24 partis politiques et 6 listes des indépendants sont engagés dans la bataille électorale. Le fort engouement de candidatures indépendantes, la multiplication de partis politiques dans la région, la “bataille organique” du FLN pourtant véritable rouleau compresseur électoral, mais dont les diverses ailes s'entre-déchirent, font que cette élection se présente dans la wilaya de Béjaïa comme une véritable équation à plusieurs inconnues pour un corps électoral estimé, cette fois-ci, à 430 000 électeurs. En effet, au moment où le FLN fait face à une sourde contestation de ses militants autour de la liste des candidats, une contestation qui s'est d'ailleurs refroidie, le RND s'attelle dans le calme et la discipline à préparer ses sorties sur le terrain et à mener une campagne qui se veut très dynamique à l'instar de l'ANR, du RPR, du PNSD, du MSP, du PT, du MDS, du PRA, d'Ennahda ou encore du FNA et de AHD 54 et, enfin, les six listes des indépendants dont les têtes de liste sont, dans leur majorité, des transfuges de partis politiques donc dotées d'une culture politique à même de leur permettre de tirer leur épingle du jeu le jour “J”. Nonobstant la crise qui a touché presque toutes les forces politiques dans la région et les prémices de sanction de la base qui sont sensibles, il n'en demeure pas moins que le suspense reste entier quant aux noms des candidats qui accéderont au siège de l'APN. Et encore une fois, les élections législatives du 17 mai prochain seront marquées à Béjaïa par la prédominance des partis de l'alliance présidentielle ; celle-ci concernera outre le courant nationalo-conservateur incarné par le FLN, le RND, Le FNA, AHD 54, le RPR, le PRA, le RA, le courant islamique représenté par Ennahda, le MSP, El-Islah, et le courant démocratique incarné par la toute nouvelle alliance ANR-UDR-MDS de Hocine Ali. Le RCD, le PT et six listes des indépendants sont également engagés dans la campagne. Quant à l'absence du FFS, les observateurs considèrent que ce nouveau boycott fait que ce rendez-vous est ouvert, et tout pronostic est vraiment hasardeux même si des partis politiques localement implantés comme le RND, l'ANR, le RPR, ou encore les indépendants seront vraisemblablement aux avant-postes le 17 mai prochain. Comment mobiliser le corps électoral ? Partis politiques et indépendants en course sont unanimes et déterminés à animer vigoureusement la campagne. Dans les localités de la vallée de la Soummam, ce rendez-vous semble pour l'instant ne pas emballer les jeunes, à l'image de la ville d'El-Kseur, terre de la fameuse “plate-forme” des archs. Le jeune Walid, chômeur de son état, a tenu à nous répondre d'un ton ferme à propos de l'intérêt que suscite cette élection : “On vote pour eux et ils s'installent à Alger jusqu'à la fin de leur mandat.” Même constat chez A. R., jeune pharmacien exerçant dans la ville de Seddouk qui dira : “Que ces députés, une fois élus, reviennent au moins revoir leurs électeurs !” Et de marteler : “J'irai voter le 17 mai, c'est un acte citoyen.” Dans la ville de Sidi-Aïch, les préparatifs vont bon train, même si le travail des candidats, peu nombreux cette fois-ci, se fait en catimini. Néanmoins, des citoyens rencontrés aux quatre coins de la localité soutiennent mordicus qu'ils vont voter. “Je vais y aller car je veux par cet acte changer un tant soit peu les choses”, renchérit Fodil B. commerçant. À Akbou, deuxième pôle de la wilaya ; le calme plat règne pour l'instant, mais l'intérêt est grandissant pour ces joutes électorales, et il est palpable chez cet enseignant du lycée. “Vu le foisonnement des partis politiques et les nombreuses listes des indépendants et surtout vu le travail de coulisses qui se fait actuellement, il n'y a aucun doute, il y aura un vote plus ou moins massif”, dira-t-il avant de faire un appel aux candidats en lice pour faire de cette campagne électorale un moment pédagogique. “Il faut qu'il y ait une confrontation de programmes au service des citoyens, et ma foi, il ne faudrait en aucun cas que cette campagne balance dans l'invective, sinon le citoyen boudera inévitablement les urnes”, conclut-il. L'alliance républicaine a reçu un écho favorable auprès de la population Un détour par les sièges des partis politiques et des indépendants révèle l'ambiance bon enfant régnant au sein des troupes qui, durant