La compétition politique s'annonce très rude eu égard à la kyrielle de listes partisanes et surtout celles dites indépendantes.Les militants attendent la venue des chefs de leurs partis respectifs pour donner un coup d'accélérateur à la campagne. Sur le terrain, les lieux d'affichage fraîchement fixés par l'administration locale demeurent vierges dès lors qu'aucun parti politique, encore moins les indépendants, n'a daigné y coller ses affiches. Le stade Benallouache et les autres salles de conférences réquisitionnées pour la circonstance, telles que la Maison de la culture, le TRB, la Cinémathèque, la Salle bleue… n'ont toujours pas renoué avec l'ambiance des joutes électorales d'antan. Ces espaces publics, qui devront abriter plusieurs meetings populaires, attendent toujours l'affluence des grands jours. Les partis politiques et les candidats en lice semblent vouloir profiter de la venue de leurs chefs ou membres de leur direction pour utiliser ces structures d'accueil, et ce, dans le but de mieux capitaliser ces espaces d'expression qui offrent toutes les commodités et autres moyens nécessaires pour la tenue de ce genre de manifestations publiques. FLN : “Doucement, mais sûrement” Le mouhafadh de Béjaïa, M. Hamadou Malek, qui n'exclut pas la venue du secrétaire général du FLN, M. Abdelaziz Belkhadem, aussi bien à Béjaïa qu'à Tizi Ouzou dans le sillage de cette bataille électorale, affirme que son parti “va doucement mais sûrement.” Concernant le retard constaté dans le démarrage de la campagne électorale, notre interlocuteur l'impute en bonne partie aux services de la Drag de Béjaïa qui ont, selon lui, mis beaucoup de temps pour finaliser la répartition des salles de conférences réservées aux activités politiques à l'occasion de cette campagne électorale. Le premier responsable de l'ex-parti unique à Béjaïa a tenu, par ailleurs, à préciser que les candidats du FLN sont déjà sur le terrain dans les différentes localités de la wilaya. C'est le député FLN de Béjaïa, M. Saâdi Oumbiche, qui a animé récemment, aux côtés des candidats locaux, un meeting populaire au village Taddart-Tamoqrant, dans la commune d'Amizour, a-t-il indiqué. Le FFS veut faire cavalier seul Le secrétaire fédéral du FFS de la wilaya de Béjaïa, M. Ikhlef Bouaïche, qui devra chapeauter toutes les activités de son parti au niveau régional, considère que “cette période d'hésitation qu'observent les partis et autres candidats en lice est tout à fait normale et cela a toujours été comme ça. L'ambiance électorale va crescendo avant d'atteindre sa vitesse de croisière vers la fin de la campagne”. L'ancien député FFS de la wilaya de Béjaïa a voulu “dénoncer le secrétaire général de l'APC de Tifra qui, selon lui, continue à utiliser les moyens de l'Etat pour faire sa campagne électorale en tant que tête de liste du RND au niveau de sa commune”. Le fédéral du FFS a stigmatisé certains délégués des archs originaires de la commune de Timezrit appartenant à l'aile dialoguiste du mouvement citoyen, qui sont en train de mener une campagne pour le RND. “Ce honteux positionnement des pseudo-délégués des archs en vue de ces élections vient confirmer de nouveau la dérive maffieuse d'une clientèle du pouvoir chargée d'asservir les forces démocratiques en Kabylie”. Revenant à la campagne électorale, notre interlocuteur dira que “le FFS annoncera la couleur dès ce week-end, où il prévoit l'organisation de meetings populaires à Tazmalt, à Akbou, à Sidi-Aïch, à El-Kseur et à Amizour qui devront être animés par des membres de la direction nationale du parti. Certains candidats locaux prendront aussi la parole pour expliquer aux citoyens leurs objectifs électoraux”. Interrogé sur la possibilité d'aller vers une alliance avec un autre parti politique, M. Bouaïche rétorquera : “Cette option est contraire à la tradition de notre parti. Je ne pense pas donc que nous allons recourir à une quelconque alliance. Le seul allié du FFS est la population.” Ainsi, le parti de Hocine Aït Ahmed semble égal à lui-même. Il veut comme à l'accoutumée faire cavalier seul. Le RCD en position privilégiée Après avoir boudé pendant plusieurs années les urnes, le RCD a décidé cette fois-ci de relever le défi en présentant des listes compétitives dans une trentaine d'APC et briguant une bonne part sur les 43 sièges que compte l'APW de Béjaïa. Il faut dire que le parti de Saïd Sadi, qui a vu un retour massif de ses anciens cadres et élus des années 90, semble avoir le vent en poupe dès lors que la plupart des candidats qu'il a présentés jouissent d'une grande notoriété publique ainsi que d'une expérience avérée dans le domaine de gestion des affaires publiques. À cela s'ajoute l'image de marque que gardent les citoyens de la région du RCD quand il a pris, au début des années 90, les rênes des collectivités locales en Kabylie. Tout le monde se souvient d'ailleurs des décisions courageuses prises à