependant, du butin de Belaïli. En matière de breloques, seul son compagnon d'attaque et complice Baghdad Bounedjah peut s'assoir à sa table, lui dont la salle à trophées compte une CAN (2019), ceux de meilleur joueur étranger du championnat de Tunisie (2014), de meilleur buteur du Championnat de Tunisie (2014), de meilleur buteur de la Coupe de la confédération (2015) avec l'ES Sahel, de double meilleur buteur du Championnat du Qatar (2017 et 2019), de meilleur buteur de la Ligue des champions d'Asie (2018) et de meilleur buteur du monde de l'année civile en 2018 avec 59 buts sous le maillot d'Al-Sadd. Et c'est probablement celui qui correspond le mieux à Belaïli. Notamment pour "célébrer" leurs buts et transmettre leur joie de vivre. Loin de l'exigence du (très) haut niveau.