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Les adieux à une amitié contrariée
Bouteflika-Chirac
Publié dans Liberté le 17 - 02 - 2007

Les effusions et les accolades sont les mêmes pour les photographes. Le couple Bouteflika-Chirac a vraisemblablement posé pour la dernière fois devant les objectifs des caméras. Pour les adieux de Chirac à l'Afrique, le président Bouteflika a fait le déplacement, pratiquement, pour le symbole. Pour l'amitié et le traité qui en découle, c'est l'échec sur toute la ligne.
Pourtant, les deux hommes ont toujours rêvé d'une photo. Un cliché qui marquerait l'histoire. Comme cette poignée de main dans une matinée grisâtre entre Helmut Kohl et François Mitterrand qui scella la réconciliation franco-allemande et enterra le contentieux de la Seconde Guerre mondiale. Les raccourcis de l'histoire sont ce qu'ils sont, Chirac tenant la main de Bouteflika devant le monument aux Martyrs algériens ne sera jamais photographié. Pudiquement, les deux Présidents n'ont pas abordé le sujet. Subtilement, aucun des deux n'a rejeté la faute sur l'autre d'un traité d'amitié moribond, cliniquement mort pour les plus sceptiques. Cannes était déjà marquée par les émotions des adieux de Chirac à ses “potes” africains et il semble bien, malgré les apparences cultivées depuis huit ans entre les deux hommes, que Bouteflika ne fait pas réellement partie des amitiés chiraquiennes.
Au-delà du registre sentimental, Cannes est la confirmation patente que le traité d'amitié, né dans l'euphorie de la visite de Jacques Chirac à Alger en mars 2003, est un fiasco politique. À qui la faute ? Les deux hommes partagent les torts même si chacun peut avancer des circonstances atténuantes.
Pour le président français, deux facteurs peuvent expliquer ce ratage monumental. D'abord, son sens de l'amitié. On le dit loyal dans ses amitiés, mais davantage dans ses inamitiés. S'il n'a jamais renié sa fidélité à certains “dictateurs” africains, il ne pouvait, même en bon équilibriste, veiller sur les intérêts du roi du Maroc, Mohammed VI, et considérer Bouteflika comme une relation de confiance.
Le parrain de Mohammed VI
Ce conflit d'intérêts franco-marocain a empoisonné la vision chiraquienne. Les accolades sur le perron de l'Elysée n'y feront rien. Les représentants français à l'ONU, de Jean-François Dobelle à Jean-Marc de la Sablière, la garde diplomatique rapprochée de Chirac à New York, a fait échouer toutes les options acceptables sur le Sahara occidental au profit du Maroc. Lobbying, marchandages au Conseil de sécurité, pressions inamicales et substitution aux diplomates marocains ont fait des “sherpas” de Chirac les porte-voix du Maroc et, par conséquent, les détracteurs des propositions algériennes aux Nations unies.
Le président Bouteflika sait que Chirac ne peut concrétiser les promesses diplomatiques sur une neutralité pas évidente à tenir. Les diplomates algériens espérant, également, que leurs homologues français fassent la part des choses entre les amitiés subjectives du locataire de l'Elysée et les intérêts français au Maghreb. Mais sur ce dossier hautement sensible, la France de Chirac n'a pas évolué d'un iota. En guise de bouquet final, Chirac recevra le conseiller du roi du Maroc, Fouad El-Himma et le patron des services marocains pour un appui qui fera encore jaser à Alger. Chirac ne franchira pas les lignes rouges qu'il s'est imposées. Car Mohammed VI n'est plus un ami, mais pratiquement de la famille. Reste que ce ne sont pas les seules lignes imposées au président français.
Celles de l'histoire coloniale et de la mémoire sont tout autant infranchissables. Sur ce dossier, Chirac fera preuve d'une prudence extrême qui démontre son infime marge de manœuvre. Il avait, certes, tapé sur la table pour réviser l'article 4 de la loi du 23 février, mais comme sur le dossier marocain, il se dégage de lui cette étrange sensation d'un homme d'Etat qui donne de la main droite et ignore ce que fait sa main gauche.
