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"La physionomie des couples algériens a beaucoup évolué"
Nadia Aït-Zaï, militante des droits de la femme et de l'enfant
Publié dans Liberté le 24 - 01 - 2022

Nadia Aït-Zaï est juriste, avocate et maître assistante à la faculté de droit de Ben Aknoun. C'est une militante féministe, fondatrice du Centre d'information et de documentation sur les droits de l'enfant et de la femme (Ciddef).
Liberté : Les Algériens se marient de moins en moins. En 2019, les bureaux d'état civil ont enregistré 283 000 unions contre 315 000 en 2019, soit une baisse de plus de 10%. Que vous inspirent ces chiffres ?
Nadia Aït-Zaï : Il faut rappeler que cette tendance à la baisse des mariages en Algérie remonte à quelques années déjà. Les Algériens ne se marient plus comme avant pour diverses raisons. Mais si l'on s'attarde sur ces deux dernières années, force est de constater que la crise sanitaire liée à la pandémie de coronavirus a eu un impact certain sur les mariages. Les exemples d'hommes et de femmes ayant annulé ou reporté leurs unions, dans notre voisinage immédiat, dans la famille ou encore parmi nos connaissances, illustrent cette situation baissière. Notez d'ailleurs que cette situation est la même à travers tous les pays touchés par la pandémie. Cela d'une part. Il faut dire, d'autre part, que depuis quelques années, la moyenne d'âge du mariage en Algérie a nettement reculé. Selon plusieurs études, cette moyenne d'âge se situe actuellement autour de 28/30 ans pour les femmes et de 33, voire 35 ans pour les hommes. Remarquez que, cela étant dit, les derniers chiffres en la matière, de l'Office national des statistiques ne concernent que l'espace d'âge allant de 20 à 34 ans. Or, de plus en plus d'hommes et de femmes contractent mariage au-delà de 35 ans, 40 ans et plus. Il faut donc relativiser la lecture de ces chiffres, quand bien même la tendance baissière tendrait à s'imposer comme une réalité sociologique dans notre pays.
Peut-on dire que les difficultés économiques expliquent également cette tendance baissière ?
Oui et non. Oui, parce que, aujourd'hui, les hommes et les femmes, en âge de mariage, réfléchissent deux fois plutôt qu'une avant de s'engager dans la vie commune. On pense d'abord à un emploi stable, un appartement ou encore à mener une vie acceptable en termes de qualité. De ce point de vue, l'économie du pays et le niveau de vie peuvent en effet expliquer le recul du nombre de mariages en Algérie. Non, si on prend en considération d'autres données sociologiques et historiques propres à notre société. Chez nous, le mariage reste un projet de vie. Et dans ce projet, la formation des couples et des unions est très encouragée par la société : les membres de la famille (parents, frères et sœurs), les proches, voire les amis s'impliquent tous dans les mariages en contribuant soit en prenant une partie des charges matérielles lors des mariages, soit à travers des aides, par exemple, dans la location d'appartement pour les nouveaux couples. Cette tradition n'est pas près de changer.
Les femmes deviennent de plus en plus autonomes. Cet aspect n'explique-t-il pas aussi ce recul dans les mariages ?
S'il est vrai que la femme, en Algérie, a beaucoup évolué, arrachant notamment une certaine autonomie à travers les études et son intégration professionnelle, le mariage, chez les femmes algériennes, reste un projet de vie. Il s'agit d'un statut social et cela n'est pas près de changer pour des raisons sociologiques et culturelles. Une femme qui n'est pas mariée est malheureusement toujours mal perçue par notre société. Je ne pense pas que l'autonomie de la femme peut par conséquent expliquer ce recul des mariages. Bien au contraire, une femme qui travaille et perçoit un salaire contribue aujourd'hui, en grande partie, à faciliter le mariage pour les hommes qui, dans un passé récent, prennent à leur compte tous les frais du mariage et encore après, dans de la vie quotidienne du couple.
La moyenne d'âge du mariage se situe aujourd'hui autour de 27-29 ans pour les femmes et de 33-34 ans pour les hommes. À quoi est dû, selon vous, ce recul ?
Il faudrait des enquêtes approfondies sur le sujet. Mais de prime abord, ont peut dire que les études – il y a de plus en plus de femmes et d'hommes qui choisissent de longs cursus universitaires – peuvent en partie justifier cette tendance.
Cette donnée reste plus prégnante chez les femmes en particulier. Les études achevées, c'est un autre parcours qu'il faut commencer avec l'intégration de la vie professionnelle : une donnée encore plus prégnante chez les femmes qui cherchent à arracher leur autonomie.
Cela d'une part. Il y a, d'autre part, le volet économique. Les difficultés liées à la location d'un appartement, à l'achat d'une voiture ou à la subvention à la vie quotidienne peut également expliquer ce recul de l'âge du mariage. De manière générale, les hommes et les femmes en âge de se marier prennent de plus en plus de temps avant de se décider.
L'étude de l'ONS révèle aussi une baisse de la fécondité chez les femmes, avec un indicateur conjoncturel passé de 3,0 enfants par femme à 2,9...
Oui. Les Algériens font de moins en moins d'enfants. La physionomie des couples algériens a beaucoup changé. Elle a évolué. Les femmes comme les hommes accordent de plus en plus d'importance à la qualité de leur vie de couple. Il y a une recherche d'une vie commune qui prend en considération l'épanouissement du couple. Avec deux enfants, le couple vit mieux qu'avec trois ou quatre enfants.
On pense également à la qualité de vie des enfants, en leur procurant les meilleures conditions possibles. Encore, entre avoir deux ou trois enfants n'est pas la même chose que quatre enfants ou plus. À cela s'ajoutent, vraisemblablement, les difficultés liées à l'économie. La vie moderne exige de plus en plus d'argent pour les soins ou pour les études des enfants.

Propos recueillis par : Karim Benamar


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