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"COMME UN MIROIR BRISE"
36e partie
Publié dans Liberté le 26 - 09 - 2021

Résumé : Da Ali doit remonter le moral à sa femme, il lui rappelle que Latéfa a besoin d'eux, Houria se rafraîchit le visage avant de retourner près d'elle. Les parents sourient malgré la souffrance. Latéfa ne tarde pas à se rendormir. L'infirmière lui a injecté un antalgique, elle place une autre bouteille pour le liquide que le drain ramène. Elle leur explique qu'il finira par se tarir. Houria reçoit un appel de leur fils, mais remet le portable à son mari. Da Ali regrette de ne pas avoir informé Hosni des derniers évènements.
-Elhadj !, dit Hosni, surpris. Tu as une drôle de voix, ça va ? Pourquoi tu réponds à la place de maman ?
-Elle est occupée.
-Pourquoi tu chuchotes ?
-Je suis à l'hôpital, je ne veux pas gêner les malades. Je te rappelle après, promet Da Ali. Ce n'est pas le bon moment.
-Mais qu'est-ce que tu fais à l'hôpital ? Ne me dis pas que maman est malade.
-Non, non, c'est ta sœur.
-Alors comme ça, ta fille chérie est malade ? Bentek laâziza... Qu'est-ce qu'elle a ? Ce n'est pas grave j'espère. Dis-moi, qu'est-ce qui se passe ?
-Elle est malade, elle s'est faite opérée aujourd'hui.
-Je comprends pourquoi elle ne répond pas sur son portable, elle m'avait demandé un architecte d'intérieur... La pauvre... Papa, est-ce grave ?
-Oui, hélas ! Hosni, on se parle plus tard. Les opérées sont dans les chambres et même si je chuchote, je risque de les gêner, dit le vieux père. Je te rappelle dès qu'on sort d'ici.
-Papa ? Tu sais que lorsque je dis "bentek laâziza" c'est juste pour te taquiner ? Parce que c'est ta préférée. C'est vrai que j'adore te charrier avec. Pardon papa, figure-toi que moi aussi, je tiens beaucoup à elle. J'ai mal, rien qu'à penser qu'elle est malade, mais qu'est-ce qu'elle a au juste ? Je t'en prie, dis-le moi avant de raccrocher.
Le père soupire, sa voix devient grave, chargée d'émotions. Les mots sortent avec peine de sa bouche. C'est dur de le dire aux autres, de reconnaître que c'est vraiment grave. Il lui apprend la mauvaise nouvelle non sans pleurer. Hosni espère avoir mal compris.
-Qu'est-ce que tu dis ?
-Tu as bien entendu, elle avait une tumeur entre le sein et l'aisselle. Elle a fait une opération très délicate ce matin. Là, le calmant la soulage de la douleur et lui permet de dormir un peu. Je vais retourner près d'elle.
-Ce n'est pas possible ! Pas ma sœur !
Papa, j'arrive ! Je prends le prochain vol, décide Hosni. Papa, inchallah que ce n'est pas aussi méchant qu'ils le prétendent.
-Nous voudrions tous que ce soit un mauvais rêve. Inchallah, ne perdons pas espoir.
Mais tous ont conscience qu'il peut y avoir pire.
Ils se font tous discrets dans la chambre, restant en dehors des heures de visite, près de Latéfa. Elle est nerveuse et elle a mal au bras. Une nouvelle infirmière s'occupe d'elle et lui administre un nouveau calmant.
-C'est normal que vous ayez un peu mal, mais il vaut mieux supporter la petite douleur, car elle finira par passer, lui dit-elle. Vous avez de la chance, votre famille est près de vous. Profitez-en. Car, ils ne passeront pas la nuit ici.
Da Ali promet qu'ils ne feront pas de bruit. Lila parvient à entrer. Elle est triste de voir son amie dans cet état, méconnaissable. Elle s'est assoupie. Lila se contente de l'embrasser et de lui souhaiter de guérir rapidement. Elle pose le bouquet de fleurs sur la table. Latéfa adore les fleurs et la vie.
-Elle redeviendra comme avant inchallah.
-Merci ma fille d'être passée. Nous ne pouvons pas tous rester. Ne le prends pas mal, reviens demain.
-Appelez-moi en cas de besoin, je suis à votre disposition de jour et de nuit.
Les parents la remercient avant qu'elle ne quitte la chambre silencieusement, et part la tête baissée, ne tenant nullement à attirer l'attention des infirmières de garde. Elle sait qu'ils n'ont rien mangé de la journée et décide d'aller au restaurant le plus proche. Alors qu'elle marche la tête baissée, perdue dans ses pensées, quelqu'un la
heurte.
-Hé, tu ne peux pas regarder devant toi, s'écrie-t-il alors qu'elle lève les yeux vers lui. Toi, ici ?
-Et alors ? Cet hôpital appartient à ta famille ?
Hamid, son ex-fiancé, est la dernière personne qu'elle s'attendait à voir aujourd'hui.

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