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Les secrets d'une aventure suicidaire !
Ayant suivi de près une tentative de “harga”
Publié dans Liberté le 09 - 12 - 2007

Omar et le groupuscule d'accompagnateurs venus saluer les boat people s'éclipseront furtivement et dans la discrétion, tout comme ils avaient rejoint la plage.
“Omar, mon frère, si nos jours sont comptés, je préfère que nous ne mourions pas tous les deux ensemble !” Ce sont les ultimes propos ayant persuadé le jeune Omar à renoncer, au moment même où il mettait ses pieds sur l'une des cinq embarcations en partance vers l'Espagne, à l'aventure de la traversée transméditerranéenne clandestine ! Aujourd'hui, Amine, le frère aîné, auteur de ces propos instinctifs, vit dans la région parisienne. Omar est resté à Mostaganem. Témoin de tous ses préparatifs, c'est lui qui nous raconte une grande partie des péripéties de l'aventure que vous allez suivre.
Disposant de véhicules, motos et pleins d'autres “gadgets” et biens personnels à même de susciter le rêve et l'envie de nombre de ses congénères, Amine ne manquait pratiquement et apparemment de rien chez lui à Mostaganem. Et pourtant… !
À l'instar de centaines, voire de milliers de jeunes de son âge, il céda à la tentation de l'“Eldorado outre-méditerranéen”, abandonnant ses études dont il devait entamer la quatrième et dernière année à l'école régionale des beaux-arts de Mostaganem. “Chauffé” par l'étrange facilité d'une traversée écourtée à à peine 5 ou 6 heures par la folle rumeur colportée à travers la région, Amine jouissait d'une autre “force attractive” pour le continent européen : trois tantes maternelles étaient légalement établies en France alors que deux oncles venaient de réussir, cahin-caha, la traversée clandestine, juste quelques semaines avant lui. Le premier oncle avait rejoint, l'été dernier, l'Italie à partir de la côte d'Annaba. Un mois plus tard, c'est au départ de la Salamandre, la coquette station balnéaire de Mostaganem, que le second avait mis le cap sur la côte ibérique. Agonisant, massacré et fracassé, lui et ses compagnons de voyage, par une mer en furie, il a failli rejoindre l'au-delà avant d'atterrir sur l'autre rive ! Ayant rallié tout de même la France, il se remet difficilement de son traumatisme et de ses fractures multiples, nous confie son neveu Omar. En dépit de ce cauchemar certainement vivace, l'obsession de l'aventure ne cessait de tarauder l'esprit du feu follet Amine.
Entraîné par la fougue irrésistible qui s'est emparée cet été des jeunes Mostaganémois, il commença par amasser le pécule nécessaire à la “croisière” aventureuse. À cet effet, il “liquida” et ses biens propres et les objets que lui avait confié son oncle avant son départ ! Quelque 70 millions de centimes du “butin” sont reconvertis en euros. De connivence avec cinq autres compères, et à l'insu des parents, les préparatifs de l'aventure à haut risque sont intenses. En dehors du groupuscule et d'un cercle particulièrement restreint d'amis et de complices, rien ne filtre sur le “plan d'action” envisagé.
Le “vaisseau” à emprunter, ou “botty” dans le jargon des harraga, est une embarcation de 4,90 mètres achetée à un émigré. On la dote d'un moteur de marque Yamaha neuf, acquis pour 28 millions de centimes. L'appareil de guidage par satellite est acheté à Oran pour 6,7 millions de centimes, sans compter les frais du service du “technicien” sollicité pour la mise au point et l'initiation au maniement de l'équipement.
On se dote de deux chambres à air pour pneus de tracteur et d'une pompe à air pour les gonfler afin d'en faire des bouées de sauvetage en cas de besoin. On se procure une bonne dizaine de jerrycans de carburant, des bottes, des gilets de sauvetage et quelques colis de dattes dont on n'a même pas la certitude d'en consommer, tellement l'appétit s'estompe face au mystère de l'imprévu. On s'assure du “beau temps” promis par Dame Météo, consultée via internet et on implore Dieu pour le bon déroulement de la succession des évènements à affronter.
