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Qui veut mettre une croix sur la Kabylie ?
La population de tizi ouzou choquée par les débats sur l'évangélisation
Publié dans Liberté le 06 - 02 - 2008

En Kabylie, mariages et enterrements, pour ne citer que ces deux pratiques les plus courantes, sont toujours organisés suivant les rituels musulmans. Une quelconque célébration “à la chrétienne” fera sans nul doute le tour de la région dans les heures qui suivent. Rien de cela n'a jamais été enregistré.
Aussi curieux que cela puisse paraître, des voix ne cessent de s'élever, l'une après l'autre, pour s'attaquer, dans des discours aussi violents qu'étonnants, parfois même choquants, à une Kabylie devenue, à leurs yeux, une région quasi chrétienne dans un pays musulman. Des cas tels que celui du directeur d'une école primaire relevé de ses fonctions dans la région des Ouadhias pour avoir utilisé une école publique pour les besoins d'une campagne d'évangélisation, celui de la traduction de cinq personnes devant la justice pour la même raison, ou encore l'existence d'églises en Kabylie sont souvent exploités par certains responsables comme arguments dans la confection de cette image chrétienne de la Kabylie. Mais ces discours reflètent-ils la réalité du terrain en Kabylie ? Où bien laissent-ils comprendre tout simplement que ces responsables veulent lancer une polémique dont l'objectif reste encore inavoué ? Autrement, la Kabylie est-elle aussi chrétienne qu'on tente de le faire croire ?
Selon une source au fait de ce dossier, le nombre de chrétiens dans la wilaya de Tizi Ouzou avoisine le chiffre de 2 500 personnes, alors que la population totale de la wilaya de Tizi Ouzou est de 1 249 000 habitants, soit même pas un taux de 0,5% de la population locale qui reste donc fortement attachée à la religion musulmane et ses valeurs. Un attachement d'ailleurs facilement observable au quotidien. En Kabylie, mariages et enterrements, pour ne citer que ces deux pratiques les plus courantes, sont toujours organisés suivant les rituels musulmans. Une quelconque célébration “à la chrétienne” fera sans nul doute le tour de la région dans les heures qui suivent. Rien de cela n'a jamais été enregistré. Sur le plan toujours de la pratique de l'islam, il serait utile de souligner que la wilaya de Tizi Ouzou compte pas moins de 1 500 villages et chaque village est doté d'une mosquée. Soit donc au moins 1 500 mosquées sur le territoire de la wilaya. Même plus, puisque, comme l'on sait, les grands villages et les centres urbains comptent toujours plus d'une mosquée. La ville de Tizi Ouzou compte, à elle seule, cinq mosquées fonctionnelles et trois autres en voie de réalisation. Des mosquées parfois réalisées grâce aux cotisations des citoyens lorsque l'Etat ne daigne pas répondre à leur demande en ce sens. Quant à la fréquentation de ces lieux de culte, il suffirait de se rendre dans n'importe quelle mosquée de Kabylie un vendredi. Elles sont tellement toujours pleines à craquer que de nombreux fidèles se voient contraints de faire leur prière sur la chaussée. Dans les villages kabyles, la mosquée, qui ne réunissait autrefois que les vieux du village, attire de plus en plus de jeunes depuis quelques années. Il est, aussi, facilement remarquable que le village kabyle n'a jamais connu auparavant un nombre aussi important de kamis et de hidjabs dans ses ruelles que ces dernières années. En plus des mosquées, la wilaya de Tizi Ouzou compte 16 zaouïas, réparties sur les quatre coins de la wilaya et fréquentées par des centaines de personnes. Elle compte aussi au moins deux écoles coraniques, à savoir celle de Sidi Mansour, à Timizart, et Taleb-Abderrahmane, à Illoula, qui sont fréquentées par plusieurs centaines de talebs.
Avec un tel état des lieux, où est donc la place à l'évangélisation massive en Kabylie, sachant que cette région compte deux églises, la première dans la nouvelle ville de Tizi Ouzou et l'autre dans la région des Ouadhias, auxquelles s'ajoutent quelques bâtisses de fortune transformées en lieux de culte dans certaines localités, telles que Larbaâ Nath Irathen et Ouaguenoun où est concentrée cette quasi invisible communauté chrétienne. Une communauté tellement invisible et surtout peu importante qu'en Kabylie, le commun des citoyens se montre étonné à chaque fois que la polémique sur une campagne massive d'évangélisation dans la région est relancée.
Ce qui laisse à chaque fois plus d'un perplexe c'est le fait que les sorties de certains responsables de l'Etat prennent des allures d'accusation alors que la liberté du culte est consacrée par la Constitution. “Sommes-nous dans un Etat théocratique ou bien dans une république démocratique ?” ne cesse, à chaque fois, de s'interroger le citoyen. Ce citoyen même qui ne comprend toujours pas pourquoi une loi stipulant la fermeture des lieux de culte clandestins a été promulguée pour qu'elle reste sans application et de voir, au même moment, des personnages de l'Etat défiler devant les médias pour montrer du doigt toute une région et aussi certaines personnes et organisations telles que le Mouvement pour l'autonomie de la Kabylie, MAK, dirigé par Ferhat Mehenni. Ce dernier, interrogé justement à ce sujet d'évangélisation de la Kabylie, rétorquera que “la laïcité kabyle continue d'être la cible du pouvoir. Celui-ci encourage et finance l'envoi d'imams intégristes chez nous tout en jetant la suspicion et l'opprobre sur notre région au prétexte qu'elle serait le fief des évangélistes. Or, la Kabylie n'est pas plus évangéliste que n'importe quelle autre région d'Algérie, mais pour les besoins de la propagande du régime, pointer du doigt cet abcès de fixation est plus commode”. Pour Mehenni, “il est dans sa stratégie de livrer les Kabyles au lynchage médiatique national”. “Le MAK, fidèle à ses valeurs, défend la liberté de conscience et de culte et s'insurge contre la chasse aux sorcières que les islamo-baâthistes du régime veulent orchestrer contre les chrétiens de Kabylie”, conclura-t-il.
À Tizi Ouzou en tout cas, le citoyen estime que s'il doit s'inquiéter d'une montée du christianisme, il devrait aussi s'inquiéter de la montée du salafisme.
Samir LESLOUS


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