À l'issue du précédent scrutin de 2017, il avait déjà fallu six mois aux partis pour trouver un gouvernement droite-gauche, entraînant dans l'intervalle une paralysie politique, notamment sur les questions européennes. L'Allemagne, pôle de stabilité sous l'ère Merkel, entre dans une phase plus imprévisible à la suite des élections législatives serrées, qui pourrait la mettre aux abonnés absents sur la scène internationale pendant de longs mois. Selon les résultats provisoires annoncés hier, le centre gauche du SPD, avec son chef de file Olaf Scholz, a remporté d'une courte tête ce scrutin qui referme l'ère Angela Merkel avec 25,7% des suffrages. Il devance les conservateurs de la CDU, parti de la chancelière, emmenés par Armin Laschet. Ces derniers accusent un score historiquement bas de 24,1%. Jamais les conservateurs n'étaient tombés sous le seuil des 30%. Il s'agit d'un cuisant revers pour le camp d'Angela Merkel, au moment où la chancelière doit prendre sa retraite politique. Problème : les deux camps revendiquent de former le futur gouvernement et entendent, chacun de son côté, tenter de trouver une majorité au Bundestag. Olaf Scholz, également ministre des Finances et vice-chancelier sortant, a tenu à rassurer ses partenaires internationaux. "Vous devriez savoir que l'Allemagne a toujours eu des coalitions et a toujours été stable", a déclaré le ministre des Finances, répondant à une journaliste britannique lors d'une conférence de presse. Parallèlement, il a accentué la pression sur l'union conservatrice. La droite a "reçu le message des citoyens qu'elle ne devrait plus être au gouvernement mais dans l'opposition", a-t-il estimé, alors que les directions des différents partis susceptibles d'entrer dans une future coalition se réunissent à Berlin. Tout reste à faire dans le pays, car en Allemagne le chef du gouvernement est désigné par les députés, une fois constituée une majorité. Cette dernière est cette fois particulièrement compliquée à constituer car elle devra probablement réunir trois partis – du jamais vu depuis les années 1950 – du fait d'un émiettement des suffrages. À l'issue du précédent scrutin de 2017, il avait déjà fallu six mois aux partis pour trouver un gouvernement droite-gauche, entraînant dans l'intervalle une paralysie politique, notamment sur les questions européennes. La perspective d'une longue période d'immobilisme inquiète les partenaires européens de Berlin au moment où le Vieux continent redoute une marginalisation géopolitique face aux rivalités entre Etats-Unis, Chine et Russie. Elle préoccupe particulièrement la France, qui assurera en janvier la présidence semestrielle de l'Union européenne et compte sur son partenaire le plus important pour faire avancer ses priorités sur une Europe plus "souveraine". La France espère avoir "vite" un chancelier allemand "fort" à ses côtés, a déclaré hier le secrétaire d'Etat français aux Affaires européennes, Clément Beaune. "Nous comptons bien sûr sur la continuité dans nos relations bilatérales. Nous avons intérêt à ce que cette relation se poursuive et se développe encore davantage", a déclaré de son côté le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.