cette première semaine de campagne électorale, guettent les erreurs des uns et des autres afin de pouvoir rebondir. Les stratégies se mettent petit à petit en branle, et avec comme prédominance durant cette période, le travail de proximité entamé par tous les candidats. Pour tâter le terrain et le pouls des formations politiques et des indépendants à Béjaïa, nous avons entamé notre périple de Tazmalt, où se trouve l'une des permanences de Smaïl Mira, tête de liste du RPR, avec 4 mandats à la tête de cette municipalité. Les préparatifs vont bon train et l'optimisme se lisait sur les visages de ses très nombreux fidèles. “Nous sommes en train de mettre les bouchées doubles pour réussir la campagne électorale. Nous sommes de ceux qui croient qu'un député doit rendre des comptes à ses électeurs et à la population et ne pas rester dans les hôtels d'Alger durant son mandat. Et c'est pour cela que si je suis élu, j'ouvrirai des permanences pour recevoir les doléances des citoyens. Moi je crois à ma région et à mon pays avant toute chose”, a déclaré le tête de liste du RPR. Direction Béjaïa à Amriw, sur la route de Boulimat où se trouve la permanence de l'ANR. Là aussi, les militants redoublent d'effort, tout en mettant en exergue l'alliance enfin réalisée des démocrates républicains. Pour Bektache Madjid, P/APC de Darguina, tête de liste de l'ANR, “sur le plan politique, la construction du pôle républicain a reçu un écho favorable auprès de la population, ce qui nous autorise à être optimistes. À nous maintenant de fructifier tout ça”, conclut-il. Du côté de la mouhafadha du FLN à Béjaïa, il règne une effervescence continue ; beaucoup de militants se rendent disponibles, et les orientations fusent de partout. “Le ‘malaise organique' est à peine perceptible et les réunions se succèdent. Nous sommes, comme vous le voyez, à l'œuvre et le FLN part encore une fois gagnant. Pour le mécontentement, tout est rentré à présent dans l'ordre”, a affirmé M. Akli Bourouih, candidat du parti de Abdelaziz Belkhadem à Béjaïa. Au Rassemblement national démocratique, l'optimisme règne pour cette élection législative. La structure de wilaya, il faut le souligner, n'a pas cessé depuis déjà des mois d'activer dans différentes localités, en plus du travail de proximité qui bat son plein actuellement. “Vu la place qu'occupe actuellement le RND, nous serons présents en force dans cette élection où nous serons les favoris. Nous mènerons une campagne digne, et je suis optimiste sur nos résultats et sur le taux de participation”, renchérit M. Bouchoucha, deuxième sur la liste du RND conduite par Omar Allilat à Béjaïa. Au MSP et El-Islah, c'est la même ferveur, les relais et les réseaux de ces structures politiques sont mises en branle, et un travail de titan est en train d'être mené autour des têtes de listes qui sont M. Kendoul, pour le MSP, et Aïcha Meslem, pour El-Islah, dont c'est le deuxième mandat. Le PT a jeté son dévolu sur Fouzia Mokrani, le PRA sur l'ex-DDS de Béjaïa, M. Berimi Zoubir, le RCD sur Djamel Ferdjallah, le MDS sur Dalila Aoudj, le PNSD sur Ali Gherbi. Le travail de proximité bat son plein, et ce à tous les niveaux. Du côté des indépendants, Bezza Benmansour nous a déclaré : “Nous sommes issus du mouvement citoyen, mais nous ne nous engageons pas dans cette élection. Nous serons des députés de proximité et nous serons aux côtés des citoyens pour prendre en charge leurs préoccupations”, soutient cet ancien élu à l'APW de Béjaïa, considéré par de larges pans de la société comme l'une des personnalités politiques les plus constantes. L'autre liste indépendante en marche et celle conduite par le P/APC d'Amizour Meziane Belkacem, qui a tenu à souligner que cette échéance est une opportunité pour “l'émergence d'un nouveau personnel politique dans notre région”. L'autre liste indépendante qui attire l'attention par la qualité de ses candidats est celle menée par Hamou Mansouri, directeur général du CHU de Tizi Ouzou, “La force du peuple”. Pour ce dernier, “notre liste est représentative de toute la wilaya. Nous, nous projetons d'être les voix des citoyens et je suis confiant pour cette élection”. Nous citerons enfin cette liste des syndicalistes rodés aux multiples luttes autour de Khoulalen Abdelouhab qui, elle aussi, peut tirer son du jeu le 17 mai prochain à Béjaïa. A. H.
