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“Jacques Derrida, notre allié”
Un colloque international s'ouvre aujourd'hui à Alger
Publié dans Liberté le 25 - 11 - 2006

Jacques Derrida, d'origine algérienne, sa famille a vécu plus de cinq cents ans à Alger,
était le plus grand philosophe de la fin du XXe siècle, un passeur entre les deux rives.
Il se voulait judéo-arabe, franco-algérien, citoyen du monde.
C'est comme ça que chacun des penseurs ouverts doit penser aujourd'hui ses racines, dans la synthèse et la fidélité à ses origines. Derrida était un allié pour toutes les causes justes, de l'Algérie hier, à la Palestine aujourd'hui, allié aussi de tous ceux qui sont soucieux d'hospitalité, d'objectivité et de démocratie universelle. Il faisait preuve d'une pensée critique, loin des réquisitoires, des anathèmes, des stigmatisations qui nous mènent vers une destination inconnue.
L'Algérie, pays ouvert sur le monde, son pays natal, lui rend un hommage mérité. L'islam est le dernier dissident, résistant aux dérives de la modernité.
Il est donc ciblé. Le système hégémonique ne cache plus son ambition d'asseoir son emprise sur la totalité du monde. L'islam résiste à cette force qu'on peut appeler “la sortie de la religion de la vie”. Il résiste à la marchandisation du monde, au risque flagrant de la déshumanisation et aux injustices.
Si cette dernière digue cède, c'est toute l'humanité qui sera en danger de mort. Mais cette résistance prend parfois des contours réactionnaires et certains inauthentiques musulmans nuisent à ce qu'ils croient défendre. De là vient la confusion.
Mais ceux qui, en Occident, se laissent influencer par la désinformation et les amalgames ont une attitude tout aussi suicidaire. Le refus de dialoguer avec l'islam n'est conforme ni aux critères de la pensée universelle ni à la philosophie des lumières.
Derrida, agnostique, areligieux, ne méprisait pas la religion. La propagande du choc des civilisations est, comme dit Derrida, “fumeuse, infondée” et, j'ajouterais, haineuse. On tente de faire croire que l'Occident et l'Orient sont monolithiques et incompatibles. Une contre-vérité. L'Occident classique a été judéo-islamo-chrétien et gréco-arabe. Au lieu de mettre l'accent sur le problème de justice et la question du droit qui devraient régir la relation entre les individus et les peuples, les tenants de cette thèse, Bernard Lewis, Samuel Huntington, bref tous les néoconservateurs radicaux et réactionnaires, alimentent un combat d'arrière-garde qui cache mal leurs desseins de domination du monde. Derrida critiquait, sans concession, ce mouvement belliciste.
Le monde musulman, malgré ses faiblesses actuelles et ses contradictions, peut aider le monde moderne, qui se trouve dans une impasse tragique, à créer une nouvelle civilisation qui nous fait tant défaut. Tout comme on a besoin des autres.
On parle du choc des civilisations alors qu'il n'y a plus de civilisations ! L'ère industrielle, après Descartes, Rousseau et Hume, n'a pas su créer une civilisation. Malgré de prodigieux progrès scientifiques et l'élévation de la condition humaine, nous constatons qu'il n'y a pas de civilisation, c'est-à-dire pas de cohérence entre le temporel et le spirituel, l'unitaire et le pluriel. Une civilisation signifie que les trois aspects essentiels, le sens, la justice et la logique, se tiennent dans une complémentarité effective et visible.
Aujourd'hui, comme le dit Jean-Luc Nancy, cet autre philosophe majeur, proche de Derrida, qui nous fait l'honneur d'être présent au colloque d'Alger comme d'autres éminents penseurs, l'horizon du sens se ferme. Notre tâche est de tenter, ensemble, par le dialogue de la pensée, de le rouvrir.
(*) Mustapha Chérif, ancien ministre, ambassadeur et islamologue


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