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Une anticonformiste réhabilitée
Publié dans La Nouvelle République le 27 - 09 - 2011

«Je ne suis qu'une originale, une rêveuse qui veut vivre loin du monde, vivre la vie libre et nomade pour essayer ensuite de dire ce qu'elle a vu et peut-être de communiquer à quelques-uns le frisson mélancolique et charmé qu'elle ressent en face des splendeurs tristes du Sahara.»Isabelle Eberhardt
Isabelle était ainsi, à la fois, rebelle et rêveuse, assoiffée d'écriture et d'élans de liberté. L'esprit affranchi, rien ne l'arrêtait dans sa quête de vérité et de découvertes. Isabelle Eberhardt a vécu vingt-sept années d'anticonformisme, c'est pourquoi ses pairs se sont abstenus de lui accorder cette reconnaissance littéraire à laquelle elle aspirait tant de son vivant. Bien après sa mort, sa mémoire et son talent seront enfin réhabilités. Une naissance aux origines controversées Isabelle Eberhardt a vu le jour à Genève le 17 février 1877 à la villa Fendt, dans le quartier des Grottes. Dès le début, son identité est incertaine. Déclarée à sa naissance «enfant illégitime», elle est la fille de Nathalie Eberhardt et d'Alexandre Trophimowsky. La mère d'Isabelle était mariée au général Paul de Moerder dont elle avait trois enfants, lorsque le couple engage Alexandre Trophimowsky comme précepteur. Philosophe, érudit et polyglotte, il parle le turc, l'arabe et l'allemand aussi bien que le russe. Très séduisant, Nathalie tombe sous le charme. Elle quitte son mari et s'enfuit avec Trophimowsky. Les raisons de leur fuite ne sont pas claires et sembleraient être plus politiques que simple fuite d'amoureux. Désespéré, Paul de Moerder meurt un an plus tard, laissant à son épouse une fortune considérable. Les années suivantes, Nathalie, Alexandre Trophimowsky et les enfants voyagent à travers l'Europe. De temps en temps, Alexandre effectue des séjours en Russie et gère de son mieux les biens de sa compagne. Lors d'une de ces absences, Nathalie donne naissance à une fille : Isabelle. Trophimowsky ne reconnaît pas l'enfant. Elle portera alors le nom de sa mère. La naissance d'Isabelle Eberhardt a donné lieu à beaucoup de spéculations, certains attribuant la paternité à Arthur Rimbaud auquel elle est souvent comparée ! L'éducation marginale d'Isabelle Désireux de préserver leurs enfants et de ne pas susciter la désapprobation sur leur liaison peu conformiste, le couple décide de rester en Suisse après la naissance d'Isabelle. Trophimowsky donne à Isabelle une éducation anarchiste, tout comme lui. Il lui enseigne la philosophie, l'histoire, la géographie, la chimie et un peu de médecine. Il lui apprend aussi les langues qu'il parle : le grec et le latin, le turc et l'arabe, l'allemand, l'italien et, bien sûr, le russe qu'il continue de parler. Nathalie et les enfants, en bons aristocrates, parlent le français. Isabelle lit beaucoup. Ainsi, elle vit hors de toute contrainte sociale. A la découverte des terres d'Algérie Alors qu'elle n'a que vingt ans, Isabelle quitte Genève pour les côtes algériennes. Elle découvre un pays, une culture et l'islam qui vont l'imprégner totalement. Pendant une grande partie de son existence, elle mène une vie de nomade en Afrique du Nord. Prenant plusieurs identités, c'est déguisée en Mahmoud Saâdi qu'elle aura la possibilité d'entrer dans tous les lieux où les femmes ne sont pas admises, ce qui facilite aussi son travail de journaliste. Isabelle finit par se convertir à l'islam. En raison de cette existence peu conventionnelle, elle finit par éveiller la suspicion de certains colons français qui se mettent à la surveiller. Isabelle continue à vivre sa vie d'exploratrice et, à El Oued, elle rencontre enfin l'amour de sa vie en la personne de Slimène