On s'arrange en vue d'une sortie sans encombre, des eaux territoriales nationales, et on s'est fixé le jour J — plutôt la nuit N — afin de garantir une meilleure discrétion à une semaine des fêtes de l'Aïd !
Deux véhicules, dont un fourgon, étaient empruntés, cette nuit-là, pour acheminer hommes et bagages à Sidi Mejdoub, l'autre station balnéaire située face au port, à quelques encablures du centre-ville. Les conditions étaient tellement propices qu'on se permit, aux ultimes moments de mettre le cap, d'inviter deux autres jeunes du quartier à prendre part au voyage. Bien que maigre, l'apport financier des deux jeunots qui ne cherchaient que ça contribuait néanmoins à l'amortissement des charges. Curieux concours de circonstances, pas moins de cinq embarcations étaient en partance, cette nuit-là, pour la rive espagnole ! À la hâte et dans la précipitation, on transborde équipements et provisions.
Les téléphones portables dotés de puces Mobilis sont soigneusement scotchés afin d'éviter tout risque de détection du champ magnétique. Six à neuf “passagers” s'apprêtaient à prendre place dans chaque embarcation. Des filles et même des adolescents faisaient partie des aventuriers. L'émotion est à son comble au moment du grand départ : pleurs et sanglots étouffés fusaient, ça et là, en sourdine ou en silence au moment des ultimes adieux. Amine était incapable de résister à l'émotion intense. “Omar, mon frère, si nos jours sont comptés, je préfère que nous ne mourions pas tous les deux ensemble !” dit-il à l'adresse de son cadet avant de l'embrasser bien fort. Guère plus tenace, Omar ne tarda pas à céder à une telle supplication. Ne trouvant mot à redire, il s'exécuta et descendit de l'embarcation prête pour le départ.
Il était environ une heure quand les cinq “botty” s'ébranlèrent à destination de la rive rêvée. Omar et le groupuscule d'accompagnateurs venus saluer les boat people s'éclipseront furtivement et dans la discrétion, tout comme ils avaient rejoint la plage.
Le lendemain, il était 13 heures passées quand le téléphone portable d'Omar retentit. Somnolent sous l'effet du jeûne et en quête de sommeil, il eut du mal à déchiffrer le SMS dont il venait d'être destinataire. “Appelles-moi !” Bien que laconique, le message était néanmoins fortement réjouissant. Il augurait d'un bon signe ! Amine était bel et bien vivant. Dans la précipitation, Omar formula et reformula le numéro d'appel de son frère. Une fois ! Deux fois ! À la troisième tentative, le répondeur automatique s'exprimant en espagnol précéda Amine. Amina et ses “coéquipiers” étaient arrivés à bon port, quelque part sur la rive d'Almeria ! Abandonnant embarcation et équipements encombrants, le groupuscule de compagnons s'est aussitôt disloqué. Trois jours durant, Amine passait le plus clair de son temps à déambuler, en duo avec un ami, à travers une forêt côtière. Ici, Omar “approvisionnait” quotidiennement la puce particulièrement “gourmande” d'Amine ! 400 à 500 dinars lui étaient “télé-crédités” chaque jour. Grâce à ce subterfuge permis par l'opérateur public de téléphonie mobile, le contact avec Omar et la famille restée au pays est, depuis, permanent.
Au terme d'un bref séjour chez un concitoyen originaire de Relizane établi à Barcelone, le duo de clandestins en “cavale” est entré en France en compagnie d'un proche venu les chercher à Marseille. Aujourd'hui, Amine qui fêtera la semaine prochaine son 25e anniversaire, est hébergé par l'une de ses tantes maternelles. “Bossant” comme un dingue, il tente de se frayer, là-bas, l'avenir rose tant rêvé ici chez lui !
M. O. T.


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