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À Ben Aknoun, les jeunes prient pour que ça change
24 heures après le drame
Publié dans Liberté le 13 - 12 - 2007

“Ce peuple est majoritairement jeune. Nous représentons 78% de la population et nous sommes à chaque fois les plus grandes victimes de la tragédie que traverse notre pays. Nous voulons vivre en paix. On veut avancer. Qu'on nous laisse éclore !” Un message assez fort à l'adresse d'un gouvernement visiblement incapable de comprendre une population qui veut tout simplement avoir une place, sa place dans le monde qui avance. Hier, 24 heures après le drame, Ben Aknoun fait son deuil et prie pour que ça change.
“Qu'on nous laisse éclore”, c'est la première phrase que nous a lancée une jeune fille rencontrée hier matin au niveau du cordon de sécurité instauré autour du lieu de l'attentat de Ben Aknoun. Au milieu d'une dizaine de jeunes, cette étudiante en marketing, brandissait une pancarte sur laquelle elle avait dessiné le drapeau algérien. En grand et en langue arabe, on pouvait y lire : “Tahya chabiba (vive la jeunesse)”. À la place de l'étoile, il y avait une fleur : “Ce peuple est majoritairement jeune. Nous représentons 78% de la population et nous sommes à chaque fois les plus grandes victimes de la tragédie que traverse notre pays. Nous voulons vivre en paix. On veut avancer. Qu'on nous laisse éclore.”
À la question de savoir qui elle vise par cette dernière réclamation, elle a subitement paniqué : “Je ne veux pas faire de la politique et je ne veux citer personne. Je suis Algérienne et fière de l'être. Je suis du côté maternel, une descendante de l'émir Abdelkader et je me devais d'exprimer ma colère. Même si je me retrouve ici seule parce que les autres manquent d'audace. D'ailleurs, cette pancarte je l'avais dessinée le 11 avril dernier le jour même de l'attentat devant le Palais du gouvernement. Je ne me suis pas déplacée ce jour-là sur place, mais finalement c'est à un autre 11 que je me retrouve avec ce dessin et dans presque les mêmes conditions”, elle terminera sous l'effet de l'émotion : “On ne peut plus se taire. En restant debout ici avec ce dessin, j'essaye de m'exprimer et de montrer ce que je ressens.”
Un peu avant, aux environs de 9h30, deux voitures arrivent en trombe devant l'entrée du Conseil constitutionnel. Dans la première, on reconnaît à l'avant Boualem Bessaïah, le président de l'institution touchée. Au même moment, nous remarquons un couple de type asiatique à côté de l'entrée du centre commercial dont les magasins sont restés fermés. Avec un bon français, la femme posait des questions à quelques jeunes qui étaient vraisemblablement les propriétaires des magasins limitrophes du siège du Conseil constitutionnel. Ces derniers lui répondaient avec un air dépité qu'en ce qui les concerne, il n'y a eu que des blessés en plus des dégâts matériels. Les jeunes ont cru qu'il s'agissait des Chinois venus avoir des nouvelles sur leurs compatriotes qui ont été touchés dans l'attentat. Il s'agissait de journalistes vietnamiens (selon leurs propres dires) : “Nous sommes venus voir ce qui s'est passé. Nous sommes bien sûr choqués. Le Vietnam en sait quelque chose. La guerre on l'a vécue, et on comprend ce que vit le peuple algérien. Je suis ici depuis 4 ans et je sais ce que vous endurez.” Tout en nous demandant si elle pouvait prendre des photos sans risque elle nous lança : “Le ministre de l'Intérieur a dit hier qu'on était libre alors je vais essayer.”
À propos des Asiatiques touchés par l'attentat, elle nous dira qu'il s'agissait selon toute vraisemblance de Chinois. “Je crois savoir qu'il y a eu parmi eux un mort et sept blessés”. Elle nous quittera en nous saluant pour se diriger avec son “compagnon” directement vers l'entrée du siège ciblé. Les lieux paraissaient beaucoup plus “propres” que la veille. Les équipes de nettoyage ne se sont pas arrêtées et les camions transportant les débris étaient toujours sur les lieux.
