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Les politiques et les limites dans le changement
Première étude globale du Maghreb contemporain
Publié dans Liberté le 29 - 04 - 2008

L'ouvrage, publié cette année, a reçu le soutien de l'ancien ambassadeur des Etats-Unis à Alger, Richard B. Parker, du directeur du Centre des études arabes contemporaines (université de Georgetown), Michael C. Hudson, et d'éminents professeurs, à l'exemple du Dr Mark Tessler de l'université de Michigan, et du Dr Robert Mortimer
de l'université de Haverford.
Les mutations politiques, économiques et sociales, opérées dans les pays du Maghreb ont fait l'objet d'une étude récente à laquelle ont participé près d'une vingtaine d'universitaires, de chercheurs et de spécialistes, et dont l'avant-propos a été rédigé par William B. Quandt, professeur des relations internationales à l'université de Virginie, chercheur et auteur du livre Société/Pouvoir en Algérie. La décennie des ruptures (Casbah Editions, Alger 1999).
Pour approcher les différents développements qui ont touché dernièrement la région, l'ouvrage* intitulé North Africa : Politics, Region and the Limits of Transformation (Afrique du Nord : politiques, région et les limites de la transformation), dirigé par Yahia Zoubir et Haiman Amirah-Fernandez, est structuré en trois grandes parties, qui donnent une idée à la fois de l'état des lieux et des enjeux, y compris celui de la guerre au Sahara occidental : les dynamiques politiques, les enjeux régionaux dans le Maghreb contemporain et l'insertion des Etats maghrébins dans les relations internationales et stratégiques.
Dans la première partie, les différents auteurs tentent de traduire le mystère “non démocratique” des régimes politiques au Maghreb. La réponse semble évidente pour la Libye, “Etat rentier allocataire”. La réintégration de ce pays sur la scène internationale et l'augmentation des revenus pétroliers ont ainsi permis au régime libyen d'“acheter” l'allégeance de différentes franges de la population. Ronald Bruce Saint John, l'auteur du Dictionnaire historique de la Libye, écrit que la majorité des Libyens acceptent d'échanger les libertés politiques contre un niveau de vie relativement élevé. Dans cette perspective, les réformes menées par le colonel Kadhafi ont pour seul objectif de “mettre fin à certains dysfonctionnements de l'Etat et de l'économie”. Pourtant, les conséquences de ces réformes ne passent pas inaperçues, particulièrement dans les hydrocarbures, ce qui pousse la Libye à vouloir coûte que coûte moderniser ce secteur en faisant appel aux capitaux étrangers. Dans sa contribution, John P. Entelis, professeur en sciences politiques, explique comment les différents Etats de la région ont accepté au cours des années 1990 de “moderniser leur autoritarisme”. Concernant le cas du Maroc, le Makhzen et ses composants restent essentiels dans la vie politique nationale. La libéralisation politique, engagée pendant les premières années du règne du roi Mohammed VI a vite laissé place à “une stratégie de resserrement de l'emprise de la monarchie” sur les institutions et la société. Gregory W. White affirme, à ce propos, que “bien que Mohammed VI ne semble pas poursuivre avec la même constance la stratégie politique dualiste de son père – i. e. une habile combinaison de pluralisme politique et d'arbitrage royal –, il ne s'oriente guère vers la poursuite d'une perestroïka de grande ampleur”. Larbi Sadiki évoque, pour sa part, le cas tunisien et note l'existence d'une “démocratie électorale”. Mais le spécialiste des questions de démocratie et de transition démocratique signale cependant l'éloignement de celle-ci des “critères de définition minimale de la démocratie”. La Tunisie, soutient-il, a modernisé son autoritarisme en introduisant une forme de pluralisme politique, mais sans remettre en cause l'hégémonie des élites gouvernantes. Cette dynamique de redéploiement de l'autoritarisme est attribuée, selon lui, à “la peur originelle” des dirigeants du néo-Destour de voir la nation tunisienne éclater. Et, c'est cette même peur qui va devenir, au cours des années, un prétexte pour “museler toute opposition sérieuse”. Cette dernière explication apparaît un peu courte, pour certains, pour justifier la pérennité de l'autoritarisme tunisien. Il est regrettable que M. Sadiki ne se soit pas appuyé sur l'abondante littérature de sciences politiques parue en français sur le régime politique tunisien. Les travaux de Michel Camau, de Vincent Geisser et de Béatrice Hibou donnent pourtant des clés pour la compréhension des “mécanismes de reproduction de l'autoritarisme” dans la Tunisie de Bourguiba, comme dans celle de Ben Ali. Finalement, le seul pays qui semble échapper quelque peu à la “force” de l'autoritarisme est la Mauritanie, tout au moins depuis deux ans. Le coup d'Etat de l'été 2005 a débouché sur la mise en place d'un “processus transitionnel” qui s'est achevé par des élections municipales, législatives et présidentielles pluralistes. Mohameden Ould-Mey signale qu'une attention doit être accordée aux défis qui attendent ce pays. Le professeur associé de géographie, géologie et anthropologie à Indiana States University estime en outre que la Mauritanie doit à la fois “renforcer sa cohésion sociétale”, “stabiliser son régime politique” et “lutter contre la pauvreté”, en sachant gérer, dans le même temps, sa relation avec les Etats-Unis et Israël, pour ne pas susciter l'hostilité des Mauritaniens à l'égard d'une politique étrangère perçue comme “trop alignée sur l'Occident”.
