L'administration Bush a démenti, mardi, tramer avec Israël un plan de déstabilisation du Hamas, mais a renouvelé sa mise en garde contre un arrêt des aides américaines aux Palestiniens si le groupe islamiste ne renonce pas à la lutte armée contre l'Etat hébreu. Dans son édition de mardi, le New York Times écrit que les Etats-Unis et Israël discutent des moyens de déstabiliser le gouvernement palestinien que formera le Hamas, vainqueur surprise des législatives du 25 janvier. Il s'agit, écrit le journal, de placer le Hamas devant l'alternative suivante : soit reconnaître le droit à l'existence d'Israël, déposer les armes et accepter les accords passés entre Palestiniens et Israéliens, soit voir l'Autorité palestinienne privée de contacts et d'aides internationaux. Le plan provoquerait l'échec d'un gouvernement Hamas et le mécontentement de la population, de sorte que le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, serait contraint de convoquer de nouvelles législatives, dit le quotidien. “Un tel plan n'existe pas”, a déclaré devant la presse le porte-parole de la Maison-Blanche Scott McClellan. “Nous avons avec le gouvernement israélien les mêmes conversations qu'avec les gouvernements arabes, les gouvernements européens et d'autres”, a dit M. McClellan. Ce dernier a redit que les Etats-Unis respectaient le résultat des législatives palestiniennes en les qualifiant de “libres et justes”. Mais il a prévenu le Hamas qu'il avait “un choix à faire” et que l'aide américaine aux Palestiniens était en jeu si le Hamas ne cessait pas de combattre Israël, allié des Etats-Unis. “Le Hamas est une organisation terroriste” et “nous avons signifié clairement que nous ne finançons pas et que nous ne financerons pas d'organisations terroristes”, a-t-il dit. “Nous voulons avoir un partenaire pour la paix et vous n'avez pas en face de vous un partenaire pour la paix si sa politique repose sur le terrorisme et la violence et la non-reconnaissance du droit à l'existence d'Israël”, a-t-il déclaré. Le quartette international, auquel appartiennent les Etats-Unis ainsi que l'Union européenne, la Russie et l'Onu, a conditionné la poursuite de son aide à l'Autorité palestinienne au renoncement à la violence par le Hamas, à la reconnaissance d'Israël et au respect de la “feuille de route”, le plan de paix élaboré par les quatre pays. L'Administration américaine procède actuellement à un réexamen de son aide. “Il devrait s'achever dans une semaine ou deux”, a dit le porte-parole du département d'Etat. Le nouveau Parlement palestinien devrait siéger, entre-temps, le 18 février. Ensuite commencera la formation du nouveau gouvernement. Avant la victoire du Hamas, les Etats-Unis entendaient apporter aux Palestiniens en 2006 une aide de 150 millions de dollars par le biais de leur agence pour le développement international (USAid), et de 84 millions de dollars par leur participation à l'agence de l'Onu pour les réfugiés palestiniens, l'Unrwa. Un arrêt de l'aide américaine affecterait douloureusement l'Autorité palestinienne, déjà confrontée à des déficits considérables et dépendante du reversement des taxes et droits de douanes qu'Israël a dit vouloir cesser quand le Hamas sera effectivement au pouvoir. Le Hamas aurait ainsi toutes les peines du monde à tenir sa promesse d'améliorer la vie quotidienne des Palestiniens. L'Administration américaine s'est engagée à tenir compte des “besoins humanitaires” des Palestiniens. Mais les Etats-Unis attendent à présent de “voir quel gouvernement va émerger (...) et quel programme il va mettre en œuvre” avant de décider de leur réponse, a dit le porte-parole de la diplomatie américaine.