Déjà la veille, on les avait remarqués se relayer à un rythme infernal. Les services de l'éclairage public ont été aussi sollicités en fin de journée pour placer des projecteurs pour les travaux de nuit. Des travaux qui n'avaient rien d'“innocent” pour certains. Ainsi un employé des équipes de nettoyage a été surpris par un officier de la gendarmerie en train de ramasser des CD qui se trouvaient sous les débris. Le gradé s'est contenté de lui crier : “Qu'est-ce que vous faites avec ça ? Où sont vos responsables ? Dégagez d'ici !” Obtempérant rapidement le “pilleur” change de place en baissant la tête… tout en cachant derrière son dos les CD. Pas loin, un autre membre de l'équipe de nettoyage se débattait avec le disque dur d'un PC délabré. “Je veux prendre le processeur”, nous dira-t-il, presque en chuchotant. “Ils ne savent pas que c'est l'élément le plus important d'un micro et puisqu'ils nous ont dit de prendre ce qu'on veut, moi je vais en profiter”.
Face à l'immeuble, il y avait une dizaine de voitures, toutes calcinées, jonchaient la cour. Devant ce “cimetière” de ferraille, une dizaine de personnes, dont plusieurs femmes, étaient en train de contempler l'édifice avec un air consterné.
À une dizaine de mètres de l'entrée de la polyclinique (environ à 100 mètres du lieu de l'attentat), on remarque deux feuilles collées sur un mur avec du scotch et difficilement lisibles. Sur la première, y sont inscrits 21 noms et prénoms, mais sans autres précisions. Sur la seconde, il y avait 12 noms (avec prénoms) avec en haut de la page la mention “enfants” et en bas on pouvait lire “B. N. (ndlr, probablement pour indiquer Nota Bene) : liste des blessés évacués à Birtraria et Béni Messous”. On ne pouvait pas comprendre si c'étaient les noms des morts ou des blessés. En entrant à la polyclinique pour au moins essayer de comprendre ce que voulait dire les deux listes affichées, personne n'a daigné nous répondre. Seul un infirmier se contentait de nous répéter : “Il faut voir la cellule de communication de l'hôpital de Birtraria.”
Ben aknoun encore sous le choc
Ben Aknoun s'est réveillé groggy. Les rues étaient désertes tout au long de la journée et il n'y avait pas de traces ou presque de l'ambiance habituelle de cette commune connue pour abriter plusieurs universités et lycées. “Al hala rahi fargha grave”, nous dira avec un air grave Smaïl, la trentaine. C'est le quatrième attentat que cette commune subit de plein fouet depuis le début des années 1990 “mais c'est le plus meurtrier”, nous précisera Rachid, 34 ans, fournisseur de meubles et habitant les Asphodèles (à 500 mètres à vol d'oiseau du lieu de l'attentat). Il nous précisera les trois : “Un devant la cité des jeunes filles, un autre devant la fac de droit et enfin celui devant la mairie.” L'enfant des “As” nous relatera comment il a vécu l'attentat : “Au moment de l'explosion, j'étais d'ailleurs ici même en train de prendre mon café. Les vitres ont volé en éclat de l'immeuble Mustapha-Doudou qui se trouve juste à côté du lycée français. J'ai vu cet immeuble se tordre comme du chocolat. C'était incroyable. En plus sur le coup, tout le monde parlait d'une bombe qui aurait explosé devant l'ambassade du Canada”, Abdenour, la vingtaine, lui aussi habitant le quartier, ajoutera : “Pour la houma, il n'y a pas eu beaucoup de dégâts, si ce n'est quelques vitres brisées”. Il nous montrera les balcons touchés avant de remarquer avec le sourire : “Tiens, mon voisin du dessus a fermé carrément les volets de son balcon. Ce n'est pas de ses habitudes. Il a sûrement peur d'un autre attentat.” Il prendra tout de même un air grave en parlant des victimes : “Le chauffeur de l'entreprise d'un awlid houma qui est mort. Je le connais très bien. Il était en plus un père de famille, et son aîné ne dépasse pas les 6 ans. Deux autres chauffeurs qui travaillent avec lui ont disparu.” Du côté de la cité des jeunes filles, c'est la consternation totale. Devant la sortie, on a remarqué en cette matinée plusieurs étudiants encombrés avec des bagages. “Je vais rentrer chez moi à Tizi Ouzou. Mes parents ont insisté à ce que je rentre dès maintenant. Ils s'inquiètent beaucoup. Je ne reviendrai qu'après l'Aïd”, nous dira l'une d'elle. C'étaient les mêmes réponses des autres filles, toutes impatientes de rentrer chez elles. Smaïl, de son côté, ne pourra pas bouger de Ben Aknoun. “J'y habite et j'y reste. Je n'ai pas à fuir. L'injustice
règne encore dans notre pays et encore une fois le sang des innocents a coulé. Ça finira quand ?” Qui pourra lui répondre ?
Salim Koudil


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