Pour sa première conférence de presse après l'annonce des résultats des élections locales, tenue hier à Alger, le secrétaire général du Front de libération nationale (FLN) est tombé à bras raccourcis sur l'Autorité nationale indépendante des élections (Anie). Dès le début de sa conférence de presse, qui ressemblait plutôt à une collation organisée dans une salle des fêtes appartenant à un militant de son parti, Abou El-Fadhl Baâdji a planté le décor : son parti a été victime de fraude, sans laquelle, il aurait aspiré à une meilleure moisson lors du dernier scrutin. Tout en estimant que les dépassements signalés lors de la tenue du scrutin étaient "l'œuvre d'individus", il a, toutefois, clairement dénoncé "une fraude" dans certaines régions du pays, particulièrement à Alger et à Tiaret. Devant de nombreux journalistes conviés à la conférence et en présence d'un aréopage de cadres du parti dont de vieux caciques, Abou El-Fadhl Baâdji a cité l'exemple de l'APC de Kouba où les résultats annoncés n'étaient pas conformes aux procès-verbaux établis à l'issue du scrutin. "Ce sont les mêmes personnes qui ont fraudé lors des élections législatives qui ont récidivé cette fois-ci", a-t-il dit tout en interpellant l'Anie et surtout la justice. "Le parquet doit réagir et se saisir de ces dépassements", a-t-il estimé. "Nous devons tous défendre l'Algérie, parce que des comportements pareils ne doivent pas se produire dans l'Algérie nouvelle", a-t-il plaidé. Les accusations d'Abou El-Fadhl Baâdji ne s'arrêtent pas là. Il s'est interrogé sur le comportement de certains responsables de l'Anie qui ont accepté la candidature de certains postulants déjà condamnés par la justice. "Nous avons refusé la candidature de certains cadres du parti parce qu'ils ont été condamnés par la justice. Mais à notre grande surprise, nous avons découvert qu'ils étaient candidats sur d'autres listes. Mais comment peut-on accepter des candidats pareils ?", s'est-il demandé. À l'inverse, des cadres de son parti, dont les rapports des services de sécurité n'ont rien révélé de compromettant et d'autres dont les dossiers ont été acceptés lors des élections législatives, ont "été quand même exclus" par des délégués locaux de l'Anie, a révélé le responsable du FLN. Aussi a-t-il accusé certains partis et certaines listes indépendantes dont il n'a pas précisé l'identité de pratiquer la corruption pour avoir des majorités dans certaines assemblées. "Nous ne pouvons pas chasser l'argent sale par la porte pour qu'il revienne par la fenêtre", a-t-il ironisé. Des travers qui confinent le secrétaire général du FLN à réclamer la révision du code électoral et les prérogatives de l'Anie. "Il y a un flou", estime-t-il, tout en affirmant que "ce qui s'est passé n'avait pas vocation à changer les résultats" des élections dans sa globalité. Mais qu'à cela ne tienne, Abou El-Fadhl Baâdji s'est réjoui des résultats obtenus par son parti lors de ces élections qui "se sont déroulées globalement dans des conditions normales". S'il reconnaît qu'il ne dispose pas encore du nombre exact des voix recueillies par son parti, il estime, toutefois, que le nombre approximatif des suffrages gagnés par le FLN avoisinerait 1,5 million pour les APC et 1,4 million pour les APW. En raison des difficultés du jeu des alliances au sein des assemblées, dont il a avoué l'existence, Abou El-Fadhl Baâdji n'a pas fourni le nombre exact de communes remportées par son parti.