l'époque par les élus locaux du RCD qui ont pu révolutionner le système de gestion instauré par le parti unique, en démocratisant les institutions de base de l'Etat. C'est dans cette optique d'ailleurs que le RCD envisage de reconquérir le pouvoir local. Il s'assigne, en outre, l'objectif d'aller vers une restructuration qui va lui permettre un meilleur redéploiement sur le terrain, en prévision de la nouvelle recomposition du champ politique national. Selon le président du bureau régional du RCD de la wilaya de Béjaïa, le Dr Laziz Kessas qui occupe également la deuxième place sur la liste APW, le directoire de campagne mis en place au niveau du siège régional du parti s'attelle à élaborer un planning de sorties de candidats APW, lesquels seront encadrés par des membres de la direction nationale. “Concernant les candidats aux APC, c'est à la charge de chaque conseil communal d'adopter une stratégie électorale qui puisse répondre aux spécificités de chaque commune”, a-t-il affirmé. À propos de la campagne électorale, le responsable du RCD nous a confié qu'“en plus des conférences et meetings prévus au niveau des différentes localités de la wilaya, le président du parti, le Dr Saïd Sadi, devra effectuer un long périple dans la région”. RND : le parent pauvre en Kabylie Le parti d'Ahmed Ouyahia, bien qu'il soit présent dans 37 communes sur les 52 que compte la wilaya, et qui bénéficie de l'appui de l'administration et de certains délégués dialoguistes, fait toujours figure de parent pauvre dans la région de Kabylie. On se rappelle les résultats insignifiants obtenus par ce parti à l'issue des élections locales du 10 octobre 2002. Mis à part les deux ou trois élus issus de la liste APC de Oued-Ghir, aucun autre siège n'a pu être arraché, même à l'APW qui en compte 43, par ce même RND. Il est à noter que l'échec du processus de dialogue engagé par le Chef du gouvernement, Ahmed Ouyahia, qui assure aussi le poste de secrétaire général du RND, avec la délégation des archs conduite par Belaïd Abrika ne peut que tomber en sa défaveur. Ceci dit, la remise en cause par le Chef de l'Etat des promesses faites par Ouyahia à ses interlocuteurs du mouvement citoyen a sérieusement déprécié le mérite du patron du RND au sein de la communauté kabyle. Les candidats et responsables du RND auront donc du mal à convaincre la population kabyle à voter en leur faveur, surtout que cette échéance électorale est caractérisée par le foisonnement de listes. Le chargé de communication du RND au niveau du bureau de la wilaya de Béjaïa, M. Kamel Bouchoucha, s'est montré optimiste quant aux chances de victoire de son parti lors des élections du 24 novembre prochain. Il affirme que pas moins de huit grands meetings populaires devront être animés par des ministres et cadres du parti à travers les plus importantes daïras de la région, telles que Akbou, Sidi Aïch, Amizour, Kherrata, El-Kseur, Béjaïa… On apprend, également, que le secrétaire général du RND, M. Ahmed Ouyahia, devra effectuer vers la fin de cette campagne électorale une tournée dans la région, où il s'adressera aux citoyens dans des meetings et conférences publiques. MSP : des candidats “importés” Afin de combler son déficit organique dans la région, le Mouvement de la société pour la paix (MSP), un parti mal ancré en Kabylie pour son idéologie islamiste, n'a pas trouvé mieux que de recourir à “l'importation” de militants d'autres wilayas du pays, notamment de Jijel, pour se présenter sur des listes électorales dans la wilaya de Béjaïa. C'est le cas de la liste présentée à l'APC d'Amizour dont la totalité des candidats se trouve être originaire de la wilaya de Jijel. Le parti de Abou Djerra Soltani, qui a trouvé beaucoup de difficultés pour boucler sa liste APW à Béjaïa, aura quand même réussi à être présent dans six communes, dont Amizour, El-Kseur, Béjaïa… L'ex-Hamas, qui a tenu à marquer sa présence, même symbolique, en Kabylie, doit sa prouesse à l'apport de ses militants et sympathisants d'autres régions du pays. Indépendants : des listes à profusion Contrairement aux précédentes échéances électorales, les partielles du 24 novembre prochain se caractérisent par la participation massive des candidats indépendants qui veulent profiter de cette situation de déliquescence politique en Kabylie pour briguer ce mandat exceptionnel des collectivités locales. Si certains candidats justifient leur choix porté sur des listes indépendantes par le fait qu'ils n'ont aucune obédience politique, c'est que d'autres ne sont que des dissidents de partis politiques. À titre d'exemple, deux listes sur les trois dites indépendantes à l'APC de Béjaïa-ville sont conduites par d'anciens cadres du FFS, dont l'un était élu sur la liste de ce parti en 1997. Le coordinateur de l'UDR à Béjaïa n'a pas hésité à se présenter sur la troisième liste indépendante que conduit un colonel de l'ANP en retraite. KAMEL OUHNIA