Les dérapages de Douste-Blazy
Car pour la condamnation, Chirac n'ira pas plus loin. Que l'initiateur du projet, Philippe Douste-Blazy en l'occurrence, soit son chef de la diplomatie au moment de cette polémique ne l'émeut pas. Chirac ne se désolidarise pas, sur le fond, avec le locataire du Quai d'Orsay et l'envoie même à Alger se faire tancer le cuir par un Bouteflika colérique. Douste-Blazy en rajoutera une couche avec des déclarations peu affables et franchement pas aimables sur la santé du président algérien et son séjour médical à Paris. Chirac fera le dos rond et ne remettra pas Douste-Blazy à sa place. En décodé, Chirac joue aux ventriloques et rien ne dit que le diplomate français ne dise pas tout haut ce qu'on pense tout bas à l'Elysée.
Il y a eu également le poids incommensurable des lobbys de harkis, pieds-noirs, anciens militaires de l'armée française et les “nostalgiques” de la droite française que Chirac ne pouvait ignorer. C'est une des matrices politiques et électorales de l'ancien RPR et actuellement de l'UMP. Même Sarkozy l'a démontré avec son récent discours à Toulon. On ne s'affranchit pas de ces groupes de pression pour le seul désir d'Alger, qu'on l'appelle repentance, excuses ou pardon. Sur ce plan, Chirac n'a pas évolué car il ne le peut pas. Celui qui a dégradé Aussaresses ne peut mettre en parenthèses “la grandeur de la France” même si elle est entachée d'une histoire sanglante en Algérie.
L'amitié sans visas
Pour le président Bouteflika, les choses sont moins amères. Egalement sous le regard des lobbys nationalistes, notamment la famille révolutionnaire et d'une partie non négligeable du FLN, son ouverture sur la France aura duré le temps d'une passade. La difficulté à ne pas trop concéder à l'ennemi d'hier l'avait déjà taraudé en juin 2000 lorsqu'il fustige, au terme d'une visite mémorable à Paris, les harkis comparés aux “collaborateurs vichystes”.
Depuis, Bouteflika s'est radicalisé. En mars 2003, il accueille Chirac devant une Alger qui semble reconquise à l'idée d'une nouvelle fraternité algéro-française. Le terme “refondation” devient à la mode. Les visas aussi. Bouteflika laisse la vedette à Chirac dans les rues d'Alger et mise sur le fait que le président français, sur la question des accords de libre circulation, est tenaillé par les contraintes européennes. La déception est grande malgré un bel effort de l'ambassade de France à Alger, mais les dossiers de visa font retomber cette euphorie comme un soufflet.
Bouteflika couple la question des visas à celle de la mémoire. L'auditoire en Algérie adhère à la question du “génocide français en Algérie” et se remémore les “enfumades”. Comme Chirac, Bouteflika ne peut s'isoler sur cette question. En ancien combattant de l'ALN, il confie, allègrement et souvent, à ses interlocuteurs français que Chirac est “un ami” après avoir été un “ennemi”, et que tous les deux ont été les soldats d'une guerre qu'il s'agit de ne pas reléguer dans les annexes du traité d'amitié.
Tous, de Chevènement à Sarkozy, en passant par Mazaud, Debré, Alliot-Marie ou Vauzelle, ont eu droit à ce chapelet au palais d'El-Mouradia répercuté aux oreilles de Chirac. En filigrane, Bouteflika espérait que Chirac fasse ce fameux “geste” qui sortira la France grandie aux yeux de l'histoire d'un passé colonial terrible et reconstruire, après coup, sur des bases nouvelles. “La refondation” ne suppose-t-elle pas aplanir les vestiges du passé ? Rien ne vient de Paris, et à mesure que la déception grossit, les accusations algériennes s'amplifient.
D'une certaine manière, Bouteflika n'avait pas également une marge de manœuvre infinie sur la question des relations algéro-françaises. En plus, les opérateurs français ne cessaient de se plaindre des marchés envolés et des appels d'offres “orientés” vers les Chinois, Américains et autres Européens. Une manière d'affirmer à la France cette souveraineté recouverte et la fin d'un huis clos pénalisant pour l'image de l'Algérie auprès de ses autres partenaires.
Ainsi, s'achève une “amitié” qui n'a jamais été une relation “privilégiée”. Le calendrier a décidé que c'est Chirac qui a perdu. À trois mois de son départ de l'Elysée, il aura laissé, aux Algériens, l'image d'un Président prochen mais grandiloquent, un “ami” plein de promesses, mais méfiant et un partenaire sympathiquenn mais sans pragmatisme. Mais également un professionnel de la communication qui sait sourire aux photographes en présence de Bouteflika.
Mounir B.


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