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Moutarde dijonnaise et harissa algérienne…
Festival “les nuits d'orient” en Bourgogne
Publié dans Liberté le 15 - 12 - 2005

Notre collaborateur revient de Dijon où il a participé en tant qu'auteur, au festival “Les nuits d'Orient” qui en est à sa cinquième édition, et où l'Algérie était à l'honneur. Carnet de bord de son escapade bourguignonne…
En sautant dans le train TER à destination de Dijon depuis la gare de La Part-Dieu, à Lyon, en ce vendredi 9 décembre, nous ignorions tout de cette rose parmi les roses de la Côte-d'Or qu'est Dijon si ce n'est une vague idée sur la qualité de sa moutarde et de ses vins (les fameux grands crus de Bourgogne). “N'oublie pas de nous ramener un peu de moutarde de là-bas”, nous lancent des copains gavés de harissa. À chaque ville ses clichés… Et nous imaginions les armoiries de cette honorable cité frappées d'insignes à l'effigie de la moutarde, du vin et des escargots…
Nous voici à la salle “La Coupole”, nichée au cœur de la Vieille-Ville. Un magnifique espace d'exposition surmonté d'une voûte de verre qui lui vaut d'ailleurs son nom. C'est ici qu'exposent les artistes algériens en guest-stars du festival “Les nuits d'Orient”. Le festival, qui se tient du 2 au 18 décembre, a été créé en 2000 à l'initiative de la direction de la culture de la ville de Dijon. “Le festival des nuits d'Orient est une invitation au voyage, une invitation à découvrir ce qui réunit l'Orient et l'Occident, qui sont par leur diversité et leurs richesses culturelles des terres amies”, écrit Yves Berteloot, adjoint délégué à la culture. Musique, chant, conte, danse, théâtre, arts plastiques, littérature, cinéma, spectacles de rue, expos, installations, interventions urbaines, ateliers in situ, le festival fait “art” de tout bois. Le tout illuminé sous les feux follets des fêtes de Noël, baignant la ville et sa cité historique dans une ambiance bon enfant où se mêlent chants liturgiques, comptines de Noël, rock, jazz et gospel. La ville entière semble empaquetée dans du papier-cadeau et enroulée d'un ruban rouge pour être offerte au visiteur, au bon plaisir de ses yeux...
Quelques repères : Dijon se trouve à environ 300 km au sud-est de Paris. Elle est le chef-lieu du département de la Côte-d'Or et de la région de Bourgogne. Elle fut d'ailleurs le siège du duché de Bourgogne au XIVe et au XVe siècles et siège de l'Ordre de la Toison d'or. Le principal palais ducal abrite aujourd'hui le Musée des beaux-arts. Les ruelles de la cité historique s'entrelacent à travers un dédale de murs impressionnants, entre édifices publics et hôtels particuliers, et qui débouchent à un moment donné sur une imposante cathédrale de style gothique : l'église Notre-Dame. Outre son patrimoine historique et archéologique, la région est riche pour la qualité de ses terres comme en témoignent ses vignobles qui font la fierté de ses caves. On peut y admirer par ailleurs un splendide lac : le lac Kir. Dans les rues se côtoient marchés populaires – avec leur panoplie d'objets de facture traditionnelle – et boutiques de mode où le design tient le premier rôle. On peut voir, disposés en vrac dans des bacs, des pots multicolores de moutarde emblématique frappés de l'inscription : “Reine Dijon. Moutarde depuis 1840”. Il paraît que c'est une marque…
“Et… il y a eu du grabuge par ici avec cette histoire des banlieues ?” interrogeons-nous un Dijonnais. “Ici ? Non. Ils ont cramé juste deux ou trois bagnoles, histoire de tirer leur baroud d'honneur, pour le folklore quoi !” La France semble s'être calmée. Il n'y a plus de militaires dans les gares et les aéroports. Mais les séquelles sont profondes.
