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Massacres de Sétif, Guelma et Kherrata
Publié dans La Nouvelle République le 05 - 05 - 2012

Un défilé est organisé pour fêter la fin des hostilités et la victoire des Alliés sur les forces de l'Axe. Les partis nationalistes algériens, profitant de l'audience particulière donnée à cette journée, décident par des manifestations pacifiques de rappeler leurs revendications patriotiques. Mais à Sétif un policier tire sur un jeune scout, Bouzid Saâl, jeune musulman de 26 ans, qui tenait un drapeau de l'Algérie et qui tomba sur le coup. A la constatation de sa mort se déclenche une émeute des manifestants avant que l'armée française n'intervienne. C'est ce qui va donner lieu aux massacres de Sétif, Guelma et Kherrata, répressions sanglantes d'émeutes nationalistes dans le département de Constantine, en Algérie, «française à l'époque».
Il faut dire que durant la Seconde Guerre mondiale, l'autorité de la France sur ses colonies a été remise en cause par les nationalistes algériens mais aussi par les puissances mondiales qui savaient combien l'Afrique du Nord était une région stratégique pour le futur de la nouvelle géostratégie. L'Algérie, ayant été déjà divisée en trois parties au moment où Paris était elle-même sous l'autorité allemande, il va de soi que les Alliés auraient voulu qu'elle soit encore divisée entre eux. Il y aura parmi les Européens plus d'une centaine de morts et autant de blessés. Le nombre des victimes autochtones, difficile à établir, est encore sujet à débat ; les autorités françaises de l'époque fixèrent le nombre de tués à 1 165, un rapport des services secrets américains à Alger en 1945 notait 17 000 morts et 20 000 blessés. Le gouvernement Algérien, quant à lui, avance le nombre de 45.000 morts et l'appel de l'ALN (1954) fait état, lui, de 40 000 morts. Commémoré chaque année en Algérie, cet événement «a servi de référence et de répétition générale à l'insurrection victorieuse de 1954». La révolution pétainiste française avait renforcé en Algérie entre octobre 1940 et novembre 1941 les partisans d'un ordre colonial brutal sous les ordres du général Weygand. Mais, avec le débarquement américain en novembre 1942, les conditions politiques changent. L'entrée en guerre de l'Afrique du Nord aux côtés des Alliés qui se préparent se traduit par une importante mobilisation : 168 000 Français d'Afrique du Nord sont mobilisés, soit 20 classes. Pour la première fois est appliquée la conscription aux indigènes autochtones qui jusqu'alors en étaient dispensés, ce qui a conduit plus de 150.000 d'entre eux sous le drapeau Français. Alors que Messali Hadj, chef du principal mouvement nationaliste algérien, le Parti du peuple algérien (PPA, interdit), reste emprisonné. Ferhat Abbas, dirigeant des Amis du Manifeste et de la liberté, demande que les musulmans qui s'apprêtent à entrer en guerre soient assurés de ne pas rester «privés des droits et des libertés essentielles dont jouissent les autres habitants de ce pays. » Le 7 mars 1944, le Comité français de la libération nationale (CFLN) adopte une ordonnance attribuant d'office la citoyenneté française, sans modification de leur statut civil, religieux, à tous les indigènes disposant de décorations militaires et de divers diplômes tels que le certificat d'études... En 1945, environ 62.000 combattants en bénéficient, ce qui suscite diverses oppositions dans certains milieux européens en Algérie. Les dirigeants nationalistes algériens espèrent alors beaucoup de la première réunion de l'Organisation des Nations unies à San Francisco le 29 avril 1945. Au printemps 1945, l'ambiance est tendue parmi la population européenne où circulent des bruits alarmistes prédisant un soulèvement musulman. D'autant que l'Algérie connaît depuis quelques mois une situation alimentaire catastrophique, résultat de l'absence de presque tous les hommes valides. Messali Hadj, déporté à Brazzaville le 23 avril 1945, son parti, le PPA, organise le 1er mai dans tout le pays des manifestations qui se veulent pacifiques et sans armes et où, pour la première fois, est brandi un drapeau algérien. Les manifestations se passent dans le calme sauf à Alger et Oran où ont lieu des affrontements avec la police ; la répression est brutale et fait plusieurs morts, deux à Alger et un à Oran. Quelques jours plus tard, c'est l'annonce de la reddition allemande et la fin de la guerre : des manifestations sont prévues un peu partout pour le 8 mai. A Sétif, la manifestation séparée des manifestations officielles, est autorisée à condition qu'elle n'ait pas de caractère politique : «Aucune bannière ou autre symbole revendicatif, aucun drapeau autre que celui de la France ne doit être déployé. Les slogans antifrançais ne doivent pas être scandés. Aucune arme, ni bâton, ni couteau ne sont admis». Cette manifestation commence à envahir les rues dès 8 heures. Plus de 10.000 personnes, chantant l'hymne nationaliste Min djibalina (De nos montagnes) défilent avec des drapeaux des pays alliés vainqueurs et des pancartes «Libérez Messali», «Nous voulons être vos