L'Algérie aura à importer une quantité accrue de céréales pour cette année. Cette importation est liée à une importante baisse de la production céréalière pour la campagne 2008. “Le bilan provisoire de la production céréalière pour la campagne 2008 a enregistré une nette baisse en s'établissant, jusqu'au 10 août en cours, à 17 millions de quintaux.” C'est le directeur de la régulation auprès du ministère de l'Agriculture et du Développement rural, Amar Assabah, qui l'a annoncé hier lors d'un point de presse organisé à l'issue de la réunion du ministre de l'Agriculture avec les présidents des coopératives des céréales et légumes secs (CCLS). Le bilan définitif de la production céréalière devrait atteindre les 21 millions de quintaux à la fin de cette campagne, contre 41 millions de quintaux récoltés en 2007, précisera encore le responsable au ministère de l'Agriculture. Interrogé sur les raisons de cette baisse de la production céréalière, Essabah l'imputera aux conditions climatiques. “Cette importante baisse est due essentiellement aux insuffisances pluviométriques, notamment dans la région de l'ouest du pays où plus de 1,7 million d'hectares ont été affectés par la sécheresse.” Comment combler le déficit de la production céréalière ? Elle sera comblée à travers l'importation qui sera calculée sur la quantité céréalière consommée annuellement. “Pour savoir combien nous allons importer de céréales, il faut se référer à la quantité produite ainsi qu'à la quantité de céréales consommée annuellement qui est de l'ordre de 60 à 80 millions de quintaux”, expliquera le responsable. Sur ce dossier de la production céréalière, le ministère de l'Agriculture et du Développement rural, Rachid Benaïssa, n'a pas manqué de hausser le ton à l'endroit des présidents des coopératives des céréales et légumes secs (CCLS) qu'il a réunis au siège de son ministère à Alger. “Vous devez fournir des efforts pour doubler, voire tripler votre production céréalière”, a-t-il expliqué aux participants représentant les quarante-huit wilayas. “Il faut une prise de conscience collective que la sécurité alimentaire est une question de souveraineté nationale”, indiquera-t-il encore avant de noter : “Nous voulons une mobilisation générale et les coopératives ont un rôle important à jouer dans la mise en œuvre de la politique de renouveau de l'économie agricole et rurale. Vous êtes les fers de lance de cette nouvelle vision.” “Il ne faut pas oublier que ce sont l'agriculteur et l'éleveur qui sont les créateurs de richesses, il est donc impératif que les coopérative se mobilisent pour libérer les initiatives”, expliquera le ministre de l'Agriculture dans un langage qui ne souffre d'aucune ambiguïté. Et au ministre de lancer un avertissement aux participants : “La coopérative qui fuit les agriculteurs n'est pas une coopérative, une coopérative qui est contre les agriculteurs n'est pas une coopérative ! C'est quelque chose qu'on n'acceptera pas !”, note le membre du gouvernement Ouyahia avant de préciser que “cette nouvelle vision ne doit pas être l'otage de bavardage et de racontars, vous devez vous entendre sur l'essentiel qui est celui de la sécurité alimentaire et sortir définitivement des débats vaseux”. Pour le ministre, les animateurs des coopératives des céréales et légumes secs disposent de l'ensemble des moyens pour satisfaire les objectifs fixés par le gouvernement et apporter les aides nécessaires aux agriculteurs. “Je suis bien placé pour connaître vos capacités et vos aptitudes, vous disposez d'un potentiel et vous avez tous les moyens à votre disposition y compris financiers”, note-t-il avant d'enchaîner : “Je rendrai la considération aux coopératives, mais cette considération ne sera possible que si les responsables des coopératives sont convaincus que la sécurité alimentaire est l'enjeu principal.” Et de revenir à la charge : “Quand on dit que la sécurité alimentaire est une question de souveraineté nationale, ce n'est pas un discours creux ou de circonstance, même avec votre argent vous ne pourrez pas acheter les produits.” “Descendez donc sur le terrain pour voir les choses, mobilisez et aidez les agriculteurs”. Quoiqu'il en soit, le ministre de l'Agriculture bouscule les responsables des coopératives des céréales et des légumes secs et les attend au tournant en leur disant que “votre évaluation fera sur le terrain”. NADIA MELLAL