Ehnni, un soldat des corps de cavalerie indigène de l'armée française en Afrique du Nord. L'acharnement contre elle ne s'arrête pas pour autant. Bien au contraire, en janvier 1901, elle est victime d'une tentative d'assassinat à Béhina, probablement à cause de sa liaison avec un indigène. Effectivement, son mariage avec Slimène est refusé par l'armée française. Quelques mois plus tard, les autorités françaises la contraignent à quitter l'Algérie. Elle arrive à Marseille sous un faux nom. Isabelle Eberhardt est ensuite convoquée à Constantine en qualité de victime et témoin dans le procès qui devait s'ouvrir le 18 juin 1901 suite à la tentative d'assassinat dont elle a été victime. Elle rédige une lettre dans un quotidien d'Alger donnant sa version des faits. Le coupable est finalement condamné et Isabelle bannie d'Algérie, estimant que son mode de vie et ses déguisements étaient des facteurs de troubles. Le 17 octobre de la même année, elle obtient enfin l'autorisation d'épouser civilement Slimène à Marseille. Ils reviennent en Algérie le 14 janvier 1902. Isabelle Eberhardt, toujours aussi éprise d'évasion, reprend ses échappées dans le désert. Rencontre avec Victor Barrucand De retour à la capitale, Victor Barrucand lui offre un poste d'envoyée spéciale pour le journal Akhbar. Elle collabore aussi avec Luce Denaben, directrice de l'école-ouvroir des filles musulmanes d'Alger. Pour la première fois de sa vie, Isabelle Eberhardt peut véritablement vivre du journalisme. Slimène, lui, obtient un poste d'interprète. Isabelle se rapproche également d'un groupe d'écrivains éditant une revue littéraire «La Grande France». La soif des grands espaces la reprend. Elle repart, de plus en plus longtemps, à travers les immensités du Sahara. Ses périples sont publiés régulièrement dans «L'Akhbar» où elle tient une colonne. Dans ses nouvelles, si riches en couleurs et atmosphères, Isabelle Eberhardt n'hésite pas à défendre les fellahs et à s'élever contre la colonisation. En 1903, elle se rend à Aïn Sefra où un conflit de frontière fait rage entre le Maroc et l'Algérie. Elle officiera comme reporter de guerre, sans doute une première pour une femme. Ses articles et analyses politiques étaient prisés par de nombreux journaux dont le «Mercure de France». Elle se lia d'amitié avec le colonel Lyautey, futur Maréchal de France. Le 21 octobre 1904, Slimène, en permission, la rejoignit à Aïn Sefra. Ce jour fut le dernier d'Isabelle Eberhardt. La ville d'Aïn Sefra fut, en effet, le théâtre d'une catastrophe naturelle. L'oued se transforma en torrent furieux et la ville fut emportée. Slimène fut retrouvé vivant, mais Isabelle, affaiblie par le paludisme, n'avait pas pu fuir. On la retrouva dans les ruines de sa maison, vêtue de son habit de cavalier arabe. Isabelle fut enterrée au cimetière musulman. On retrouva ensuite le manuscrit de «Sud oranais» que Barrucand fit publier un an plus tard. Emportée à l'âge de 27 ans, Isabelle Eberhardt laisse des nouvelles et des récits de voyage rédigés au cours de sa vie romanesque. Une œuvre inspirée par la vie dans le désert A son actif, Isabelle Eberhardt a un grand nombre de nouvelles, un roman inachevé, des articles, des récits de voyage et sa correspondance qu'elle considérait comme une partie de son œuvre. Le désert la fascine et elle adopte une vie errante. Elle devient un étonnant témoin de la réalité algérienne. Son œuvre d'écrivain comporte de nombreux articles, nouvelles, récits, romans, centrés sur l'islam. Dans son approche du Maghreb, elle rompt complètement avec l'orientalisme et le pittoresque des écrits d'alors. Sous tous ses aspects, la quête imprègne toute la vie et l'œuvre de cette femme hors du commun.

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