“Pax Bourguignona”
Revenons à nos moutons. Trois artistes algériens sur les cinq invités sont présents physiquement à La Coupole : Amors Driss Dokman, commissaire de l'expo en quelque sorte, Abderrahmane Aïdoud et Noureddine Chegrane. Manquent Djahida Houadef et Arezki Larbi. Ils n'ont pu se déplacer faute de visa. Mais leur travail est là, et c'est le principal. Les œuvres des artistes algériens embellissent la salle avec éclat. Les tableaux ornent ostensiblement les murs tandis que les œuvres de 17 artistes peintres dijonnais occupent le centre de la salle. Quoique chacun avec sa patte, son style et sa sensibilité propres, nos “compatripotes” trempent tous dans le contemporain, en y injectant toutefois un soupçon de traditionnel, à grand renfort de signes anciens. Chegrane rappelle à notre bon souvenir une facture en vogue du temps du groupe Awchem, un lignage dont volontiers il se réclame. Aïdoud intègre un symbole tautologique qui revient dans toutes ses œuvres, et qui se décline comme un tatouage ancestral, lui, le Chaoui de Khenchela. Dokman explore les figures du Tassili et a choisi comme support des morceaux de tissu coupés dans une vieiIlle étoffe tissée par les mains de sa grand-mère, lui, l'enfant de Bou Saâda, et qui a grandi dans le sillage de Dinet. Mais les peintres contemporains n'aiment pas beaucoup Dinet et son orientalisme pro-colonial. D'ailleurs, l'expression même “festival d'Orient” en irrite plus d'un, suscitant un parasitage sémantique dans l'oreille de certains. Dokman est outré par la danseuse du ventre érotiquement étalée sur l'affiche de référence du festival. “C'est tout ce qu'ils savent du monde arabe”, s'indigne-t-il. Aussi, leur travail est-il important : casser les clichés que colporte encore l'Occident sur nous en expliquant, au passage, que le Maghreb et l'Orient, ce n'est pas la même chose, même s'il y a de l'Orient dans le Maghreb. La peinture des artistes algériens est croisée, disions-nous, avec l'œuvre de 17 peintres dijonnais. Ceux-ci font tous partie de l'atelier “Art Tendances” qu'anime Anna Zielinski, une artiste d'origine polonaise qui a une grande aura dans les milieux artistiques bourguignons. Son travail est essentiellement centré sur la récupération du patrimoine.
Anna se joint à notre trio qui vont ainsi diriger la réalisation d'une fresque au centre social Balzac, encadrant une centaine d'habitants de la région issus de différentes origines, dont une bonne ribambelle d'enfants. Le résultat est époustouflant : un dictionnaire en couleur (et haut en couleur) arabe-dijonnais de l'amitié. Une manière subtile de raconter autrement les banlieues et de tisser entre les marginaux de toutes les communautés des liens autrement plus fraternels. L'auteur Mustapha Benfodil est venu y apposer une touche finale avec un poème écrit sur le vif : Pax Bourguignana : recette pour la paix. Pendant ce temps, le conteur algérien Saïd Ramdane invitait, pour sa part, les mômes dijonnais à deux spectacles narratifs des plus succulents : Jahjoh le Simple et Halkat El-Bahdja.
Cocktail littéraire
Retenons enfin cette grande soirée littéraire de ce dimanche 11 décembre où le public était convié à des lectures théâtralisées autour de textes choisis par Mustapha Benfodil et mises en lecture par La Caribou Cie et le comédien Mouss. Une affiche où alterneront des auteurs connus et moins connus, des jeunes et des moins jeunes, des écrivains consacrés et d'autres plus discrets, des textes en prose ou en poésie, tantôt graves, tantôt légers, avec Aziz Chouaki, Mohamed Kacimi, Djalila Hadjar Bali, Adlène Meddi, El Mahdi Acherchour, Mohamed Younsi, Abdelhamid Laghouati, Mustapha Benfodil ainsi que l'inénarrable Fellag avec de savoureux extraits de son dernier spectacle : Le dernier chameau. Une manière de faire découvrir la richesse et la diversité de la littérature algérienne d'aujourd'hui : des écritures virevoltantes, acérées et pleines de verve et de virtuosité.
Notons à ce propos le remarquable travail de tout un tissu de femmes, d'hommes, de mairies et d'associations qui militent pour une meilleure diffusion de la culture algérienne à l'étranger, à une plus grande ouverture de l'Occident, en général, et la France en particulier sur l'étranger.
Sur ses étrangers…
On ne dira jamais assez, en effet, la gentillesse, le courage et l'extrême générosité d'une multitude de gens et d'associations qui œuvrent avec humilité, discrétion et abnégation pour faire connaître d'autres cultures en ces temps où le monde se cloisonne de plus en plus, se verrouille de tous côtés, comme un escargot sur sa coquille. Un monde où les peuples ont de plus en plus de mal à s'entendre, à se parler, à se comprendre, et où les artistes, ces troubadours anachroniques, se posent et s'imposent comme les derniers passeurs par lesquels le “contact” pourrait encore être maintenu avec l'autre rive, tandis que politiques, chefs de guerre, spécialistes de la manipulation des opinions publiques et autres champions ès xénophobie rendent la vie chaque jour plus difficile aux citoyens de tous pays. Merci donc à toutes ces nobles âmes qui nous ont comblés de leur sollicitude : à France et son mari, à Marie-Claude, à Anna et André, à Janina et Didier, à Assia, à Kader, à Hervé, aux gens du Creusot, l'association Convergences, l'association Un livre, une vie, la Maison de la Méditerranée et à ce sacré Yacine Gougelin, grand chevalier de la culture et grand mécène des artistes qui ne sont pas parrainés par le marché…
M. B.


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