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Les victimes oubliées du code de la famille !
Elles ont trouvé refuge à SOS-Femmes en détresse
Publié dans Liberté le 07 - 03 - 2006

En instance de divorce, Fatiha est chassée, avec ses huit enfants, du domicile conjugal. Sonia attend toujours que son divorce soit prononcé. Nazha, issue d'un mariage religieux non enregistré à l'état civil, réclame un nom.
Trois femmes de différentes générations. Trois destins semblables dans le malheur. Un malheur arrivé fatalement par la bêtise des hommes et l'incongruité du code de la famille, pourtant révisé l'année dernière. Elles se sont toutes les trois réfugiées au centre SOS-Femmes en détresse, le temps qu'elles sortent du tumulte des procédures judiciaires et qu'elles surmontent le traumatisme psychologique dont elles souffrent inexorablement. Elles nous ont exposé leur tragédie personnelle en nous priant de préserver leur anonymat. “Nous ne voulons pas avoir de problèmes avec nos familles”, expliquent-elles. Sonia avance sur ses 30 ans. Née de parents inconnus, elle est adoptée par une famille au revenu moyen, dans un douar isolé d'une ville de l'est du pays. “Je n'étais pas très à l'aise chez mes parents adoptifs. Dès que j'ai reçu une demande en mariage, j'ai accepté immédiatement”, raconte-t-elle. “Une semaine après le mariage, mon mari m'a battue à mort. J'ai alors découvert qu'il était déjà marié, père d'un enfant et toxicomane.” Elle s'est battue alors pour que son mariage soit enregistré à l'état civil. En vain. Un soir, son conjoint lui propose de se rendre, avec lui, à Oran pour vendre du haschich. “Au départ, je n'avais pas compris. J'ai raconté ce fait à mon frère adoptif. Il m'a ordonnée de retourner sur-le-champ chez mes parents.” Sonia est restée, dans le domicile conjugal, deux mois durant lesquels elle a subi les pires sévices corporels. “J'habitais dans un douar très conservateur. Le retour d'une jeune mariée chez ses parents est mal vu. J'ai quitté le village pour ne plus souffrir des commérages.” Assistée par les juristes du centre d'accueil, elle saisit la justice pour la reconnaissance légale de son mariage. “Le juge a rendu un verdict en ma faveur. Aussitôt, j'ai engagé une procédure de divorce.” Sonia est déterminée à prendre sa vie en main : “Je ne retournerai jamais dans ma ville natale. Je suis brodeuse. Je trouverai un travail.” Les amendements apportés au code de la famille ont quelque peu simplifié la situation de Sonia.
Fatiha (47 ans) et Nazha (19 ans) sont beaucoup moins gâtées par les nouvelles dispositions, consenties par le président de la République dans la loi de 1984. Depuis le mois de juillet dernier, Fatiha et ses huit enfants sont, encore une fois, chassés du foyer par le père de famille. “Il nous a mis dehors une dizaine de fois en quatre ans. Il joue, devant le juge, la comédie du père et du mari qui regrette son geste et réclame sa famille. Dès que nous retournons à la maison, il nous impose à nouveau l'enfer. Il me battait et me harcelait psychologiquement. Il s'en prenait aux enfants.” Parce qu'elle ne voulait pas abandonner ses gosses, les parents de Fatiha lui ont fermé la porte de leur maison. “Nous avons été hébergés, pendant quelques jours, chez des amis, puis nous avons loué des chambres d'hôtel. Quand l'argent a manqué, nous sommes venus au centre SOS-Femmes en détresse.” Le cas de Fatiha est assez révélateur de l'impossible application de l'article du code de la famille, stipulant que “le domicile conjugal revient de droit à la femme divorcée ou en instance de divorce ayant la garde de ses enfants”. Si l'époux se déclare sans ressources, le juge ordonne la cohabitation des deux conjoints. Une solution irrationnelle dès lors que la vie à deux est déjà totalement compromise. “Je ne peux pas retourner vivre sous le même toit que mon mari. Il redeviendra violent envers moi et les enfants. J'ai peur que l'un de mes aînés ne commette un crime”, explique Fatiha. “Nous avons discuté avec lui. Il a demandé que sa famille réintègre la maison. Mais il ne nous inspire pas confiance”, reconnaît Mme Koudjil, l'une des responsables du refuge. Fatiha est désespérée. Elle n'entrevoit aucune issue heureuse à ses problèmes conjugaux. “Les lois ne nous protègent pas. Il suffit que mon mari dise qu'il ne veut pas divorcer pour que le juge m'exhorte à retourner au domicile conjugal et ferme mon dossier”, se plaint-elle en nous montrant la photo de son fils aîné. “Il a 25 ans. Il est dans la rue depuis des mois. J'ai peur pour lui.” Elle quitte la pièce, accablée par son malheur.
Nazha arrive aussitôt. “Vous voulez bien parler de mon cas ? Moi aussi je suis victime du code de la famille.” La jeune fille est née d'un mariage religieux qui n'a duré que quelques mois. Elle n'a jamais été inscrite à l'état civil. Dès son plus jeune âge, elle devient la pierre contre laquelle son père aiguise ses rancœurs et ses colères. “Des années durant, ma grand-mère a exigé de lui qu'il me reconnaisse légalement. Il a refusé. Il était violent avec moi et tellement tendre avec ses autres enfants. Ma mère ne veut pas de moi non plus. D'ailleurs je ne me souviens pas d'elle. Elle a été répudiée juste après ma naissance.” À l'âge de 15 ans, Nazha est mise dehors, en pleine nuit, par celui qui lui a donné la vie. Elle a erré dans les rues désertes comme une âme en peine. Un automobiliste lui propose de l'héberger chez lui pour la nuit. Il tente d'abuser d'elle. “Je me suis dégagée de son emprise. J'ai sauté de la fenêtre de la salle de bains.” Soignée à l'hôpital pour de multiples fractures, elle est hébergée, pendant huit mois, à Diar Errahma de Béjaïa. Elle est ensuite ballottée entre le centre de rééducation des mineurs de Sétif et de Batna, avant d'être internée à l'hôpital psychiatrique de Joinville à Blida. “Pendant trois ans, j'ai subi le traitement réservé aux fous, alors que j'étais saine d'esprit.” Une femme, admise dans cet hôpital pour une dépression nerveuse, a été sensible au drame de Nazha. Elle alerte les responsables de SOS-Femmes en détresse. Ces dernières accomplissent les démarches administratives pour libérer la jeune fille de sa geôle. “Je veux juste qu'on me donne un nom. N'importe lequel, pourvu que j'aie des papiers d'identité”, implore l'adolescente sans grand espoir. Le code de la famille ne dispose d'aucun article à même de mettre un terme aux drames induits par les mariages religieux.
Souhila H.


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