Résumé : Désemparée, Meriem erre à travers la ville jusqu'au crépuscule. Elle rentre enfin à la maison. Comme elle se sent seule, elle demande à sa voisine Dahbia de venir lui tenir compagnie. Cette dernière pense qu'Amar a une femme dans sa vie. Meriem refuse de trop y croire. Son père est un homme seul ! Meriem dépose ses affaires sur le canapé et se laisse choir. - Ah, si tu savais, tante Dahbia, à quel point je souhaiterais qu'il mène une vie plus paisible. Qu'il ait une maîtresse ou une seconde femme, cela ne me dérangerait pas du tout. Il a tant souffert, mon pauvre papa. - Hum... Mais tu oublies qu'il doit aussi penser à toi. C'est peut-être toi justement qui le bloques dans une telle initiative. Meriem soupire. - Je ne cesse d'y penser. Si je décroche mon bac, je lui demanderai l'autorisation de m'inscrire dans une cité universitaire. Il aura ainsi une totale liberté et pourra enfin mener sa vie comme il l'a toujours voulu. - Tu es une bonne fille, Meriem. C'est dommage que Houria te déteste au point de faire de toi le bouc émissaire de ses colères. Vous auriez pu vous entendre toutes les deux et vivre en pleine harmonie ici en France. Amar ne serait pas aussi malheureux. Meriem garde le silence. L'évocation de sa belle-mère réveille en elle ses appréhensions quant à une éventuelle grossesse. Elle passe une main sur son ventre comme pour s'assurer qu'il était "vide" de toute souillure. Demain, elle ira à la première heure faire ses analyses et sera fixée. - À quoi penses-tu, Meriem ? La voix de Dahbia la fait sursauter. - Heu... À rien. Elle se lève promptement. - Je vais préparer le dîner. Tu peux rester avec moi, nous allons passer la soirée ensemble. - J'aimerais bien, mais les enfants vont bientôt rentrer. Moi aussi j'ai le dîner à préparer. - C'est dommage. J'aurais voulu que tu restes un peu plus longtemps avec moi. Dahbia lui entoure les épaules. - Ma pauvre petite. Je ressens très bien ta solitude. C'est toi qui devrais venir dîner chez moi ce soir et passer la soirée. Nous serions tous heureux de t'avoir parmi nous. - Merci. Mais papa ne va pas tarder à rentrer ; il doit trouver quelque chose à se mettre sous la dent. Je ne veux pas qu'il pense que je l'abandonne, moi aussi. Dahbia essuit une larme. - Tu es une bonne fille, Meriem. Une très bonne fille. Une autre à ta place ici à Paris aurait vite fait de larguer les amarres pour quitter les lieux. Ni son père ni aucune autre raison ne l'aurait retenue. Meriem déglutit. - Je ne pourrai jamais me séparer de mon père. C'est la seule personne qui me reste dans ce monde, et nous nous retrouvons chaque soir pour nous assurer que nous sommes l'un pour l'autre. Si jamais un malheur arrive à l'un de nous deux, l'autre n'y survivra pas. Dahbia hoche la tête. - Que Dieu vous accorde une longue vie et vous garde longtemps ensemble. Un jour tu devras pourtant quitter ton père, Meriem, pour faire ta vie toi aussi. Songes-y. Sûrement qu'il y pense déjà lui-même et se prépare à cette éventualité. Mais il est encore trop tôt. Tu as du chemin à faire avant d'en arriver là. Elle était sur le point de quitter les lieux, lorsque la porte d'entrée s'ouvre toute grande. Amar fait son apparition les bras chargés de paquets. - Bonsoir. - Bonsoir Amar. Comment vas-tu, mon frère ? - Cela peut aller. Je vois que tu es venue tenir compagnie à Meriem, n'est-ce pas Dahbia ? - Oui. Juste un moment. Je dois filer pour préparer le dîner. Heu... Je serais heureuse de vous avoir tous les deux chez nous ce soir, si cela vous dit. - Merci pour ta sollicitude Dahbia. Mais je crève de fatigue et Meriem doit avoir des leçons à réviser. - Alors je vous laisse. Passez une bonne nuit. Dahbia s'en va, et Meriem s'empresse de mettre une marmite sur le feu et de faire revenir quelques morceaux de viande. Son père a ramené des légumes frais, des fruits et du pain.
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