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Le livre de maturité de Sami Tchak
Publié dans La Nouvelle République le 08 - 05 - 2011

Avec son nouveau roman, Al Capone le Malien, le Togolais Sami Tchak livre un portrait de l'Afrique contemporaine où le clinquant et les faux-semblants de la modernité font oublier les valeurs qui ont fait jadis la splendeur du continent noir. Un récit allégorique du déclin et de la métamorphose de l'Afrique immémoriale des Soundjata Keita et des Kankan Moussa.
De Sami Tchak, Alain Mabanckou a écrit qu'il était le romancier « le plus hardi, le plus iconoclaste de la littérature subsaharienne francophone contemporaine ». Une réputation confirmée par le nouvel opus du Togolais où, à travers les péripéties et les rebondissements d'une histoire qui mêle étroitement le sociologique et l'onirique à l'instar de cette littérature latino-américaine que l'auteur aime tant, émerge un récit moderne de quête et d'affirmation identitaire. Al Capone le Malien est le livre de maturité d'un romancier au sommet de son art, un art où la hardiesse de l'imagination narrative est portée par l'érudition et le sens consommé du ludique. Le septième roman sous la signature de Sami Tchak met en scène une Afrique enracinée dans une histoire plus que millénaire. Une histoire qu'incarne le personnage principal du livre, Namane Kouyaté, à la fois le héros et l'héraut d'une réalité africaine complexe, partagée entre le passé et le présent. Ancien diplomate, professeur, l'homme se définit d'abord comme héritier des Kouyaté dont les débuts remontent à l'époque de Soundjata Keïta, fondateur de l'Empire du Mali (13e siècle). Les Kouyaté sont les griots des Keïta. A ce titre, ils ont aussi la garde exclusive du « Sosso bala », balafon magique de Soundjata et secret de son invulnérabilité. Sur ce fonds historique, Sami Tchak a greffé un roman qui raconte les heurs et malheurs de l'Afrique moderne, vue à travers les yeux d'un narrateur européen, naïf et peu fiable. Le narrateur est un journaliste français Ce narrateur est un journaliste français, dépêché par un magazine parisien à Niagassola, en Guinée, pour réaliser un reportage sur le balafon sacré des Mandingues. Inscrit par l'Unesco au patrimoine immatériel de l'humanité, l'instrument est un objet de curiosité touristique et anthropologique. René Chérin et son photographe sont reçus par Namane Kouyaté et sa famille, qui promettent de les emmener voir le balafon sacré dans son sanctuaire. Or la rencontre des Français et des hiérarques mandingues, gardiens de la tradition, est semée d'incompréhension et de mystères. Le mystère s'épaissit lorsque entrent en scène de nouveaux personnages, issus des bas-fonds de l'Afrique contemporaine : un faux prince camerounais et son cortège d'escrocs, de malfrats et de prostitués. Fasciné par ces derniers, le jeune narrateur va les suivre jusqu'aux bords du Djoliba où le faux prince, qui se fait appeler Al Capone le Malien, a bâti son royaume. Là, coulent à flots l'argent sale, le champagne et le sexe. Mille séductions qui finissent par submerger René Chérin qui ne sait plus lequel des deux, le monde du balafon magique ou le monde clinquant révélé par le prétendu prince, représente la véritable Afrique ! Le récit se termine sur cette interrogation qui laisse penser que le romancier n'a peut-être pas dit son dernier mot sur les aventures de René Chérin au cœur du continent noir. Al Capone le Malien se lit comme une fable moderne, qui n'est pas sans rappeler les contes initiatiques d'Amadou Hampâté Bâ où se déploient, derrière les péripéties narratives, des interrogations fondamentales sur le Bien et le Mal, la vérité et le mensonge, incarnés dans le récit de Sami Tchak par les deux personnages centraux que sont Namane et l'escroc Al Capone. Deux visages d'un continent en train de se réinventer. A travers la quête de René Chérin, Sami Tchak parvient à brosser le portrait d'une Afrique contemporaine tiraillée entre les faux-semblants de la modernité et le besoin d'enracinement dans un passé immémorial, trop souvent réduit au folklore et aux traditions. Ce nouveau roman de l'auteur togolais est très différent de ses précédents récits - Place des Fêtes, Hermina ou Filles de Mexico, pour ne citer que ceux-là -, qui exploraient la diaspora africaine en France, le monde latino-américain. Sami Tchak revient à ses sources africaines Avec ce nouveau roman dont l'action se déroule entre la Guinée et le Mali, Sami Tchak revient à ses sources africaines, bien que, comme il l'a dit dans un long entretien paru sur le site de Cultures Sud, « des références à des pays africains parsèment mes « romans latinos », [que] cette Afrique dans sa diversité insaisissable (…) projette son ombre dans mes textes ». Tout en évoquant plus directement l'Afrique, Al Capone le Malien s'inscrit dans une esthétique de réalisme et de vraisemblance, devenue la marque de fabrique de l'art narratif du Togolais. Sociologue de formation, auteur d'essais, ce romancier puise constamment dans l'histoire africaine, mais aussi dans les travaux anthropologiques, des matériaux qui donnent sens à sa narration. L'histoire d'Al Capone le Malien ne déroge guère à la règle. Ce roman qui est riche en références historiques (heurs et malheurs du royaume mandingue) d'une part et s'appuie d'autre part sur les travaux des sociologues sur le phénomène de l'escroquerie internationale (une des thématiques majeures de ce roman), est dans le prolongement direct d'une œuvre qui s'emploie à capter le réel dans toute son épaisseur, à la manière d'un Zola ou d'un Céline. L'originalité du Togolais est d'en avoir confié la narration à des protagonistes comme René Chérin. Un Tintin postcolonial, celui-ci appartient à cette famille de narrateurs voyageurs qui hantent les récits de Sami Tchak et font de leur naïveté et de leur passivité la grille de lecture la plus éloquente des univers à la fois familiers et étranges qu'ils explorent. T.C. Al Capone le Malien, par Sami Tchak. Mercure de France, 2011.

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