égaux» ou «A bas le colonialisme». Vers 8h45 les manifestants surgissent des pancartes «Vive l'Algérie libre et indépendante» et en tête de la manifestation Aïssa Cheraga, chef d'une patrouille de scouts musulmans, arbore le drapeau algérien. Tout dérape alors : devant le café de France, avenue Georges Clemenceau, le commissaire Olivieri tente de s'emparer du drapeau, mais il est jeté à terre. Des Européens en marge de la manifestation assistant à la scène se précipitent dans la foule. Les porteurs de banderoles et du drapeau refusent de céder aux injonctions des policiers. Des tirs sont échangés entre policiers et manifestants. C'est alors qu'un jeune homme de 26 ans, Bouzid Saâl, est abattu par un policier. Immédiatement, des tirs provenant de policiers provoquent la panique. Les manifestants en colère s'en prennent aux Français et font en quelques heures 28 morts chez les Européens, dont le maire qui a cherché à s'interposer, et 48 blessés. Il y aurait de 20 à 40 morts chez les indigènes et de 40 à 80 blessés. Mais, alors que l'émeute se calme à Sétif, dans le même temps, des émeutes éclatent aux cris du djihad dans la région montagneuse de la Petite Kabylie, dans les petits villages entre Béjaïa et Jijel. Des fermes européennes isolées et des maisons forestières sont attaquées et leurs occupants tués. Le mouvement s'étend rapidement et le soir même, à Guelma, une manifestation s'ébranle. Le sous-préfet Achiary, un ancien résistant, fait tirer sur les manifestants. On relève un mort et six blessés parmi les manifestants, 5 blessés dans le service d'ordre. Le cortège se disperse. Le sous-préfet dispose de trois compagnies de tirailleurs en formation, tous des musulmans. Il consigne la troupe et fait mettre les armes sous clés. Un bataillon d'infanterie de Sidi-Bel-Abbès, convoyé par des avions prêtés par les Américains, arrive le 9 dans la journée pour évacuer des petits villages d'Européens qui sont encerclés par les émeutiers. Le témoignage de M. Lavie, minotier à Héliopolis, est instructif sur l'état de panique des Européens : «Dès la fin du méchoui du 8 mai, je décide de transformer le moulin neuf pour abriter la population d'Héliopolis et tous les colons des environs que j'ai pu joindre. Au cour de l'après-midi, je fais construire un réseau de barbelés long de 300 mètres, électrifié sous 3000 volts et alimenté par le groupe électrogène de la minoterie. Meurtrières percées dans les murs d'entrée, portes obstruées par des herses renversées sur six mètres de profondeur et défendues par des feux croisés. La population protégée a vécu dans ces conditions pendant un mois jusqu'à ce que l'ordre soit rétabli». Des émeutes identiques ont lieu dans plusieurs autres villages au nord de Sétif, Kherrata, Amouchas, Chevreul, Périgot-Ville, El Ouricia et Sillègue, où des européens sont assassinés. L'armée française exécute 47 indigènes algériens d'Amoucha, le lieu où un siècle plus tôt le général Sillègue avait combattu le dernier Bey de Constantine. Par un télégramme daté du 11 mai 1945, le général De Gaulle, chef du gouvernement français provisoire, ordonne l'intervention de l'armée sous le commandement du général Duval, qui mène une répression violente contre la population indigène. La marine y participe avec son artillerie et son aviation. Le général Duval rassemble toutes les troupes disponibles, soit deux mille hommes. Ces troupes viennent de la Légion étrangère, des tabors marocains qui se trouvaient à Oran en passe d'être démobilisés et qui protestent contre cette augmentation de service imprévue, une compagnie de réserve de tirailleurs sénégalais d'Oran, des spahis de Tunis et les tirailleurs algériens en garnison à Sétif, Kherrata et à Guelma. La vitesse et l'efficacité avec laquelle le dispositif militaire à réagi peut laisser croire que l'armée n'attendait que cela pour donner une leçon aux indigènes, à tous ceux qui pouvaient être tentés de croire que l'Algérie échappait à l'emprise de la France. L'armée française voulait démontrer aux superpuissances qu'elle pouvait gérer ses colonies, qu'elle n'entendait pas partager avec qui que ce soit. La répression menée par l'armée et la milice de Guelma est d'une incroyable violence : exécutions sommaires, massacres de civils, bombardements de mechtas. Le croiseur Duguay-Trouin et le contre-torpilleur Le Triomphant tirent plus de 800 coups de canon depuis la rade de Béjaïa sur la région de Sétif. L'aviation bombarde et rase plus ou moins complètement plusieurs agglomérations kabyles. Une cinquantaine de mechtas sont incendiées. Les automitrailleuses font leur apparition dans les villages et tirent à distance sur les populations. Les blindés sont relayés par les militaires arrivés en convois sur les lieux. Le sous-préfet André Achiary forme une milice de 200 personnes à Guelma et lui distribue toutes les armes disponibles, soit les 60 fusils de guerre qui équipaient les tirailleurs et se livre à une véritable chasse aux émeutiers. Pendant deux mois, l'est de l'Algérie connaît un déchaînement de folie meurtrière.

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