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Biskra et ses poches de délinquance
Porte du désert au sommeil lourd
Publié dans Liberté le 14 - 06 - 2007

La nuit commence à tomber. Sur le trottoir d'une rue principale, des enfants s'amusent à faire rouler un pneu et jouent avec à saute-mouton. Ultime distraction pour ces enfants qui n'ont aucun loisir après l'école. La ville de Biskra somnole à peine sortie de sa sieste traditionnelle. “El-gueïla”. La sieste ! Geste sacré des autochtones qui se reposent entre les deux prières de la journée. À ce moment-là, tout est fermé. Presque. Les quincailleries et un seul café, détenus par des gens de l'extérieur, demeurent ouverts. Et quelques rares taxis.
Les bus sont à l'arrêt, chauffeurs et receveurs piquent un somme. Personne n'est pressé. On s'adapte aux éléments de la nature. Sinon, on ne peut que compter sur ses pieds, pour ceux qui ne sont pas véhiculés. Dans les cafés de la périphérie, des enfants assis sur des tapis jouent aux cartes, des vieux aux dominos. C'est toléré pour les enfants qui n'ont pas de quoi se distraire. C'est juste la face visible de la vie dans cette porte du désert. La nuit, c'est le vol, les agressions, les bagarres, et surtout les saouleries en plein air, dans les fermes. Au final, décor des plus désolants des bouteilles de bière jetées et cassées contre les murs. Des murs partout, comme de longs remparts qui entourent les quartiers, les cités, les institutions. D'interminables murs qui accompagnent comme une seconde peau le visiteur. Hormis ces enceintes, la ville ressemble à un grand chantier ouvert devant le désordre. La poussière meuble tout bas-côté de la chaussée. Inégales, défoncées par endroits, les artères de la ville ressemblent à d'anciennes routes oubliées, ce qui tranche avec l'aspect de la nouvelle ville qui n'est pas loin de celui des cités dortoirs du nord du pays, sentant le neuf.
Curieusement, les panneaux de signalisation sont absents, ce qui ouvre la voie à une conduite insensée. Tous les sens sont valables. On emprunte le côté de la chaussée le moins crevassé même si c'est en sens inverse. Seuls quelques feux tricolores empêchent la catastrophe. Des gamins à vélo, des motos traversent, sillonnent inlassablement la ville avec, à chaque coin de rue, le risque d'être percuté par les voitures, les chauffards ignorant allègrement les freins. Hormis ces moments de fort mouvement, la ville de Biskra revient rapidement à sa somnolence. À la tombée de la nuit, les vieux, en petites grappes, s'assoient et discutent. Les enfants sont encore dehors. C'est le seul moment où ils peuvent sortir tout en évitant le soleil qui mord avec ses brûlures. À la mi-journée, Biskra ressemble à une ville morte. Les vieux agriculteurs n'apparaîtront que le soir venu. L'agriculture, ici à Biskra, c'est surtout le palmier dattier, et on a commencé à essayer l'olivier.
Les communes limitrophes ne sont pas tellement différentes du chef-lieu de la wilaya. Elles gardent néanmoins cet aspect ancien qui leur donne de l'authenticité. À l'ombre de quoi s'est développée une vie clandestine.
À Sidi-Okba, lieu sacré, tombeau de Okba Ibn Nafaâ, belle oasis avec une palmeraie hantée par des êtres nocturnes.
Descente de la gendarmerie soutenue par des éléments du groupe d'intervention (GIR). Dans la palmeraie dense, appelée la forêt, évolution à pied et en silence, les véhicules sont laissés loin pour ne pas donner l'alerte. Pourtant, elle sera donnée par un homme resté en retrait. Mais, trop tard. Trois gendarmes d'un côté, un autre groupe de l'autre, inspection minutieuse de l'endroit.
Le premier groupe tombe sur des “buveurs”. Deux ont juste eu le temps de prendre la fuite, alors que cinq n'ont même pas eu le temps de réagir. Ils sont pris en train de boire, canettes de bière, cartons de vin rouge, assis à même le sol au cœur d'une palmeraie. Les deux fuyards ont été rattrapés par le lieutenant du GIR. Ils sont tous fouillés. Rien d'illicite dans leurs poches. Un seul n'a pas de papier. “Je suis chez moi, je ne prends de papier que quand je suis à plus de 100 kilos (kilomètres) de chez moi”, dit-il lorsqu'il est interrogé sur les raisons de l'absence de ses papiers d'identité. Un autre, d'un certain âge, se prend pour un ancien combattant. Le vendeur est inconnu. Personne ne le “vend”. Il est peut-être parmi eux. Non loin de ce “bivouac”, on voit bien un cimetière de bouteilles, canettes et autres emballages. Les gendarmes récupèrent deux motos et un vélo. Tout le monde est embarqué vers la brigade pour être interrogé, fiché… On peut trouver parfois des gens recherchés, a expliqué un lieutenant, chef de la brigade locale.
La majorité d'entre eux s'en sortira avec des amendes. “La chasse” reprend dans une autre direction. On aperçoit une voiture, tous feux allumés dans un champ. Lorsque la patrouille ralentit, les feux sont éteints. Suspect. La patrouille traverse le terrain jusqu'à la voiture. Elle est occupée. Le chauffeur est en train de manger. Un autre se tient debout non loin de là. Interrogé sur sa présence au milieu d'une ferme, une oliveraie, il répond qu'il est venu acheter la terre. Acheter une ferme la nuit ! Il poussera l'absurde jusqu'à mettre un peu de conviction dans ses réponses. Il ne connaît pas l'autre homme qui est en fait le propriétaire. Personne n'est convaincu. Il est fouillé, sa voiture aussi. Pas grand-chose. Sous un jeune palmier, un gendarme découvre une bouteille de limonade en plastique. L'arôme est suspect. Difficile de dire ce qu'on y a ajouté. Un “zombreto” local ? Et refouille de l'intérieur de la voiture. Le gendarme tombe sur une bouteille de Jack Label, un whisky assez fort. Le gars a donc mélangé le whisky avec de la limonade. Il en a déjà pris quelques gorgées. S'ensuit alors une leçon de morale de la part du chef de la patrouille qui profite de la présence de chercheurs en sociologie, nous en l'occurrence. Ce qui lui arrachera des aveux et des excuses. Il implore le gendarme de camoufler l'affaire pour sauvegarder sa réputation. Il sera à son tour embarqué. Retour à la brigade. Il est minuit, le temps de rentrer, pour nous. La patrouille travaillera ainsi pendant 12 heures, jusqu'au lendemain matin.
On se quitte avec une interrogation du gendarme : pourquoi ne pas laisser les gens ouvrir des bars pour cantonner les buveurs et mettre fin aux saouleries “sauvages” qui sont à l'origine de bagarres, de dépôt de plainte et de dépassements ?
Retour pour une dernière image sur la ville de Biskra avec “ses enfants du pneu”, ses interminables murs et ses cailloux. À son aspect de chantier, de ville en éternelle construction. Le soleil n'a pas encore arrêté d'arracher la peau de ceux qui s'aventurent en sa présence. El-gueïla, alors !
D. B.


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