L'approche de l'Algérie a été faite par Ahmed Aghrout. Paradoxalement, elle apparaît comme la plus faible analyse dans cette partie et se présente seulement comme une chronique politique et économique événementielle de l'Algérie des années 1990 et 2000. Il est reproché au spécialiste des politiques nord-africaines et des relations euro-maghrébines de n'avoir pas abordé “le rôle joué par l'armée et la sécurité militaire dans la reproduction du régime autoritaire algérien”. Dans la seconde partie, une étude des principales réformes économiques accomplies dans les pays maghrébins est présentée, sous la plume de Gonzalo Escribano et d'Alejandro V. Lorca.
De son côté, Michaël Collyer, connaisseur des questions de réfugiés et de politique géographique, décrit le Maghreb comme un espace de transit des migrations subsahariennes. Dans son article sur les dynamiques migratoires en Méditerranée, l'auteur égratigne l'Union européenne, en montrant que l'externalisation de ses politiques de contrôle des migrations dans le périmètre méditerranéen a favorisé la pérennisation de la migration de transit. Ce constat est appuyé par celui de Miguel Hernando de Larramendi, spécialiste des politiques maghrébines, qui avertit sur la faiblesse d'intégration économique et politique du Maghreb, une région qui se trouve dans “une situation de relative faiblesse à l'égard de l'Union européenne”. Notons que la deuxième partie aborde aussi les questions sociétales communes à la région. L'universitaire Louisa Dris-Aït Hammadouche se penche en effet sur “la place de la femme dans les sociétés du sud de la Méditerranée occidentale”, alors que Michael J. Wilis s'invite, lui, dans la question de la construction politique de “l'identité berbère”, en Algérie et au Maroc. La dernière partie semble toute désignée pour aider à comprendre l'échec de la création d'un ensemble régional maghrébin. La marche vers la construction de l'Etat national a provoqué un fort attachement des gouvernants au respect de la souveraineté et de l'intégrité territoriale, au point de constituer “un obstacle” à la mise en œuvre d'un système multilatéral de sécurité. C'est du moins ce que déclare Chérif Driss. S'agissant des relations internationales, le bilatéralisme, lit-on, est la règle au Maghreb. Pour preuve, le Maghreb est toujours dans l'incapacité de parler d'une seule voix, même si les différents Etats essaient de tirer profit de la rivalité entre les Etats-Unis, la France et l'Union européenne, notamment depuis le début du XXIe siècle. Pour Yahia Zoubir – expert dans les relations internationales qui prépare actuellement un livre sur la politique américaine en Afrique du Nord –, “si les relations bilatérales entre les Etats-Unis et les dirigeants des pays du Maghreb sont excellentes, les populations n'hésitent pas à afficher leur antiaméricanisme”. Par ailleurs, la soi-disant promotion de la démocratie dans le monde arabe, initiée par la première puissance mondiale, est carrément assimilée à “un soutien aux régimes autoritaires discrédités” par les ressortissants des différents pays. Dans cette optique, la politique américaine risque de déboucher sur des résultats inverses à ceux souhaités “en alimentant en nouvelles recrues les mouvements islamistes radicaux”. Mais, à court terme, prévient Clément
M. Henry, les Etats autoritaires se présentent comme les grands bénéficiaires de la “guerre mondiale contre le terrorisme”. Pour ce spécialiste des politiques comparatives en Afrique du Nord et au Moyen-Orient, les Etats-Unis, en apportant leur assistance financière, technique et militaire aux différents régimes, renforcent la capacité coercitive des Etats du Maghreb, qui ont retiré une “rente stratégique” de la restructuration des relations internationales après le 11 septembre 2001.
Dans le registre de l'Union européenne, Georges Joffé précise que celle-ci, à travers le partenariat euro-méditerranéen et la politique de voisinage, n'a pas changé fondamentalement la nouvelle donne. Le rôle de la France n'est pas pour le moins ignoré ; bien au contraire, ce pays, surtout depuis 2002, tente d'empêcher les instances européennes de critiquer trop sévèrement le non-respect des droits de l'homme et le manque de démocratie au Maghreb, particulièrement au Maroc. Pour le chercheur Jean-François Daguzan, l'Elysée conduit une politique qui tend à préserver les liens particuliers tissés avec le Maghreb depuis les indépendances. Dans le même temps, la France veut cependant être la cheville ouvrière de politiques multilatérales, que cela soit dans le cadre du groupe 5 + 5 ou du partenariat euro-méditerranéen. L'autre approche concerne la politique étrangère espagnole à l'égard du Maghreb, qui se distingue de celle de la France. Le chercheur Haizam Amirah-Fernandez relève que, pour des raisons historiques, le Maroc y tient une place très particulière, en attestant que la contestation, par le Maroc, de la souveraineté de l'Espagne sur les enclaves de Ceuta et Melilla, et la question des migrations sont au cœur des “rapports entre les deux pays”. En revanche, les relations algéro-espagnoles ne sont pas très denses : elles se limitent surtout à la sphère commerciale, puisque l'Algérie reste le principal fournisseur de gaz de l'Espagne.
Saluons l'ouvrage dirigé par Yahia Zoubir et Haiman Amirah Fernandez, un livre écrit en anglais et dont la lecture permet de mieux comprendre la façon dont se combine les différents niveaux d'analyse, tant national, régional, qu'international. Et, au cœur de cet emboîtement s'abrite le caractère autoritaire des régimes politiques de la région, dont résultent et la faiblesse de l'intégration régionale et le type d'insertion du Maghreb sur la scène mondiale.
Hafida Ameyar
*Yahia H. Zoubir et Haizam Amirah-Fernandez, North Africa : Politics, Region and the limits of Transformation, Londres et New York, Routledge 2008, 394 pages.


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