À quelques jours des négociations entre le Front Polisario et le Maroc, qui se tiendront à Manhasset (New York) sous les auspices de l'ONU autour de l'autodétermination du peuple du Sahara occidental, l'Organisme international Crisis Group (ICG) vient de publier deux études, en relançant la proposition marocaine relative à une soi-disant autonomie dans le territoire sahraoui. Spécialisée dans l'analyse des conflits, l'organisation internationale s'est montrée sceptique sur les résultats des pourparlers, reconnaissant que “les données du conflit n'ont pas changé”. Pour l'ICG, le Conseil de sécurité de l'ONU est devant “un dilemme”. “Soit, il doit convaincre le Maroc d'accepter la tenue par les Sahraouis d'un référendum basé sur le principe de l'autodétermination qui, par définition, inclut l'option de l'indépendance, soit il doit inviter le Maroc, le Polisario et l'Algérie à négocier la résolution du conflit, sur la base de principes qui leur conviennent”, a relevé l'organisme basé à Bruxelles. À l'en croire, l'importance devrait être accordée à la seconde proposition qui incite à des négociations “directes et libres sans médiation ni préconditions de l'ONU”, impliquant aussi l'Algérie, et laisse la pleine initiative au Maroc. “Elles (les négociations) doivent être initiées par le Maroc dans des termes qui puissent être sérieusement pris en compte par l'Algérie et le Polisario”, a indiqué l'ICG, précisant que dans ce cas de figure, “le rôle de l'ONU se bornera à maintenir sa présence au Sahara occidental comme une force tampon, à offrir une assistance pratique aux négociations si les trois parties ensemble la demandent et à accepter l'accord conclu entre les protagonistes”. Rien n'est dit sur la poursuite ou non, par l'occupant marocain, du pillage des ressources naturelles de l'ex-colonie espagnole. Encore moins sur le sort réservé à la population sahraouie des territoires occupés qui fait face journellement à une violente répression. Si ce n'est que Rabat doit “admettre que son opposition à la tenue d'un référendum d'autodétermination fait que sa responsabilité dans la résolution du conflit par les négociations est plus grande”. Ou encore que “sa récente proposition d'autonomie est nettement insuffisante pour aboutir à un accord avec le Polisario ou l'Algérie sur un règlement du conflit basé sur la souveraineté marocaine”. Sur cette base, l'ONG a alors appelé, notamment le Maroc à “reconnaître le Polisario comme un parti politique pouvant agir dans le cadre de la loi au Sahara occidental, et à prendre en compte des préoccupations algériennes concernant l'inviolabilité des frontières héritées de l'époque coloniale et les problèmes concernant la frontière entre les deux pays”. L'ICG a même suggéré à Rabah de soumettre directement ses futures propositions ou initiatives au Front Polisario et à l'Algérie. Les experts de l'ICG ont raison de déclarer que l'offre marocaine est “nettement insuffisante” et que les données du problème de décolonisation sont inchangées. H. Ameyar