Depuis le début de cette année, pas une goutte de pluie n'a arrosé l'ensemble des hautes plaines steppiques de la wilaya de Relizane, où l'inquiétude des fellahs se fait de plus en plus sentir. Et comme un malheur n'arrive jamais seul, les fortes gelées nocturnes ont donné le coup de grâce au peu de végétation rabougrie qui a résisté à la sécheresse. Le barrage de Gargar, qui a emmagasiné quelque 56% d'eau à la suite des récentes précipitations de décembre dernier, est presque à sec, constate-t-on. Conséquence, les exploitations agricoles de plusieurs communes de Relizane sont privées du précieux liquide. De même pour l'élevage de la carpe qui périclite dangereusement dans ce vaste plan d'eau. Face à cette situation exceptionnelle, éleveurs et petits fellahs ont décidé d'opter pour des mesures draconiennes, allant, pour les premiers, jusqu'à casser leur tirelire pour s'approvisionner en aliment du bétail et, pour les seconds, à ranger la charrue dans les hangars et la semence dans le grenier, en attendant l'apparition d'une ondée salvatrice. La situation est des plus critiques pour le monde rural et rappelle la triste période de disette du début des années soixante-dix, qui hante toujours les esprits. Les éleveurs de la région ont été ruinés et les parcours rasés jusqu'à la racine. Une sécheresse qui fait le bonheur des spéculateurs qui décident du prix du sac d'aliment du bétail obtenu. Le sac de 80 kg est vendu à plus de 4 000 DA. Sachant que chaque tête consomme au moins 500 g par jour d'orge ou de maïs concassé, et avec plus d'une centaine de têtes comme seul et unique capital, l'éleveur s'arrache les cheveux. De nombreux nomades et éleveurs, croisés dans les trois principaux marchés hebdomadaires aux bestiaux de la wilaya, accusent la maffia de l'aliment du bétail qui décide des prix. La situation est intenable pour ces milliers de propriétaires de bétail ovin.